Chapitre 26

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- Non mais, c'est marrant d'être infirme, hein.

En disant cela, Quentin avait un petit sourire au coin des lèvres. Il ne se prenait pas au sérieux lui-même. Morgane lui rendit son sourire, en essayant d'ignorer l'horrible réalité qui était qu'il allait se retrouver, peut-être, paralysé à vie.

- C'est drôle comme mot, ''infirme'', lança-t-il alors avec un sourire plus large. Tu trouves pas ?

- Ouais, répondit la Destroya d'une voix calme et pensive, ouais.

Une couverture cachait les jambes meurtries du Destroya, couché dans un lit à deux places. Des coussins dans un piteux état aidaient Quentin à, au moins, relever son buste et à se tenir droit. Sur ses minces cuisses couvertes, un plateau abîmé tenait en équilibre, avec des couverts cassés et une assiette fissurée à certains endroits.

- T'as plus faim ? demanda Morgane.

- Non, c'est bon. Tu peux ramener le plateau, si tu veux.

Celle au corbeau s'exécuta. La chambre était séparée de la cuisine par la pièce principale de l'appartement, un ancien salon, probablement. L'adolescente mit toute la vaisselle dans l'évier rongé par la saleté et la rouille avant de rejoindre de nouveau son ami.

- Ça doit être ennuyant d'être ici, à rien faire, remarqua celle au corbeau en le regardant. Seul.

Quentin répondit d'un simple hochement attristé de la tête, le regard bas. Morgane se mit à s'en vouloir d'avoir posé cette question, elle l'avait blessé sans s'en rendre compte.

- Ça fait du bien de voir des gens, raconta-t-il alors. On vient juste pour me donner à manger, m'aider à me laver, à aller aux chiottes et à m'habiller. Sinon, personne vient me voir.

- Normalement, fit l'autre, j'étais censée déblayer les rues de la boue, à cause de la pluie de la dernière fois. Mais j'ai préféré venir te voir.

- C'est sympa, ça ! On reconnait ceux qui seront avec toi jusqu'à la fin.

Le sourire de celle au corbeau s'élargit. Quentin s'étira pour faire craquer son dos puis lâcha un soupir de soulagement.

- Bref, dit-il, tu penses que les autres vont prendre du temps à faire ça ?

- De ? Déblayer les rues ?

- Ouais.

- Aucune idée. Pourquoi ?

- Les autres me manquent aussi, je veux les revoir... merde, j'aurais pu enlever toute cette boue avec vous, si mes jambes étaient pas cassées...

- Te connaissant, rétorqua Morgane en étouffant un rire, t'enverrais de la boue sur nous sans faire exprès !

- Et ça partirait en bataille de boue, aussi ! Et ça aurait énervé Laureline ou Mila... je présume. Et puis...

Une puissante détonation lui coupa la parole, Morgane tressaillit et se tourna violemment vers la fenêtre. Elle l'ouvrit brusquement et se pencha pour voir ce qui se passait, à l'extérieur.

Tous les Destroyas étaient rassemblés devant l'entrée de la Ville, ce pont condamné par de grandes planches en bois. Parmi les silhouettes, elle reconnut ses amis, mais surtout, debout face à Avignon, sur le pont en question, Baptiste se tenait droit, Mathys à ses côtés.

- Il se passe quoi ? demanda Quentin, inquiet.

Morgane se tourna lentement vers lui, les yeux écarquillés. Elle articula :

- J'suis désolée, mais j'reviens, il se passe un truc bizarre. J'en ai pas pour longtemps.

- Ah... fais vite, au moins.

DESTROYAS II : La Zone FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant