THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 3.2 : Sale Caractère

Partie 2 : Sale Caractère

Julia, me regarde de ses yeux tristes, son éternelle tasse de thé mûre-myrtille à la main.

— J'aurais aimé faire ça avec toi, dit-elle, déçue.

J'aurais aussi aimé qu'elle fasse le gage avec moi, mais le sort en a décidé autrement. Et je crois également que ça me fait du bien de côtoyer d'autres personnes. J'ai de nombreux amis au lycée, mais ils sont tous en commun avec Julia. Je suis tout le temps avec elle, jusqu'à ne plus vraiment savoir qui je suis seule. Ma meilleure amie est trop lumineuse, je me sens terne à côté d'elle parfois. Cette opportunité me permet de me découvrir en présence d'autres gens, et c'est une expérience intéressante.

— Je te raconterai tout dans les moindres détails, je te promets.

Julia baisse ses yeux noisette.

— Mais ce n'est pas pareil, dit-elle avec une moue d'enfant triste.

Je lève les yeux au ciel, sachant qu'elle joue la comédie, et lui donne une petite tape sur l'épaule.

— Bon, je dois rentrer et bosser un peu avant ce soir. Je te laisse, beauté.

J'embrasse ma meilleure amie et me faufile jusqu'à la porte du café. Une petite brise m'accueille dans la rue. Le quartier, typiquement anglais, est chaleureux en fin d'après-midi. J'aime prendre mon temps pour rentrer.

De retour chez moi, je révise en vue de l'évaluation de mathématiques que j'ai le lendemain. Enfin, je fais semblant de réviser histoire de me donner bonne conscience car nous sommes en début d'année.

21 h 30, je suis en tenue sur mon balcon, attendant que la lumière de la chambre de mes parents s'éteigne. Lorsque c'est le cas, je sors mon portable et envoie un message à Megan :

« Je pars de chez moi, je serai là dans vingt minutes. »

Je ne tarde pas à recevoir une réponse :

« OK, à toute. »

Je range mon téléphone dans mon petit sac à dos et m'approche de la rambarde du balcon, je passe une jambe par-dessus, puis l'autre. Je m'accroupis afin d'attraper le bas du balcon puis lâche mes jambes. Au passage, je ne manque pas de me cogner le front contre le bois. Je lâche un petit cri étouffé, puis je détache mes mains du rebord et atterris sur la pelouse, encore mouillée de l'arrosage automatique. Je pose la main sur mon front, ce qui m'arrache un léger cri de douleur. Heureusement que j'ai mon bonnet, sinon je m'en serais tiré avec un beau bleu sur le front. Je grogne en me relevant, mes fesses sont trempées. Parfait.

Après avoir sorti mes écouteurs, je lance ma playlist « Légendes du rock » pour me mettre dans l'ambiance et entreprends le chemin jusqu'au lycée que je connais trop bien. Les rues résidentielles sont presque désertes à cette heure de la nuit.