DESTROYAS II : La Zone Fantôme

Chapitre 6

Morgane sursauta avant de lâcher un petit cri de surprise. Quentin explosa de rire.

- Connard ! s'énerva l'adolescente.

- Je t'ai fait peur ?

- Bah...

Mila et Laureline s'approchèrent des deux Destroyas, alors que les autres s'empressèrent de sortir d'ici. Morgane regarda Axel s'éloigner de plus en plus, elle soupira.

- Il est chelou ton copain parfois, remarqua celle aux cheveux frisés en s'appuyant sur l'épaule de Laureline.

- C'est pas mon copain, putain.

- Tu devrais lui dire un de ces quatre, remarqua celle aux longs cheveux noirs. C'est pas comme si vous vous tournez autour depuis le début, hein.

Morgane lâcha un autre soupir en levant les yeux au ciel. Les trois autres se regardèrent.

- Tu pourrais lui demander qu'est-ce qu'il a foutu, tout à l'heure, continua Laureline. On l'a senti, qu'il a arrêté le temps.

- Mais pourquoi il a fait ça, aussi ? cracha Mila en haussant un sourcil. Surtout pour rien faire à côté.

- Il est con parfois, termina Quentin en souriant bêtement. Enfin bon.

L'autre adolescente haussa les épaules avant d'avancer d'un pas rapide, devant les regards des trois Destroyas. Ils ne la retinrent pas la moindre seconde, Morgane s'en alla à son tour.

Elle retrouva Axel assis sur le toit d'une voiture dévorée par la rouille, près du tunnel menant à la grande porte en bois.

Au début, il ne fit pas attention à elle, regardant devant lui, perdu dans ses pensées et sourcils froncés.

Morgane fronça, à son tour, les sourcils, exprimant son mécontentement. Elle détestait être ignorée... surtout par celui en qui elle avait tant le béguin que ça en crevait les yeux.

- Euh, je peux te parler ? fit-elle enfin.

L'adolescent tourna lentement son regard vers elle. La Destroya avait les mains sur les hanches et le regard contrarié, elle tapotait le sol avec son pied d'une façon rapide. Puis Morgane lâcha un soupir avant de monter sur le capot de la défunte machine, sans réellement attendre une réponse de sa part.

- Pourquoi t'as arrêté le temps, tout à l'heure ? demanda-t-elle après un silence. Surtout pour rien faire, apparemment.

Axel ne lui répondit pas directement, regardant de nouveau devant lui. Kim croassa. Les deux adolescents lâchèrent en soupir en même temps, ils se regardèrent, Morgane étouffa un rire.

- Allez, quoi, insista-t-elle. On est que nous deux, tu sais bien que tu peux tout me dire en plus.

Il ferma les yeux un moment, comme pour se concentrer. L'adolescent fit, en rouvrant les yeux :

- J'ai arrêté le temps pour pouvoir l'attaquer sans que personne s'en rende compte.

Un silence. Morgane haussa un sourcil, elle n'eut pas le temps de lui demander pourquoi il n'avait pas attaqué Baptiste qu'Axel continua :

- Sauf que... il y a eu un problème.

- Ah ?

- Ouais.

- Il s'est passé quoi ?

- Au moment où j'ai voulu me ruer sur lui, il m'a souri et m'a dit ''tu fais une grave erreur''.

Un silence. Morgane en resta bouche bée. Ça voulait dire que...

Elle se leva précipitamment, se planta devant l'adolescent et s'écria :

- Il est pas affecté par l'arrêt du temps ?!

- Ferme-la ! Il y a peut-être des Destroyas autour du nous.

L'adolescente baissa les yeux, comme si elle se sentait vexée ou gênée, alors que pas du tout. Morgane cracha d'une voix plus basse, sourcils froncés et regard rivé sur l'autre Destroya :

- Attends, attends. Tu trouves ça normal, toi ? Que si le temps s'arrête ou non, il continue de vivre sa vie tranquille ?

- Ça voudrait dire qu'il contrôle le temps... comme moi ?

- Mais les Destroyas sont pas censés être uniques ? rajouta-t-elle. Chaque Destroya est différent... comment Baptiste peut faire pour avoir le même pouvoir que toi, alors ?

Un autre silence, ils se regardèrent dans les yeux. Tout cela n'avait aucun sens ! Ils ignoraient le pouvoir de leur chef... les nouveaux pourraient bien croire que Baptiste n'est qu'un simple humain, mais vu ce qui venait de se passer...

Axel soupira de nouveau. Baptiste était suspect, tout cela était anormal. Que faire à part lui demander en face quel était son pouvoir ? De plus, elle supposait que leur chef allait rester silencieux face à cette question...

- Enfin bon, lança Morgane en se mettant contre le véhicule, c'est comme ça. On peut rien faire, je présume.

Ils restèrent silencieux pendant un long moment. Morgane regarda furtivement dans toutes les directions possibles, ils étaient seuls. Aucun Destroya à l'horizon. Elle repensa alors à ce que lui avait dit Laureline.

Morgane devait lui dire, oui. Et... n'était-ce pas l'occasion parfaite ? Personne autour d'eux, personne pour les perturber, ils étaient abandonnés de tous. Elle inspira grandement pour essayer de se calmer... alors qu'elle paniquait totalement, comme à son habitude.

Elle se hissa sur le toit de la voiture et s'assit à côté de l'adolescent. Un silence, la Destroya ne savait pas comment lui parler de ça. Comment lui dire qu'elle avait des sentiments pour lui sans perdre tout contrôle sur elle-même ?

- Ah, euh, sinon, articula-t-elle.

Axel se tourna vers elle, la fixant avec ses yeux de cette couleur aussi étrange que ceux de Morgane. L'adolescente se mit à encore plus paniquer, à croire qu'elle passait réellement toute sa vie à paniquer stupidement...

- Voilà, fit-elle en ne le regardant même pas dans les yeux, j'ai réfléchi, tout ça tout ça, et... euh...

Par un élan de courage, elle leva les yeux vers lui et continua :

- Voilà, Axel, je...

Un rire lointain la coupa dans son élan. Ils regardèrent, tous les deux, droit devant eux...

Clara était là, en train de les regarder, assise sur une poubelle. Morgane s'empourpra de gêne et de colère en la voyant. Elle souffla :

- Bordel de merde.

- Bah alors ? lança l'autre Destroya. On est pas avec les autres ?

- Et alors ? On peut pas être que tous les deux ?

Clara siffla, comme impressionnée. Cette fois, c'était clair et net : Morgane la trouvait vraiment insupportable.

- En fait, lança l'autre adolescente, on doit toujours garder un œil sur vous. Vous êtes nouveaux, alors...

- Mais c'est bon, on est pas des mioches quoi ! protesta Morgane. Sans déconner, t'es soûlante.

- Oh, je vous dérangeais, c'est ça ? C'est mignon...

Kim croassa bruyamment, sa maîtresse lâcha un grognement de frustration. Poings serrés, elle se laissa glisser pour rejoindre la terre ferme et s'en alla d'un pas rapide, en pestant contre Clara. Axel et l'autre Destroya la regardèrent partir, elle en souriant, lui en levant un sourcil.

Son plan pour avouer ses sentiments, après tout ce temps à avoir gardé le silence, venait de lamentablement échouer. À cause de Clara.

La Destroya se retrouva dans une ruelle sombre, entre deux bâtiments. Débordante de déception, elle se laissa glisser contre le mur et resta seule et silencieuse pendant un long moment. Un trop long moment.