Prologue.

573 66 15
                                    

Il y avait autant d'étoiles ce soir-là que de pensées traversant mon esprit. Soutenant mon regard sur un horizon pourpre, j'écoutais le chant nocturne du vent glacial, une douce brise froide ; celui des vagues qui s'écrasaient contre les rochers affleurants sous nos pieds nus.

Lola était assise à mes côtés. Sa jambe touchait la mienne avec délicatesse, comme si elle voulait que nos peaux se caressent et se rassurent. «Je suis avec toi », semblait-elle vouloir me dire. Mais je le savais déjà, je souriais simplement pour lui répondre. Ses petits yeux marron étaient semblables à des billes noires sous la lueur de la lune qui se dressait là-haut, entourée d'étoiles.

« Alors, tu en penses quoi ? » elle me sortit soudainement, d'un filet de voix mince qui me parut étrange après tant de silence. Son regard se perdait entre ses doigts, entre ses mains, ses ongles ; entre les détails qui ornaient nos alentours. Ils tournoyaient au milieu des falaises qui descendaient jusqu'à la mer pour se faire mordiller les pieds par des vagues capricieuses. Dans cet univers qui se dressait devant nous, ses yeux divaguaient.

«Ce que j'en pense?» je répétai. Il y avait dans cette question qu'elle venait de me poser un labyrinthe de réponses et d'autres réflexions à avoir. J'avais les mains et les ongles encore couverts de sang ; méditant, j'observais les gouttes rouges sèches qui s'étaient glissés entre les lignes de mes mains.

Je n'en savais rien. Voilà, c'était ça. Je ne savais pas.

Alors, dans un élan de courage, je fis part de mon incertitude à Lola. « Je ne sais pas » soupirais-je, et ma voix s'envola dans les airs et s'en alla avec les vagues. Je plongeai mon regard dans le sien qui brillait d'une lueur étrange. L'inspiration me vint, je soupirai avant d'ajouter : « Je n'ai jamais su ». Puis mes yeux se tournèrent vers une étoile qui brillait là-haut d'une lueur incandescente. Je ne sais pour quelle raison j'ai fixé ce petit point blanc particulièrement. Il me semblait que c'était mon devoir. A ce moment-là, je le compris.

Je compris soudainement que la vie n'était rien si nous n'avions aucune étoile à laquelle nous unir.

Oedipe reineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant