Chapitre 4

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Ils furent amenés par Mathys, Christophe et Baraka dans un bâtiment délabré à quatre étages. Ils montèrent un escalier peu rassurant, aux marches dans un sale état.

Christophe était en tête, un pied-de-biche en main. Il passa sa main sur son léger bouc, le regard droit devant lui. Mathys et Baraka, les deux adolescents, étaient derrière les nouvelles venues, pour les surveiller et éviter que l'un d'entre eux utilise son pouvoir, dans le but de leur échapper.

Mathys était grand et fin, aux cheveux courts et bruns. Il portait une batte de baseball qu'il laissait reposer contre son épaule, sa main libre était cachée dans son short.

Ce fut en jetant un regard en arrière, vers l'adolescent en question, que Morgane réalisa que tous les Destroyas de cette ville de fortune étaient habillés de la même manière : un short marron, un haut vert foncé puis des bottes brunes. À part Baptiste, leur chef, qui portait ce haut gris à capuche, aux manches déchirées, ce pantalon noir et troué puis ses sombres chaussures basses, se fichant complètement de comment les autres étaient habillés.

Baraka, elle, était plus petite et noire de peau. Ses cheveux foncés étaient courts et crépus, coiffés en des tresses collées contre son crâne. L'adolescente était armée d'une machette à la lame émoussée.

Christophe s'arrêta devant une porte, elle s'ouvrit dans un grincement aigu. Une salle crasseuse et abandonnée s'offrit à eux. C'était le reste d'un appartement, probablement laissé dans cet état après que ses propriétaires le laissent tomber pour se réfugier dans les remparts... enfin, c'était ce que Morgane supposait.

La pièce principale était composée d'un canapé abîmé et d'un réfrigérateur qui ne fonctionnait même pas. C'est tout. Les vitres étaient fissurées et l'électricité avait déserté le bâtiment tout entier. Seules les nouvelles venues rentrèrent, aucun des autres Destroyas ne fit un pas dans l'appartement délabré.

- On va vous laisser ici pour la journée, raconta Christophe. Cherchez pas à vous enfuir, on va fermer à clé. Et si l'envie vous prend de sauter par la fenêtre pour sortir... je préfère vous rappeler que vous êtes au dernier étage.

Un silence. Morgane et les autres le fusillèrent du regard... les yeux d'Armande étaient animés par une haine noire. Pourquoi avait-elle accepté de s'allier à eux, à ces Destroyas et à leur chef ?

- Il y a de la bouffe dans le frigo, lança Mathys en faisant un mouvement de tête vers le meuble. Du pain et de l'eau. Vous vous contenterez de ça, ce soir.

Puis ils s'en allèrent. Ils entendirent le bruit de la porte se condamnant. Un silence s'installa entre les sept adolescents... Quentin s'approcha de la fenêtre, remarquant alors les trois Destroyas aux pouvoirs inconnus sortir du bâtiment.

- Ils sont plus là, lança ce dernier. C'est bon.

Personne ne parla. Puis Laureline donna un violent coup de poing dans le mur.

- Pourquoi t'as accepté ? cria-t-elle à Armande. Regarde dans la merde où on est, maintenant !

L'adolescente en question la fusilla du regard avant de lui rétorquer d'une voix sèche :

- Ou c'était ça, ou on mourrait. T'as pas entendu ce qu'as dit Baptiste ?

- On s'en branle, de lui ! lança Quentin. Ça se voit dans son regard qu'il est bizarre.

Morgane ne fit que soupirer avant de s'affaler sur le canapé, Kim sur son épaule. Elle articula :

- Ouais. Il est pas normal, ce type-là. Enfin...

- On peut pas retourner en arrière de toute façon, cracha Mila d'un ton amer.

Elle lâcha un soupir avant de se laisser tomber, dos contre le mur. Elle approcha ses genoux de sa poitrine et soutint son front avec sa main.

- Dans quelle merde tu nous as foutus, Armande ? murmura celle aux cheveux frisés.

- Tout ça à cause de cette folle furieuse, grogna Zakari en frappant le réfrigérateur avec son pied, en parlant de Clara. Putain ! Si elle avait pas fait exploser notre bagnole, on serait loin de ce merdier !

- On va pas rester ici longtemps, jura celle qui pouvait se téléporter, faites-moi confiance. Jamais ce Baptiste nous aura comme larbins.

- Ah ouais ? lui lança celle aux longs cheveux noirs. Et tu veux faire quoi, là ? Préparer un plan d'évasion pour pouvoir sortir d'ici ? Et on ira où sans voiture, hein ?

- On trouvera bien, merde ! Arrête tes conneries, Laureline !

- C'est pas en vous engueulant que les choses vont avancer, hein, balança Axel d'une voix étrangement calme.

Ils se tournèrent tous vers lui. Il s'assit à côté de Morgane, ce qui fit hurler Kim au passage, puis continua :

- On va voir ce que demain nous réserve. Mais dans tous les cas, j'ai une idée, moi.

- Ouah, le grand génie a une idée, fit Laureline d'un ton ironique et en levant les bras en l'air, superbe ! Et tu vas faire quoi, au juste ?

- Tu verras bien.

Ils se défièrent du regard. Plus personne n'articula le moindre mot, après cela.

Le reste de la journée se passa dans un silence pesant et une tension énorme. Ils mangèrent et burent à peine. Morgane ne trouva pas le sommeil facilement, torturée par les suppositions de ce qui allait se passer, le lendemain.

Peut-être qu'ils allaient rester dans cet appartement répugnant toute leur vie ?

Ou peut-être que Baptiste avait déjà trouvé le rôle de chacun, dans sa société...

DESTROYAS II : La Zone FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant