Chapitre 25

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Les chaussures s'enfonçant dans la boue, Morgane et ses amis marchaient lentement dans la rue principale de la Ville.

Ils s'enfonçaient dans de larges flaques de larmes des cieux, miroir reflétant les nuages tristes et repoussants de la Zone Fantôme. De ridicules gouttes d'eau furent arrachées de leur armée liquide à leur passage, s'écrasant sur le goudron craquelé de la rue, seules et perdues.

Ils saluèrent certains Destroyas d'un simple signe de la main, marchant sans but précis. En fait, le groupe se parlait entre eux, comme avant, comme si rien ne s'était passé, comme s'ils étaient encore à Avignon, avec une vie ''normale''... sans Quentin.

Quentin était vivant, oui. Mais marcher lui y était totalement impossible, à présent. Aucun d'entre eux ne savait s'il allait pouvoir de nouveau se lever comme avant, ce qui, malgré les apparences, pesait énormément au sein du groupe. Que seraient-ils sans Quentin, sans ses remarques et ses blagues mal placées ? Son humeur décalé qui les faisait souvent mourir de rire ?

Morgane avait secrètement peur que, en perdant l'usage de ses jambes, il perdit aussi sa joie de vivre et son caractère à lui, se paralysant dans un mur de monotonie et d'incompréhension. En pensant à cette possibilité, ses yeux lui brûlaient.

Tournant le dos à Avignon et à ses remparts inébranlables, le groupe avançait. C'était après cette journée confinée dans le train que Morgane avait réalisé qu'ils étaient bien plus nombreux qu'elle le pensait : très peu partait hors de la Ville, elle ignorait pourquoi.

Ils croisèrent des adolescents, des adolescentes, des jeunes hommes, des jeunes femmes, mais aucun enfant ni adulte, à part Christophe. La Ville, si vaste mais ridicule à côté d'Avignon, était bien grande pour même pas une centaine de personnes.

Certains Destroyas ôtaient la boue des rues, avec de grandes pelles. Ils les regardaient d'une façon intriguée... jusqu'à que Clara les interpelle :

- Eh oh, venez nous aider à la place de rien faire, comme ça !

La Destroya qui pouvait tout faire exploser courait vers eux. Elle était suivie par trois autres Destroyas, dont Adrien, tous avec une ou deux pelles en main.

Clara en laissa tomber une devant les pieds de Zakari puis lança, au groupe :

- Il nous faut le plus de monde possible pour enlever la boue des rues !

- Ah ? fit Mila. On était pas au courant.

- C'est un ordre de Baptiste, continua Adrien en s'approchant, faut enlever toute la boue qui gêne.

Armande haussa les épaules avant d'arracher la pelle des mains de Clara, puis décampa. Zakari attrapa celle à ses pieds après un soupir d'agacement et suivit la Destroya qui pouvait se téléporter.

Morgane étouffa un rire, alors qu'Adrien lui tendait une pelle. Ce dernier insista :

- Prends-la, faut faire ça le plus rapidement possible.

- C'est pas que j'veux pas, lança celle au corbeau, mais... sérieusement, vous êtes au courant que j'vais vous servir à rien ?

Adrien haussa un sourcil, Clara plissa les yeux d'une façon sceptique et une autre Destroya, au teint mat et aux traits asiatiques, haussa à son tour les épaules.

- Comment ça ? rétorqua celle qui pouvait tout faire exploser.

- J'vais même pas pouvoir la porter, ta pelle, répondit Morgane après un rire jaune, comment tu veux que j'dégage de la boue ? J'ai autant de force qu'une chenille.

Clara et Adrien se regardèrent, le Destroya lâcha un soupir avant d'éloigner la pelle de celle au corbeau. Celle qui pouvait tout faire exploser continua alors :

DESTROYAS II : La Zone FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant