Chapitre 11

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Plusieurs heures de marche passent.

- Regarde, il y a une route. Viens allons là-bas, la marche sera plus confortable, je propose.

Nous y allons donc sereinement. Nous commençons à marcher tranquillement.

- Quel âge à tu, Lili ?

- 16 ans et toi ?

- 17 ans, je crois. J'ai eu ou j'aurai 18 le 30 août, je ne sais pas quel jour nous sommes.

- Il me semble que nous sommes le 28, tu as encore 17 ans.

- J'ai envie de fumer.

- C'est pathétique. Pourquoi fais tu cela ? Tous les discours sur le danger du tabac ne t'on donc jamais atteint ? Tu te laisses tout de même détruire à petit feu ?

- Oui, mais...

- Il n'y a pas de "mais" ! Fumer c'est con. Surtout que nous allons sûrement mourir très prochainement, c'est idiot d'augmenter tes chances avec quelque chose d'aussi débile.

- Je n'ai même pas de quoi fumer. Détend toi.

- Il fallait le dire avant, je n'aime vraiment pas la cigarette, je ris.

Le sol est plus agréable qu'en forêt, mes pieds sont légèrement soulagés. Nos sujets sont sans importances, nous parlons de tous et de rien avec le sourire.

La sonnerie de mon téléphone retenti à nouveau.

Inconnu à moi :

- Ne restez pas ici ! Êtes vous fous ? Avez vous perdu la tête ? Vous aller être vu, et mourir en plus de ça. À moins qu'ils vous torturent... Bref, cachez vous en forêt.

Evan et moi lisons le message, nos regards ce croisent il est aussi apeuré que moi. Nous quittons d'un pas pressé la route.

Lorsque les branches cachent à nouveau nos silhouettes nous lâchons un soupir de soulagement.

Je décide de répondre au numéro. Avec un peu de chance cette fois il n'ignorera pas mon message.

Moi à inconnu:

Qui nous aurait vu ? Qui nous aurait tué ? Qui est tu ? Y a t'il encore beaucoup d'humains vivants ? L'humanité à t'elle encore une chance où va t'elle s'éteindre ? Aide nous, s'il te plaît.

Mon téléphone vibre, l'inconnu m'a répondu !

Inconnu à moi :

Je ne peux pas répondre à toutes tes questions. Je peux juste te dire que moi et mes amis nous sommes là pour essayer de te garder en vie. Je ne te dirais pas qui nous sommes, si nous sommes découverts nous nous ferons tuer. Sache juste que sommes quatre et que nos pseudonymes sont "léopard" car il est rapide c'est le voleur, "souris" car il est partout et entend tout, "singe" car il est malin : c'est lui qui brouille les ondes de ton cellulaire pour ne pas être repéré ; et moi je suis "canari" car je suis considéré comme tout mignon et sage par mes aînés alors que je gère toutes les opérations. Ne cherche pas à savoir nos sexes, nos noms ou quoi tu ne saura rien de plus. Garde ton téléphone près de toi si j'ai besoin de vous prévenir, toi et Evan, d'une urgence.

- Ok, donc conclusion : des méchants veulent nous tuer, et des super-héros, au nom d'animaux, veulent nous sauver, nous, et le monde en général.

- Nos vies prennent un tournant que je n'aurait jamais imaginé, je souffle.

- Car c'est inimaginable !

- Tu crois que c'est possible que nous sommes en fait déjà mort et que tout ce que nous voyons là n'existe pas ? Tu crois que c'est possible que nous sommes en train de vivre "l'après mort" ? Tu crois que c'est possible que nous sommes dans une sorte de jeu vidéo grandeur nature ? Je ris nerveux, "le jeu de la mort qui tue les morts".

- Je ne pense pas.

- Pourquoi ? Tu as la preuve du contraire ?

- Non, mais on m'a toujours dis "peu importe combien ton rêve sera réaliste il ne s'agit pas de la réalité si tu ne ressens pas la douleur". Je meurs de faim. J'ai soif à un point inimaginable. J'ai mal aux pieds, aux jambes jusqu'à dans les fesses. Mon dos me torture. La mort est parfois nommé décrite comme un sommeil profond. Nous ne sommes donc pas mort.

- C'est dommage.

- Dommage ?

- Morte, j'aurai pu prendre une pause, peut être éternelle, sans risque. Vivante je dois toujours sauver ma peau, je soupire.

- On fait une pause.

Nous nous asseyons sur un tronc d'arbre tombé précédemment.

J'allume mon téléphone et le déverrouille. Je renomme ensuite "inconnu" en "canari". Je vais dans mon album photo.

- Je peux les regarder avec toi ?

J'acquiesce de la tête. Les photos défilent, j'explique à Evan qui est dessus et de quand elles datent. Je ris sur certaines mais cela ne m'empêche pas de pleurer.

Delya me manque. Maman me manque. Banane, mon chien, me manque. Papa me manque. Mes amis me manque. Mon lycée me manque. Le chocolat me manque. Mon ancienne vie me manque !

Vingt minutes plus tard, nous arrêtons de regarder les photos.

- Ta batterie est toujours pleine. C'est bizarre, Lili.

Je vérifie et vois qu'Evan dis vrai. Je ne cherche pas vraiment à comprendre, trop d'événements illogiques ont lieu en ce moment.

Je frissonne. L'automne arrive doucement. Je pense que je vais vite regretter la douceur des soirs d'été.

- Attrape un duvet, je vais allumer un feu, dis mon compagnon de marche en attrapant quelques branches.

Je pose l'une de nos couvertures au sol puis me recouvre de la deuxième. Nous préférons, avec Evan, ne pas dormir à même le sol pour pouvoir éviter l'humidité de la rosée du matin, mais nous ne souhaitons pas encore installer la tente.

- Je pense que nous pouvons ouvrir l'une de nos boîtes de conserve ce soir, et ils restent quelques fruits que nous avons cueilli au verger. Il faut les manger avant qu'ils ne tournent.

Nous dînons, j'apprécie chaque bouchée de cette choucroute. Je n'aurai jamais cru manger une choucroute, en forêt, réchauffé par un feu de camp.

Après le repas, Evan remet une bûche dans le feu, puis viens se coucher près de moi.

- Je t'ai déjà réchauffé la place, dis-je en riant.

Nous ne tardons pas à nous endormir.

Et après la fin du monde ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant