DESTROYAS II : La Zone Fantôme

Chapitre 8

Le Soleil n'arrivait pas à percer les nuages sombres de la Zone Fantôme, les plongeant dans une étrange pénombre. Le groupe suivait Clara et Mathys, entre des immeubles délabrés et abandonnés de tous, hors des remparts de la Ville.

La Destroya pouvant faire exploser tout et n'importe quoi leur raconta alors qu'il y a quelques années, ces immeubles étaient habités... avant que la ville reprenne son état moyenâgeux, en s'enfermant dans ses remparts.

Des graffitis décoraient les murs en ruine des immeubles. Ils avancèrent dans ce lieu inconnu et délaissé, preuve qu'avant, des humains vivaient dans la Zone Fantôme. Même si Morgane se doutait bien qu'avant, cet endroit ne s'appelait probablement pas comme ça.

Ils avancèrent en silence, elle se trouvait juste à quelques centimètres de Clara. Kim regarda sa maîtresse, Morgane avait son regard rivé sur l'autre adolescente, en qui elle ressentait une puissante rancœur.

Et si elle savait ce qu'était réellement Baptiste ? Peut-être que Clara savait le pouvoir de leur chef... depuis quand le connaissait-elle ?

Tant de questions dansaient dans sa boîte crânienne, tournant dans tous les sens en attendant la réponse qui les accompagnerait toute la nuit...

- Euh, Clara ?

Cette dernière se tourna vers elle, le corbeau croassa. Morgane avança pour se mettre à côté d'elle et lança :

- Ouais, euh... avant de s'appeler la Zone Fantôme, tu sais comment ça s'appelait, tout ça ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, Morgane préférait tourner autour du pot, comme pour essayer de gagner la confiance de l'adolescente... elle pointa les immeubles tout autour d'eux en disant cela.

- Monclar, répondit Clara, je crois.

- Comme l'hôtel qui sert de ''base'' au chef ?

- Oui.

- Ah.

Un silence. La Destroya pouvant tout faire exploser lança :

- Avant, quand les humains vivaient encore ici, Monclar avait une sale réputation.

- Dur...

- C'est comme ça, lança Clara en haussant les épaules. Enfin, il doit rester encore des ressources à trouver !

Ils continuèrent tous de marcher, sans le moindre mot à dire. À part les deux adolescentes, personne ne parlait. Morgane s'étonnait de lui adresser la parole, en soit, malgré la haine qu'elle ressentait envers Clara depuis ce petit incident...

- Baptiste nous envoie ici pour trouver des ressources, alors ? demanda Morgane.

- Bah oui, c'est logique, non ? rétorqua l'autre.

- Il y va jamais, lui ?

Clara lâcha un soupir. Elles ne remarquèrent pas que Mathys les regardait parler, avec ses yeux baignés dans la réflexion et l'écoute de leurs paroles.

- Avant, avoua-t-elle. Mais, en soit, on lui doit bien ça. C'est lui qui a construit la Ville, qui a repoussé les Destroyas qui sont devenus tarés après s'être exilés ici, qui nous a protégés... c'est grâce à lui si on est tous ici.

Baptiste semblait bien jeune pour avoir tout fait de ses propres mains... ces remparts qui entouraient la Ville, cette organisation et ces expéditions pour la recherche de provisions... mais quelque chose percuta l'esprit de Morgane.

- Attends, cracha l'adolescente en regardant Clara, sourcils froncés, il y a vraiment des Destroyas qui ont sévèrement pété un câble, ici ?

Clara se contenta d'hocher la tête. C'est la voix de Mathys qui lui donna une réponse plus concrète :

- Ils peuvent être partout. À force d'être seuls à errer ici, ils sont devenus fous. Ils attaquent les autres Destroyas et agissent comme des animaux.

Morgane le regarda et lui fit signe qu'elle avait compris. Ils continuèrent leur route, marchant sur cette route au goudron craquelé, dans un silence brisé par les murmures de Zakari et des rires étouffés de Quentin.

Puis l'adolescente réalisa qu'elle n'avait même pas posé la question la plus importante ! Elle leva les yeux au ciel, fatiguée de sa propre idiotie, puis regarda Mathys, qui était à sa droite.

- Sinon...

- Ouais ? lança l'adolescent.

- Baptiste... c'est un Destroya, je présume ?

- Bah, ouais. Normal, quoi.

- Tu sais ce qu'il contrôle ?

- La glace.

Tout semblait s'arrêter autour d'elle...

- D'accord, lança Morgane en souriant légèrement, cachant du mieux qu'elle pouvait son incompréhension. Merci !

Comment Baptiste pouvait ne pas être affecté par l'arrêt du temps... alors qu'il semblait juste contrôler la glace ? À moins que son pouvoir soit si puissant qu'il puisse figer le temps ?

Mais ça n'avait aucun sens ! À vouloir des réponses, Morgane venait de s'ajouter encore plus de questions irrésolubles !

Ils passèrent à côté d'un bus blanc couché sur le flanc. Les vitres étaient brisées, les pneus crevés et quelqu'un, ou quelque chose, avait rayé les côtés de la longue machine. Ils marchèrent près du bus... puis un grognement sortit de la carcasse métallique.