Chapitre 10

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Baptiste sourit en voyant toutes ces boîtes de conserve et ces bouteilles d'eau, devant ses yeux.

Il se leva de sa chaise et déclara :

- Parfait ! Vous avez fait un bon travail... plutôt pas mal, pour des petits nouveaux.

Morgane le fixa, les bras croisés. Si seulement il savait qu'elle avait été inutile pendant cette expédition...

- Vous avez croisé d'autres Destroyas ? demanda leur chef à Mathys et à Clara.

- Oui, répondit l'adolescent, un homme. Je l'ai tué, il était déjà devenu fou.

- Oh.

Un silence. Baptiste s'assit de nouveau et ferma les yeux, coudes posés sur les accotoirs de sa chaise, doigts entremêlés entre eux et près de son visage. Il lança calmement :

- D'accord. Bon travail, en tout cas.

Il regarda le Destroya au t-shirt troué.

- Mathys, va ramener tout ça dans la salle à provisions, avec Clara.

Ils hochèrent tous les deux la tête, Baptiste regarda alors les autres.

- Vous, je vous libère pour le moment. Vous n'êtes pas décevants, pour des nouveaux... je vous appellerai, si j'ai besoin de vous.

- D'accord, répondit Armande en hochant elle aussi la tête. On y va, les gars.

Ils la suivirent tous, sauf Morgane. Elle fixa le chef du regard... ils étaient tous partis. Ils n'étaient plus que tous les deux.

Baptiste ouvrit un œil et la regarda, il fit un léger sourire. Morgane eut seulement le temps de cligner des yeux que le chef se retrouva pile devant elle. Elle étouffa un cri de surprise et fit un pas en arrière.

- Je n'aime pas trop qu'on me fixe du regard comme ça, lança-t-il calmement. Pars.

La Destroya plissa du regard et lança, en détournant le regard :

- J'avais une question à te poser, en fait.

- Eh bah, je t'écoute.

Il semblait trop serein, comme inébranlable... Morgane le regarda de nouveau dans les yeux, se plongeant dans son regard bleu grisâtre.

- Tu es le chef, oui, déclara-t-elle. Mais quel est ton pouvoir ?

Elle n'arrivait pas à croire qu'il contrôlait la glace. C'était impensable après ce que lui avait dit Axel...

Mais c'est devant ses yeux écarquillés par l'étonnement que le chef fit lentement surgir une stalagmite gelée du sol... Morgane en resta bouche bée.

- C'est drôle que tu me demandes ça, avoua Baptiste en faisant un petit rire. Les nouveaux n'osent jamais me le demander... mais je suis un Destroya qui contrôle la glace. Je peux geler tout et n'importe quoi, créer tout ce que je veux avec de la glace...

La Destroya fit un pas en arrière. Pourquoi ? Comment ? C'était... c'était...

- Mais c'est impossible ! s'écria-t-elle enfin.

Baptiste haussa un sourcil.

- Pardon ? lança-t-il.

- Comment tu peux seulement contrôler la glace alors que... que...

Le chef posa une main sur l'épaule qui n'était pas occupée par Kim. Il fit, toujours de ce même ton calme :

- Tu as l'air fatiguée, je me trompe ?

Elle ne lui répondit pas. Mais il avait parfaitement raison... cette courte expédition hors de la Ville l'avait exténuée.

- Tu sais, continua-t-il, je suis peut-être le chef de la Ville, mais je n'ai pas un pouvoir extraordinaire. Dis-moi... tu connais celui de Mathys ?

- Il a des os qui peuvent sortir de son dos, raconta Morgane.

- Oui... et, regarde, c'est clairement plus impressionnant que de la glace, non ? Je contrôle ce pouvoir et j'en suis bien content. Tu as ma parole.

Baptiste retira sa main de son épaule. Morgane pourrait bien le croire... si elle ne savait pas le fait que l'arrêt du temps n'avait aucun effet sur lui. Elle hocha la tête, pour lui faire croire qu'elle le croyait, puis lui sourit.

- Allez, continua le chef en lui souriant à son tour. Si j'étais toi... je sortirais d'ici.

- Ah, et pourquoi ? demanda la Destroya.

- Je ne sais pas... j'ai comme un pressentiment. Vas-y.

Morgane haussa un sourcil avant d'obéir sans se poser la moindre question. Elle partit alors de la cour intérieure... et vit quelque chose qui lui donna l'envie de vomir. Ou de détruire d'autres meubles abandonnés dans un appartement délabré.

C'est avec horreur, mais aussi avec beaucoup de jalousie et de colère, qu'elle vit Axel en compagnie de Clara. Tous les deux parlaient, juste devant l'hôtel Monclar. Morgane les regardait parler ensemble, poings serrés et yeux animés par sa jalousie envahissante et destructrice.

Puis les deux Destroyas la remarquèrent. L'adolescente sourit à Morgane, chose qui lui donna envie de se ruer sur elle et l'étrangler de toutes ses forces.

- Ah, cracha la Destroya au corbeau, j'vous dérange, j'présume.

- En fait, avoua l'adolescent, je... euh... t'attendais.

Morgane ne sut pas quoi dire pendant un moment. Elle commençait à paniquer et à rougir, comme à son habitude.

- Bon, je vous laisse ! Bonne chance, lança Clara à Axel.

Pourquoi ''bonne chance'' ? Morgane la fusilla du regard jusqu'à qu'elle disparaisse de son champ de vision.

Elle s'approcha de l'adolescent, ils se regardèrent droit dans les yeux. Morgane était toujours obligée de lever la tête pour se plonger dans son regard... un détail qui les faisait, tous les deux, rire. Mais qui rappelait aussi à l'adolescente à quel point elle était petite à rapport à lui.

- Bref, pourquoi tu m'attendais ? demanda la Destroya en souriant légèrement et en essayant de rester le plus calme possible.

- Je voulais te parler... juste tous les deux.

Morgane n'eut pas le temps d'articuler un mot. Axel l'attrapa par le bras et l'entraîna vers les voitures abandonnées.

DESTROYAS II : La Zone FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant