THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 1.3 : T'es plutôt canon !

Partie 3 : T'es plutôt canon !

Je reste bouche bée devant ce message. Je ne sais plus quoi penser, est-ce une bonne chose ? Une mauvaise ? Et ce sentiment qui m'étreint le cœur, est-ce de la joie, de l'excitation ou de l'appréhension ? Je me souviens de quelques gages donnés aux élus l'année dernière, certains étaient dangereux et d'autres un peu trop intimes – l'éventualité que ce soit un vieux pervers qui mène ce jeu me donne la nausée. Mais à présent que je suis sélectionnée, je n'ai plus vraiment le choix. Pourquoi suis-je si contradictoire ? Ne voyant pas mon nom la première fois, j'étais jalouse et maintenant que j'ai été choisie, je commence à le regretter.

Un message me sort de mes cogitations, il provient d'un numéro masqué :

« Chers élus, vous avez tous été nommés pour une raison particulière. Ne cherchez pas laquelle, vous le découvrirez bien assez tôt. Retrouvez-vous à 12 h 15 précises à côté de la fontaine du lycée, vous aurez d'autres instructions une fois là-bas. Master. »

Je relève la tête et regarde Julia qui me fixe d'un regard désemparé. Elle semble aussi perdue que moi.

— Lydia, tu es une élue ! me dit-elle comme si elle venait de comprendre ce que ça signifiait.

— Je suis une élue...

Ma respiration s'accélère d'un coup.

— Oh, putain ! m'exclamé-je.

Je détourne le regard des iris clairs de Julia. Au beau milieu de la cafétéria, je suis devenue le centre de l'attention. Tant de paires d'yeux sont rivées sur mon corps fragilisé par la tension. Des mêmes élèves qui, cinq secondes auparavant, m'ignoraient totalement. Pourtant, mon sentiment de gêne commence à s'amoindrir lorsque la fierté pointe le bout de son nez. Dans cet environnement concurrentiel qu'est le lycée, nous sommes tous invisibles, seuls quelques étudiants spéciaux parviennent à se démarquer.

Aujourd'hui, c'est moi qu'on remarque.

Je crois que j'aime ça.

— Tu veux qu'on sorte ? me demande Julia en fixant mon visage figé.

J'acquiesce d'un mouvement de tête. Tandis que nous sortons de la cafétéria, l'air du matin rafraîchit mes neurones en surchauffe.

— J'ai l'impression de rêver, finis-je par dire.

— Je comprends !

La sonnerie retentit. Julia me prend par la main et m'entraîne derrière elle. Je ne m'en rends pas compte tout de suite, probablement à cause des milliers de cellules qui s'échauffent dans mon esprit, mais je n'ai plus besoin de me frayer un chemin entre les nombreux élèves. Je lève les yeux et scanne le couloir de droite à gauche. Ils me laissent tous passer. Chacun de ces ados se sent tout d'un coup inférieur à moi. Le problème, c'est que je ne me sens en rien supérieure à eux, du moins pas encore – j'étais eux il y a seulement quelques minutes.