Chapitre 17

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La porte de la chambre s'ouvrit, ce qui attira l'attention de la Destroya. Armande débarqua violemment et hurla, en voyant Morgane éveillée :

- Oh mon Dieu, t'es enfin réveillée ! Oh mon Dieu !

Son corbeau passa par la porte ouverte et se posa sur ses genoux, Kim croassa en voyant sa maîtresse enfin consciente. L'adolescente tourna son regard vers sa gauche...

Baptiste avait disparu !

- Mais ! laissa-t-elle échapper de sa bouche, de frustration et d'abasourdissement.

- Quoi, ''mais'' ? demanda l'autre Destroya en haussant un sourcil.

- Il était... il était juste là !

Un silence. Armande resta perplexe un long moment.

- De qui tu parles, Morgane ?

- Rah, laisse tomber, rétorqua-t-elle d'un ton amer.

Malgré son agacement envers l'autre Destroya, qui les avait interrompus, celle au corbeau et leur chef, Morgane ne pouvait pas se retenir d'être soulagée de voir Armande vivante. L'image de son cadavre ensanglanté, contribuant à cette montagne de chair, continuait à la hanter.

Celle qui pouvait se téléporter s'approcha du lit, un plateau en plastique en main. Morgane put voir alors une assiette de petits pois, avec un ridicule bout de pain et un bichet d'eau.

- Il y avait que ça, raconta Armande en posant le plateau sur les genoux de l'autre Destroya, ce qui fit partir Kim. Trouver de la viande en bon état, ici, c'est limite improbable.

- C'est pas grave, j'aime bien les petits pois.

C'est en voyant son repas que Morgane réalisa qu'elle mourait de faim ! Son ventre se mit à gargouiller bruyamment... ce qui fit exploser de rire Armande.

Celle au corbeau engloutit alors toute la nourriture qui lui était présentée, ne n'en laissant même pas une miette. Les petits pois étaient fades, mais Morgane avait trop faim pour faire sa difficile.

- Ça devait être terrible, lança calmement Armande, pour que tu paniques et t'évanouisse comme ça.

Sa cuillère remplie de ces petites billes vertes n'atteignit pas sa bouche, cette phrase lui retourna l'estomac en quelques maigres secondes. Morgane reposa sa cuillère, dos contre l'assiette, puis lança un rire amer. Elle put revoir les images affreuses défiler devant ses yeux.

- Ouais, c'était pas beau à voir.

- Quand j'ai vu Mila et Quentin se décomposer comme ça, raconta Armande, lorsque Baraka leur a matérialisé leurs peurs, j'avais compris que c'était une mauvaise idée.

- Et j'ai voulu le faire, moi aussi. Mes conneries me tueront.

Morgane refit un léger rire jaune, comme pour calmer cette ambiance pesante, mais Armande resta de marbre. Cette dernière fit, d'une voix plus dure et les sourcils légèrement froncés :

- Je vois pas pourquoi vous avez fait ça. Mila et Quentin s'en sont remis rapidement... mais toi ! Tu le sais mieux que quiconque que c'était une mauvaise idée, non ?

- Ouais. Mais je voulais tenter, quand même.

- T'es totalement débile.

- Grave, termina Morgane d'un ton lointain.

Un silence s'installa entre les deux adolescentes. Celle au corbeau fixa son assiette avec des yeux écarquillés, encore traumatisée par la puissance de cette hallucination énorme qui a bien failli la tuer.

Puis quelque chose s'éclaira dans sa tête. Il y eut comme un déclic. Elle regarda alors Armande et demanda :

- Sinon, les autres vont bien ? Et Axel ?

L'autre ne lui répondit pas directement, soupirant lentement avant d'articuler quelque chose. Elle fit d'une voix plus douce :

- On aurait dû aller en expédition, mais sans toi, c'était pas possible. Baraka s'en veut encore de t'avoir fait ça. Quant à Axel...

Armande marqua une pause, ce qui étonna celle au corbeau, mais ce qui l'inquiéta aussi énormément. Il y aurait pu se passer tant de choses, en deux jours, deux jours où elle était perdue entre le réel et l'irréel, loin de tout.

- Il va bien, termina enfin celle qui pouvait se téléporter, enfin... il s'est enfermé dans sa chambre et il voulait plus sortir. J'ai dû me téléporter dans sa chambre, ouvrir la porte puis demander à Zakari et à ses clones de le traîner à l'extérieur... pour te dire à quel point il voulait pas sortir !

- Quel gamin, rétorqua Morgane en rigolant.

- Ouais, mais bon, son comportement peut s'expliquer, hein. Il a bien cru que t'allais mourir.

Cette remarque arrêta brusquement son rire. Armande avait raison, ça ne se discutait pas.

- Parfois, raconta celle qui pouvait se téléporter, on le retrouvait, agenouillé et la tête sur ton lit, endormi. Souvent, même. En fait, depuis le moment où on l'a sorti de sa chambre, Axel passait sa journée ici. Puis, bon, le chef le forçait un peu à faire autre chose que te regarder dormir toute la journée.

- Oh...

- D'après lui, ça t'arrive de baver quand tu dors.

Armande dut se retenir de pouffer en disant cela. Morgane baissa les yeux, légèrement honteuse, commençant à devenir écarlate d'embarras.

- C'est gênant, avoua celle au corbeau.

- Mais assez marrant, en y repensant !

Elles rigolèrent ensemble, même si Morgane aurait voulu que cette information reste inconnue de tous... et puis, après tout, pourquoi ? Le ridicule ne tuait pas, à ce qu'elle savait.

Puis, en voyant l'assiette presque vide, le pain englouti et le trois quart de l'eau évaporé, Armande attrapa le plateau et contourna le lit. Elle attrapa la poignée d'une seule main puis fit, en se tournant vers Morgane :

- Je vais te laisser te reposer, un peu. Je vais avertir aussi les autres que t'es réveillée.

L'autre lui répondit d'un hochement de tête, Armande lui sourit avant de disparaître, en fermant doucement la porte. Celle au corbeau se retrouva seule, avec Kim, accroché à l'accotoir d'une chaise, près du lit.

Peut-être que Baptiste allait réapparaître ? Morgane l'espérait... mais après une, deux, trois, dix minutes de solitude, elle comprit que leur chef s'était évaporé et qu'il ne reviendrait pas la voir. Plein de déception et d'amertume, elle se coucha sur le côté, en espérant dormir encore un peu.

Tout cela n'était qu'un cauchemar, ils étaient tous vivants. Enfin, pour sa mère et sa sœur, elle l'ignorait, mais ses amis étaient encore là... et Axel ne s'était pas fait tuer par celui qu'elle détestait le plus au monde.

En soit, ils étaient sa nouvelle famille...

En repensant au fait qu'ils étaient encore de ce monde, quoiqu'impitoyable et injuste, Morgane explosa en larmes, enfin complètement soulagée.

DESTROYAS II : La Zone FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant