Interview. Nom féminin.

531 60 4
                                    

Interview. Nom féminin. Interrogatoire sans sévices bien qu'éventuellement serré.


Pierre Assouline


Bryan s'est calmé bien vite, il s'est même intéressé de plus près à mon repas chez les parents de Louis. Histoire d'occuper ses pensées. J'peux pas vraiment lui en vouloir, dans son cas, je ne sais pas comment je serais. Du coup je me suis répété une fois de plus.

Il y a un accord tacite entre nous deux : aucune nana ne foutra la merde, point barre fin de l'histoire, enfin en plus des nanas, on va rajouter Louis maintenant.

Il sera le seul. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je le sais. Peut-être que Jess a raison que je ne suis pas qu'attiré par son physique, mais aussi par ce qu'il est. Ce qu'il me fait ressentir.
J'sais pas, je sais plus, puis je n'ai pas du tout envie d'y réfléchir. Tout ce que je sais c'est ce que ça va, que je me sens bien. J'ai trop de trucs qui me pourrisse le crâne en ce moment, j'arrive plus vraiment à me poser pour comprendre tout ça.

Les deux salopards ont fini par partir sans que le blond ne les voie, tant mieux. Pas pour eux, mais pour lui, je l'ai déjà vu porter et jeter des bidons de 30 L de flottes sur un gars pendant une grosse embrouille. Il est fort et quand il déconnecte, presque ingérable. Même pour moi.

Au passage voir un bidon lancé comme s'il ne pesait rien ça calme.

— Ça fait un moment que tu ne m'as pas dit que tu séchais. Me dit ma mère, torchon au repos sur son épaule, elle sort un paquet de céréales et le pose devant moi. Le pater' n'est pas là, étrange. J'ai presque commencé à m'habituer à son crâne dégarni qui me saute aux yeux tous les matins. Remarque, heureusement que je suis solide sinon c'est la cécité directe ! C'est une agression perpétuelle.
— J'ai pris en compte ton désir de faire de moi un élève modèle. Je lui réponds avec mon éternel sourire de branleur, j'ai un peu dans la tête dans le cul quand même, auquel elle me répond en levant les yeux au ciel. Elle a beau faire, je sais de qui je tiens mon éternel rictus. Ne t'inquiète pas, je les cumule pour me faire un rab de vacances. Je termine en remplissant mon bol de lait.
— Même pas en rêve mon grand. Bon... Elle se pose en face de moi et noue des doigts, je vais avoir le droit à un interrogatoire en règle, bordel je le sens bien venir ce coup la.

Mes trois neurones sortent de leur léthargie habituelle et ça fait « tilt » là-dedans. Si son mari n'est pas là, ce n'est pas pour rien.

Borde de merde. Je souris moins d'un coup et je suis totalement réveillé.

Je tends les jambes devant moi et essais de ne pas paraître stresser. Ma mère est en mode « proie verrouillée »... je suis dans la merde.


— Donc ?
— Donc, quoi ?
J'ai l'immense connerie de lui demander, un jour faut que j'apprenne à la fermer.
Elle hausse un sourcil et son rictus s'agrandit un peu plus. Je crois qu'il est temps de réciter une petite prière.

— À qui appartiennent les pieds qui étaient dans ta chambre l'autre jour ? Bim prend ça dans les dents, comme ça direct sans tour de chauffe !

Joker ! Ouais joker ! JOKER !!!!!

Bon branleur, trouillard, de base bonjour.

— À une personne. Je lui réponds en plongeant ma cuillère dans mon bol. J'ai l'impression de manger des lames de rasoir, au passage je touille mon bol une fois de plus.
— Cette personne a-t-elle un prénom ?
Une grosse goutte glaciale roule sur ma tempe et tombe sur la table en bois de la cuisine. Je gobe rapidement une autre cuillerée, histoire de me donner un peu de temps. C'est de la bouillie... dégueulasse. J'aime pas les céréales gorgées de lait.
Comme tout bon être humain, ses parents lui ont donné un patronyme à sa naissance. Je e sais pas vraiment ce que donne cette phrase a la sortit, en tout cas j'ai fait de mon mieux.
Le regard de ma traqueuse de mère se fonce, j'suis dans la merde. Vraiment, vraiment, plus qu'il ya cinq minutes en tout cas.
— Ses parents dis-tu... Comment sont-ils ?

Houlala houlala, houlala, c'est la grosse galère, je sens son piège se refermer sur moi. Je regarde partout autour de moi, toutes les portes et fenêtres sont fermées, elle a prévu le coup. Puis maintenant, je suis trop gros pour me barrer par la fenêtre du débarras. Quoi que si je force un peu...
— Ils ont deux bras et deux jambes, j'imagine. Je m'entends lui dire pas franchement sûr de moi.
Elle plisse les yeux, ce ne sont plus que deux fentes. Je rajoute les lasers rouges et on dirait le gars dans les X-Men... Tant que c'est pas Wolverine, je pense que je peux m'en sortir, quoique je suis sûr que même lui ferait pas son fière en ce moment. On parle de ma mère quand même. Je peine a avaler ma bouillie de céréale.
Donc tu les as vus. Je me sens me décomposer. Et vu la bouille que tu tires, tu sais que tu es foutu. Aller crache le morceau Adam. À qui appartiennent ses pieds ?

Putain de bordel de merde... J'ai l'impression que les murs de cette pièce se referment sur moi. Je suis pas vraiment bien là.

Franchement s'il y a une quelconque divinité qui ne me hait pas là-haut ce serait chouette de rappliquer maintenant ! Ou alors qu'elle déclenche une apocalypse ! Une nuée de mouton orange carnivore !! Ouais un truc sympa dans l'genre. Même un tout petit truc !

Cette femme est un robot, elle n'a pas bougé d'un quart de millimètre, elle se contente de me fixer avec son sourire à la noix. Je ne suis pas sur qu'elle respire.

Non, c'est un monstre, ouais un monstre.

— J'attends.
— J'veux pas te le dire
. Je lui murmure honteux et pas franchement bien dans mes pompes.
— Ça, j'ai bien compris, je peux au moins savoir pourquoi ?

Par ce que c'est un mec qui partage mes moments les plus intimes depuis quelques jours et que j'adore ça et que mon cerveau est devenu l'ambassade mondiale de porno land à cause de lui et c'est mon mec. Non, définitivement non. Tout va bien.

— Ho, Adam, tu fous quoi !? Beugle Bryan en rentrant dans la cuisine. Je n'ai jamais été aussi heureux de le voir.

Merci à je ne sais qui pour ce divin cadeau du ciel.

Il se colle au mur quand ma mère se retourne vers lui, à mon avis, il a eu le droit à un regard de la mort qui tue.
— Passez une bonne journée les garçons. Dis simplement notre bourreau en se levant et quittant la pièce sans un bruit. C'est vraiment très flippant.
Je ne me suis pas fait prier deux fois pour m'éjecter d'ici. Bryan non plus.

— Il s'est passé quoi ? Il me demande une fois qu'on est dehors, au passage jamais l'air pollué de la banlieue ne m'a parut si frais.
— Elle a essayé de me cuisiner
. Je souffle en faisant les gros yeux.
— Outch, un jour il...
— Un jour comme tu dis.
Je le coupe en avançant rapidement.

On rejoint tout le monde derrière le gymnase, on se marre bien ça détend un peu. Forcément Bryan raconte mon interrogatoire de ce matin à tout le monde. Louis ne le prend pas mal, il m'a dit qu'il me donnait du temps, il n'est pas chien pour ça. Il se fou bien de moi, plus que les autres je dirais.

Quand ça sonne, on se dirige, c'est la salle de philo. Je ne le dirais jamais à voix haute, mais ce cours est un de mes préférés depuis peu.

— Tu as eu chaud à ton joli petit cul. Me dit Jess juste avant de tourner dans un autre couloir. Elle se retourne vers moi et comprend parfaitement l'insulte que je mime elle me répond par un baisé exagéré en riant. Quelqu'un lui rentre dedans, il s'excuse rapidement et reprend son chemin. Elle se retourne définitivement et se marre comme une tordu tout en sautillant. 


Nda : comme toujours dites moi ce que vous en pensez et si le cœur vous en dit faites un tour sur les autres histoires.

Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant