THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 5.3 : Merde

Partie 3 : Merde

Liam fait un pas en arrière comme s'il voulait s'éloigner le plus possible de moi. Il me fait un signe de tête vers le piano, puis nous nous installons sur le petit banc. Lorsqu'il appuie sur la première touche, mon corps s'embrase. Une mèche de cheveux lui barre le visage mais cela n'a pas l'air de le déranger, il est trop concentré. Il prend une grande inspiration et ferme les yeux. C'est alors qu'il commence à chanter, et mon cœur s'envole.

— When the night is dark, I think about you.

When the sun is shining, all I see is you.

Les paroles sont celles que j'ai lues, et pourtant la chanson prend un sens différent sortie de ses lèvres.

— In my dreams you're the one that I love.

But when I wake up, you're just an escaping dove.

Un sens douloureux, j'ai mal en l'écoutant.

— Every day you hurt me.

But I keep loving you.

Every day you kill me.

But I keep, oh I keep,

I keep loving you.

Douloureux, mais beau. Je suis absolument envoûtée par ses mots, par sa mélodie, par son être tout entier.

— Alors ? demande-t-il.

Je me pince les lèvres pour réprimer le grand sourire qui menace d'envahir mon visage.

— C'était tout simplement magnifique.

Liam sourit à son tour et un petit rire sort de sa bouche.

— Merci, chuchote-t-il, touché.

Il passe sa jambe de l'autre côté du petit banc et je fais de même pour que nous soyons face à face. Un silence s'installe et je ne sais pas si c'est à moi de le briser.

Il m'embrouille l'esprit, lui et son romantisme. Je me remémore rapidement les événements de ces derniers jours. Notre premier baiser, son rejet, ma fuite, lui et Emma, notre discussion dans la maison abandonnée. Quel bordel...

Le regard brun de Liam se perd dans mes yeux, il m'appelle et m'attire. Sa langue caresse sa lèvre inférieure, et c'est le déclic. Je finis par sceller ses lèvres aux miennes, une seconde fois. Sans réfléchir aux conséquences de mes actions, je laisse nos bouches s'unir dans une mélodie aphrodisiaque. Sa langue caresse la mienne avec gourmandise. Liam m'attrape par les hanches et me rapproche de lui. Mes dents se cognent contre les siennes par cet acte. Tout est trop rapide, je n'arrive plus à réfléchir. À mon tour, je caresse sa lèvre inférieure, électrisée par le goût métallique de son piercing.

Mais encore une fois, Liam a un mouvement de recul. Oh non, non, non, non, il ne peut pas me rejeter une seconde fois.

Je suis consciente que je le regarde avec de grands yeux larmoyants. Des traces de mon encre à lèvres recouvrent sa bouche rosée. Ses doigts rejoignent sa lèvre et il grogne de douleur. Voyant que c'est à cause de son piercing qu'il s'est éloigné de moi, je suis soulagée. Jusqu'à ce que je me rende compte que je me suis jetée sur lui. Et maintenant ?

Je baisse rapidement les yeux alors que je sens le rouge me monter aux joues.

— Hum, il faut que j'y aille.

Je me lève rapidement, emporte mon sac et lance un dernier regard à Liam, qui affiche un demi-sourire gêné.

— Et merde, et merde, et merde.

Voilà les seuls mots que j'ai pu sortir de ma bouche durant tout le trajet jusqu'à chez moi. Qu'est-ce que j'ai fait encore ? La situation va être horriblement gênante. Il ne cherche même pas de relation, et moi... moi je suis incapable d'être en couple libre.

Enfin chez moi et lorsque j'ouvre la porte de ma salle de bains, je pousse un cri en voyant mon reflet. J'avais oublié que mes cheveux n'avaient pas la même couleur que d'habitude. Sans réfléchir plus que ça, j'entre sous l'eau bouillante de la douche et lève les yeux au ciel.

— Et merde !

Après une longue douche relaxante, je coupe l'eau et sors de la douche – ma salle de bains ressemble plus à un hammam qu'à autre chose. Mes muscles sont décontractés mais mon cerveau est toujours dans un sacré état. J'enfile un pyjama molletonné et retourne dans ma chambre, où je me recouvre de ma couette. Je reste dans cette position quelques secondes avant d'attraper mon téléphone, pour découvrir un nouveau message :

« Je te fais peur à ce point pour que tu me fuies comme ça ? »

Je n'ai pas besoin de lire le nom affiché au-dessus pour identifier l'expéditeur. Une sensation étrange traverse mon bas-ventre. Je n'arrive pas à discerner si elle est plaisante ou non.

« Désolée, c'est juste que j'avais besoin de réfléchir. »

La réponse ne tarde pas à arriver :

« Ta réflexion a donné quoi ? »

Je souris.

« Tu es toujours avec Emma ? »

Il met plus de temps à répondre cette fois.

« Je n'ai jamais été avec elle et je déteste quand on répond à mes questions par une autre question... »

Je lève les yeux au ciel.

« Ma réflexion n'a pas donné grand-chose, tu en penses quoi de notre situation, toi ? »

« Je pense qu'on n'a que 17 ans et que tu devrais arrêter de te prendre la tête. »

« Je vois, on veut clairement pas la même chose, tous les deux. »

Je m'en doutais...

« Clairement. »

« C'est le moment où on fait comme si rien ne s'était passé ? »

« Fais ce que tu veux, ça ne regarde que toi. Mais moi je n'oublierai rien. »

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Version éditée

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