Chapitre 6.2 : Donne‑moi l'adresse

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Partie 2 : Donne-moi l'adresse

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Partie 2 : Donne-moi l'adresse

« Il faut qu'on parle. »

Sans m'en rendre compte, je me ronge les ongles en attendant la réponse de Liam. Je voulais lui parler en personne mais je ne l'ai pas vu de toute la fin de semaine. Je suis donc présentement assise sur mon lit, des paquets de gâteaux tout autour de moi, attendant patiemment. Je gribouille des petits dessins sur le calepin qu'il m'a donné puis je reprends mon téléphone. J'active ma playlist du vendredi soir. C'est avec All On My Mind, de Anderson East, résonnant dans ma chambre que je reçois enfin une réponse :

« J'aime pas quand les gens me disent ça. »

Je souris en lisant son message, je peux très bien l'imaginer soupirer et se gratter l'arrière du crâne en se demandant ce que je vais bien pouvoir lui reprocher.

J'hésite quelques secondes mais finis par lui envoyer mon message en poussant un petit cri ridicule. Quelle gamine je suis quand je lui parle...

« Je t'aime bien. »

« Ça tombe bien, moi aussi. »

Une vague de soulagement se déverse en moi. C'est un bon début.

« Tu sais, d'habitude, les gens qui s'aiment bien mutuellement, ils sortent deux, trois fois ensemble puis ils se mettent en couple... »

« C'est con qu'on ne soit pas comme d'habitude, alors... »

Mais... C'était bien parti, pourtant. Je ne sais pas trop quoi dire, maintenant. J'essaie d'appliquer les bons conseils de Julia, mais comment suis-je censée faire pour le pousser à bout ?

« Je pense qu'on devrait arrêter alors. On arrive toujours au même problème, de toute façon. : / »

« She kissed me, »

Je fronce les sourcils en lisant son message. Est-ce qu'il fait référence à mercredi matin ?

« Then she left me, »

Je comprends vite qu'il me répète les paroles de sa chanson.

« Liam ! »

Il faut qu'il arrête, sérieusement. Je perds le nord avec son âme d'artiste.

« Now she just wanna forget »

Je rêve ou il va me faire toute la chanson ?...

« Ça va, j'ai compris. »

Il semble ne pas se soucier de mon message et continue de m'envoyer sa chanson, alors je le laisse faire en soupirant.

« Why does it have to be so hard?

Why can't she just wanna have fun? »

Et puis, alors que je m'attendais à recevoir la suite, il cesse de m'écrire. Je n'ai rien à dire mais je veux que la discussion continue. Dans un élan de témérité et d'un brin d'étrangeté, j'envoie donc un émoticône :

«:) »

Je suis ravie de voir que ma technique marche à merveille lorsque je reçois une réponse plutôt enthousiasmante :

« On sort, ce soir ? »

J'attrape ma lèvre inférieure entre mes dents, j'ai vraiment envie de le voir mais je ne me sens pas du tout de faire la fête. Et puis j'ai envie qu'on ne soit que tous les deux.

« Je suis trop fatiguée pour faire la fête. »

« Je veux te voir ! Tu viens chez moi ? »

Et c'est sans grande surprise qu'un cri ravi et strident sort de ma bouche. Oh bordel, j'ai honte de moi-même.

« Donne-moi l'adresse, j'arrive ! »

Dès que j'ai reçu l'adresse, je l'entre dans le GPS de mon téléphone et descends au rez-de-chaussée.

— Moman, Papou, est-ce que je peux aller chez un ami ?

Mes parents se regardent avec une expression typique de parents qui se doutent que leur adolescente de fille va chez un garçon.

— Un ami ? C'est ton amoureux ? demande ma mère en faisant les gros yeux inquisiteurs.

Je soupire, ce qui fait rire mon père. J'aime ma famille, mais qu'est-ce qu'ils sont lourds, c'est une horreur.

— Non, ce n'est pas mon amoureux.

J'aimerais bien, mais cette information reste entre moi et moi-même.

— Oh, c'est le jeune homme qui est venu mercredi matin ?

— Oui, peut-être bien. Bon, je peux y aller ou pas ?

Mes parents font semblant de se concerter. On arrive à un summum de la lourdeur.

— Je t'accorde cette faveur, Lydia, mais tu nous appelles pour qu'on vienne te chercher – et pas trop tard, hein ? Déjà que j'ai du mal à regarder les trois épisodes de Grey's Anatomy sans m'endormir... finit par dire ma mère.

Malgré tout, je souris jusqu'aux oreilles.

— Merci, je vous aime, à tout à l'heure.

Le trajet se passe tranquillement. C'est quand le GPS m'annonce qu'il me reste cinq minutes de marche que je commence à stresser. J'ai atrocement envie de voir Liam mais en même temps je suis nerveuse à l'idée d'être seule avec lui. Il n'est pas du genre timide mais j'ai peur de n'avoir rien à lui dire et que la situation devienne gênante. C'est lorsque j'arrive devant un grand portail noir en fer forgé que mon appréhension est à son comble. Avant que je n'aie appuyé sur la sonnette, une vibration se fait sentir dans la poche arrière de mon jean. J'extirpe mon téléphone et déverrouille l'écran. C'est un message du master :

« Amuse-toi bien ce soir, Lydia »

Putain de merde.

J'écarquille les yeux. Comment sait-il que je vais chez Liam ? Il sait tout, c'est vrai, mais comment ? Il y a peut-être une puce dans mon téléphone, il a peut-être piraté mes réseaux sociaux. Peut-être même qu'il me suit. Ça commence à devenir vraiment angoissant, cette situation. Un frisson de peur me parcourt le corps. Suis-je la seule à qui il envoie de tels messages ? La possibilité qu'il ait installé des caméras dans ma chambre me traverse l'esprit mais je la repousse très loin.

Après une éternité à ruminer ainsi, j'appuie enfin sur la sonnette. Quelques secondes plus tard, le portail s'ouvre en grinçant, me laissant pénétrer dans le jardin de Liam. Je suis la grande allée de pierre bordée de cyprès en m'extasiant sur la beauté de la maison en face de moi. C'est un étonnant mélange entre un vieux château et une villa moderne. C'est très original et tout simplement magnifique. À la seconde où j'arrive devant la porte d'entrée en bois vernis, celle-ci s'ouvre sur un Liam un peu différent de d'habitude. Pas de bijoux, pas de vêtements de marque, juste un jogging gris et un tee-shirt blanc. Il porte même des lunettes de repos sur le nez. Il est mignon comme ça. Il me regarde de bas en haut puis sourit.

— Entre.

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Version éditée

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THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant