«La clarté blafarde des tubes de néons achève de leur donner des airs de malades ou de drogués».
Alain Robbe-Grillet
J'aimais les lumières multicolores qui brillaient dans la noirceur, j'aimais la musique qui entrait en moi. J'aimais cette sensation d'être complètement désinhibé par le son et le rythme, par l'ambiance. J'aimais cette liberté dont tant j'avais rêvé.
J'étais rentrée chez moi pour me préparer. J'avais ouvert mon placard, cherché dans les méandres de mes habits. Fouillant, creusant entre mes paires de chaussures et mes talons.
Je trouvai finalement une combinaison noire, classe et élégante. J'avais déposé un peu de mascara sur mes cils, pour faire scintiller mes yeux et mis une pointe de rouge à lèvres rosé pour faire briller ma bouche. Les boucles d'oreilles aux reflets colorés que j'avais enfilés allaient briller avec les néons de la fête.
Je croisai alors, en un moment d'égarement, mon reflet dans le miroir. L'incompréhension s'en pris à moi. Je me demandai encore pourquoi j'avais tant besoin de briller, pourquoi je voulais être en osmose avec les lumières. Etais-je vraiment moi, qui, derrière ce miroir, cherchait à éveiller dans mon visage les plus petits détails de ma beauté ? Je me demandais qui alors était capable de me rendre aussi jolie.
Soudain, mes pensées furent coupées par ma mère qui passa sa tête par l'entrebâillement de la porte de ma salle de bains.
« Que fais-tu ? »
Je sursautai, m'accrochant fermement au lavabo.
« Maman, tu m'as fait peur ».
A vrai dire, j'avais aussi été éprise d'une forte déception. Ma mère était toujours là, présente lors des moments les plus innoportuns. Je ne lui avais rien dit sur cette sortie nocturne, et je voulais attendre le dernier moment pour lui en parler.
« Où tu vas comme ça ? »
Sa question m'étonna encore plus. Je fronçai les sourcils.
« Je...Je vais à une fête. Chez un ami ».
Ma mère déglutit.
« Chez qui ?
-Tanguy.
-C'est qui lui ? »
Je commençais à perdre patience, de sorte que j'observais mon reflet dans le miroir une dernière fois et regardai l'heure. Il était dix-neuf heures trente-cinq. Soit, l'heure de partir.
« Maman, fais-moi confiance. C'est un ami à Lola. On va bien s'amuser, et puis...J'ai besoin de prendre l'air, d'accord ? J'ai besoin de...De décompresser ».
De m'amuser. De me sentir libérée. Simplement.
« Et tu me laisses seule ? »
Elle avait ponctué ses paroles d'un regard orné d'une lueur de déception de sa part. Ses yeux me parlaient, m'obligeant à me remettre en question. Devais-je culpabiliser ? Un frisson parcourut mon échine, une voix intérieure me proposa de rester à la maison, d'accompagner ma mère durant cette soirée. De laisser cette liberté de côté, cette envie de m'envoler, de danser, de m'égosiller, de sentir mon corps en harmonie avec la musique.

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Oedipe reine
RomansaHélène a toujours rêvé d'être quelqu'un d'autre, s'imaginant dans un corps étranger. Elle voudrait être cette silhouette qu'elle voit et observe autour d'elle, celle qu'elle aperçoit parfois dans ses rêves les plus profonds. Oui, Hélène voudrait êt...