DESTROYAS II : La Zone Fantôme

Chapitre 13

Seul dans cette immense pièce blanche, 000-C faisait voler tous ces mannequins autour de lui, par la puissance de ses pouvoirs.

Les humains en mousse s'explosèrent contre les murs immaculés, certains furent écartelés, faisant sortir leurs entrailles moelleuses de leur corps ridicule. Même si Clément le savait déjà, des scientifiques observaient le comportement froidement violent de l'adolescent à travers des vitres teintées. Il ne les voyait pas, mais sentait leur présence.

Mais ce n'était pas ça qui le gênait le plus, dans cette histoire. Il leva les bras, tous les mannequins s'élevèrent doucement... avant d'heurter violemment le plafond.

Son corps n'arrivait pas à le suivre, pourtant sa haine l'incitait à continuer ce qu'il faisait. 000-C fut étranglé par une violente quinte de toux, il tomba à genoux, supportant le haut de son corps avec ses bras tremblants et encore trop faibles.

L'adolescent serra les dents, ses poings se fermèrent sur eux-mêmes en repensant aux Destroyas qui l'avaient vaincu. Sa rancœur envers eux ne faisait que s'agrandir, de jour en jour.

Ils le hantaient dans son sommeil bancal. Clément les voyait rire, tourner autour lui, le narguant et se moquant ouvertement de lui. Puis, parfois, c'était lui qui reprenait le dessus : il les tuait, torturait, faisait souffrir, pour calmer son envie envahissant de vengeance.

Morgane Othello. Axel Aelter. Aurélie ''Quentin'' Zhao. Armande Klein. Laureline Crowed. Mila Relik. Zakari Elaïdi. Tous ces noms résonnaient dans sa tête, le nom de ses ennemis. Le nom de ses prochaines victimes.

Son envie de vengeance semblait sans fin, oui. Mais Clément avait trouvé un châtiment bien pire que la mort, pour eux. Un plan qu'il allait s'empresser de réaliser... il avait besoin que d'une seule et unique chose : pénétrer dans la Zone Fantôme.

Un grésillement aigu le retira de ses pensées, 000-C leva son regard. Une voix fit, à travers un haut-parleur :

- Le chef veut te voir, 000-C. C'est urgent. Tu dois sortir de la salle d'entraînement, tout de suite.

Puis plus un bruit. Clément se releva péniblement avant de marcher lentement vers cette énorme porte blindée, qui le scellait dans cette immense pièce blanche.

Quand il en sortit, plusieurs hommes armés l'escortèrent jusqu'au bureau de leur supérieur à tous.

- Comment te sens-tu ?

- Mieux, répondit calmement 000-C.

Ces mêmes écrans. Cette même obscurité. Ce même homme et cette même indifférence que l'adolescent ressentait, en se retrouvant ici.

Certains scientifiques palissaient de peur, en pensant à l'éventualité de rentrer dans cette pièce, même si leur voyage ici ne durait même pas trente secondes. Mais Clément, lui, s'en fichait totalement. Il n'avait plus le temps de ressentir la crainte.

- Comment vont les autres ? demanda alors l'adolescent.

- Bien. Ils vont doucement reprendre leur entraînement.

- Quand irons-nous dans la Zone Fantôme ?

Un silence. Son supérieur ne prit même pas le temps de se retourner, pour le toiser du regard.

- Bientôt, répondit l'homme. Sois patient.

- J'ai une idée de ce qu'on pourrait faire.

Cette phrase chatouilla la curiosité de son supérieur. Il se tourna vers l'adolescent, finalement.

- Mon idée est de capturer l'un des leurs, déclara Clément.

- Continue, ordonna l'homme après un silence.

- Si on prend l'un d'entre eux en otage, ils vont probablement attaquer Avignon pour essayer de le délivrer, sans réfléchir aux conséquences et à nos avantages, s'ils agissent de la sorte. On pourrait en profiter pour les éliminer. Ou même...

000-C étouffa un rire machiavélique, se contentant seulement de faire un sourire assez dérangeant. Il termina :

- On pourrait capturer l'un d'entre eux... pour le faire passer de notre côté.

- Tu veux dire, lui faire un lavage de cerveau, en quelque sorte ?

- Oui. Pour qu'il combatte pour nous... et pour qu'il les élimine.

000-C en avait rien à faire de qui il allait capturer pour ensuite le forcer à combattre les autres Destroyas. L'adolescent dut se retenir de rire en pensant aux visages baignés d'incompréhension des ses ennemis, voyant l'un des leurs du côté de l'État.

- Tu es malin, Clément.

- Je sais.

- Ton idée n'est pas stupide, annonça l'homme d'un ton pensif. Et même, avec un peu de chance...

Il laissa sa phrase en suspens, pendant quelques secondes.

- Avec un peu de chance, termina-t-il, celui que vous capturerez sera Lui.

- Oui, peut-être.

Il ne songeait absolument pas à Lui... mais, pourquoi pas, après tout ? Le forcer à les rejoindre, et y parvenir, et c'était eux qui ressortait gagnants de cette guerre contre les Destroyas.

Car Il était le pire des Destroyas.

Son supérieur fit un léger rire sombre. Il fit, d'une voix plus forte et plus claire :

- Très bien. Si tu arrives à capturer l'un d'entre eux, quand je vous enverrai dans la Zone Fantôme, on fera comme tu as dit, Clément. Mais ce n'est pas pour tout de suite... les autres ne sont pas complètements remis de leur opération, tout comme toi.

000-C hocha la tête avant de tourner les talons et disparaître de la salle. Son sourire s'élargit en réalisant que son plan était de plus en plus réalisable.