Chapitre 16

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Ses yeux s'ouvrirent rapidement, une lumière blanche l'aveugla. Elle reprit sa respiration bruyamment, comme si Morgane venait d'éviter la noyade de quelques millisecondes.

Sa vue n'était pas complètement nette, elle toussa pour s'éclaircir la gorge, encore nouée de tout ce qui venait de se passer. La Destroya était allongée, les yeux posés sur un plafond blanc.

Morgane tourna lentement la tête, tout son corps était ankylosé et douloureux. Une forme humanoïde et sombre cachait une partie de la lumière, tous ses muscles meurtris se contractèrent de peur. Peut-être que son cauchemar n'était pas terminé ? Qu'elle y était piégée pour toujours ? Qu'elle reverrait les cadavres de toutes les personnes qui avaient une place dans son cœur, jusqu'à sa fin, éternellement, infiniment ? Qu'elle assisterait à la mort d'Axel jusqu'à que sa folie l'achève ?

Un rire lui fit écarquiller les yeux. L'ombre se pencha, Morgane reconnut alors les yeux bleu-gris perçants de leur chef.

- Et bah alors ? lança Baptiste. Tu vas mieux ?

Elle se releva violemment, réalisant alors qu'elle était allongée dans un lit, elle échappa un léger cri quand une sensation de chute la percuta. La Destroya se tint le crâne avec la paume de sa main, une vilaine migraine venait de la persécuter.

- Reste calme, ordonna-t-il d'une voix posée, tout cela t'a épuisée. J'avais bien dit à Baraka de ne pas utiliser son pouvoir sur les Destroyas de la Ville, même s'ils veulent qu'elle l'utilise pour qu'ils puissent ''vaincre leurs peurs''...

Il soupira avant de se redresser et de se reculer. Baptiste s'approcha d'une fenêtre, c'était bien la première que Morgane en voyait une qui n'était ni fissurée ni salie, à la gauche de la Destroya.

- Où sont les autres ? demanda-t-elle, d'une voix encore affaiblie.

- Dans la Ville.

- Ça fait longtemps que je suis ici, à être inconsciente ?

- Ça fait deux jours.

Elle en resta abasourdie, ne sachant pas quoi dire, face à ça. Baptiste se tourna vers la Destroya.

- Je n'ai pas assisté à ta ''torture mentale'', continua-t-il, mais Baraka m'a informé que t'étais mise à courir partout en hurlant. Elle a eu tellement de mal à te sortir de ton cauchemar, qu'elle avait cru qu'elle allait te tuer sur le coup.

Un silence, Morgane avait l'impression que tout ce qui s'était déroulé, devant ses yeux reflétant son impuissance et son effroi, était vrai. Baptiste s'approcha lentement de l'adolescente, tout en disant :

- Et oui... bienvenue dans la réalité. Je présume que tu préfères ça à ce qu'il vient de se passer... dans ta tête.

Elle ne lui répondit pas, ne trouvant pas les mots répertoriés dans son cerveau. Son esprit avait été tellement heurté par la violence de ses peurs que Morgane ne savait plus quoi dire, faire, penser.

- Enfin, termina Baptiste en se rapprochant de la porte, à la gauche de cette petite pièce, je voulais juste voir si tu étais réveillée. Je vais te laisser, maint...

- Non. Restez-là, juste deux minutes.

Son chef, qui avait eu malgré tout le temps de prendre la poignée de la porte en main, se tourna vers elle, un sourcil haussé par l'étonnement. Il lui sourit avant de demander :

- Oui ?

- J'ai des questions à vous poser.

Elle faisait l'effort de le vouvoyer... mais pourquoi faire cela ? Morgane avait autant de respect pour Baptiste qu'elle pourrait l'avoir pour un vulgaire jouet cassé qui traînerait dans les tréfonds de son armoire.

Son chef lâcha la poignée et se plaça pile devant le lit de la Destroya. Il lui sourit... mais Morgane, elle, le regarda avec méfiance, sachant bien qu'il cachait quelque chose depuis le début.

- Je t'écoute, alors, commença-t-il d'une façon détendue.

- Je vais pas tourner autour du pot, cracha-t-elle sèchement. Je sais que tu contrôles pas que la glace.

Un silence, les secondes parurent être des heures pour Morgane. Baptiste l'inspecta rapidement du regard, avant de rétorquer calmement :

- Je crois que tout cela t'a un peu embrouillé l'esprit, Morgane. Repose-toi à la place de dire n'importe quoi.

- T'es pas affecté par l'arrêt du temps et t'oses me dire que je dis n'importe quoi ?

- Ah, répondit-il d'un ton pensif, après de longues secondes de pur silence, il te l'a dit, alors... je m'y attendais, étrangement.

- Ouais, cracha-t-elle comme pour le provoquer, Axel m'a tout dit, tu vas faire quoi, maintenant ? Hein ?

Elle le regarda longuement, avec des yeux lui hurlant d'enfin tout avouer. Baptiste lâcha un soupir avant de faire :

- Et puis bah, vu comment ça va tourner...

- Pardon ?

- Non, rien, répondit-il calmement. Tu veux savoir la vérité ? Très bien.

Il s'approcha de la Destroya, de manière qu'elle soit obligée de lever les yeux pour le regarder, lui, sa supériorité et son rôle de chef. Baptiste articula alors :

- Je contrôle la glace, oui. Mais aussi...

DESTROYAS II : La Zone FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant