Je t'aime.

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Son immobilité me fait peur.

Il est là, allongé sur son lit, le dos légèrement relevé par des oreillers. Il a un bandage qui entoure sa tête et une perfusion reliée au goutte-à-goutte planté dans son bras. Je me retourne et remarque que je suis seul. Je n'avais pas entendu la porte se refermer.

— Hey. La voix faiblarde de Louis me fait tourner de nouveau la tête.
— Hey. Je lui réponds en m'approchant doucement de lui, il me répond par son plus beau sourire. C'est à ce moment-là que toutes mes barrières explosent en même temps sans cris et garde.

Il tapote la place à côté de lui toujours souriant, je m'avance vers lui et me pose le plus doucement possible, j'ai peur de lui faire mal. Si son dernier contact doit être une gifle, je préfère en être parfaitement conscient, alors je m'accroche à mon tout dernier bout de mur et me reconnecte avec la réalité.

Sa main cherche la mienne en passant par-dessus son drap, je la lui donne et respire enfin, lui aussi.
Il prend une grande inspiration et ancre son regard dans le mien. Je serre les dents pour ne pas fondre en larmes, putain quel beau branleur je fais...

— J'ai franchement eu la trouille. Il me dit en se relevant un peu, je me déplace pour lui laisser autant de place qu'il lui faut et me replace à côté de lui quand il a fini.
— Moi aussi. Je lui réponds en lui prenant la main. Il tend le bras et touche ma tempe endolorie. J'suis désolé. Je murmure en baissant le nez honteux.
— La ferme. Sa main passe de mon visage à mon col, qu'il attrape et me tire vers lui avec force. Je ne cherche pas à comprendre, tout ce que je sais, c'est que mon homme de Vitruve m'embrasse alors qu'il est dans un lit d'hôpital à cause de moi.

Je plaque mes deux mains sur ses joues et approfondis notre baiser.

— J'crois que je suis amoureux.
Il me dit en se mordant la lèvre. Je souris comme un bien heureux, mais je ne cherche pas à ravaler cette boule qui m'empêche de parler, je baisse le nez et mon corps est secoué d'un petit rire plus nerveux qu'autre chose.
— J'suis fou de toi. Je lui murmure contre sa bouche et les larmes aux yeux.


 Je l'embrasse jusqu'à ne plus en pouvoir, jusqu'à que ses "je t'aime" repousse toute ma noirceur, je le ferais jusqu'à que je deviennequelqu'un de bien.     

Deux coups donnés sur la porte me fait tourner la tête, sans attendre la moindre réponse, elle s'ouvre et laissent apparaître les parents de Louis, Murielle et Jean. Mes parents les suivent, nos amis aussi.

Sa mère se précipite vers lui et baragouine, je ne sais quoi, moi, je me décale et fais un truc que de mémoire d'homme, je n'ai jamais fait.

Je me planque dans les bras du mari de ma mère. Ouais comme un gosse, je me cale contre lui, il ne se fait pas prier. Il resserre ses bras autour de moi bien sûr le tout sous le regard, chargé de mille émotions, de ma sainte mère et de mon meilleur ami.

J'entends Jess souffler un « enfin ». Je souris sans quitter ses bras qui au final m'ont tant manqué.

Aujourd'hui, dans cette salle insignifiante, après cette journée de merde, entourée des gens que j'aime, j'ai la prétention de dire que moi Adam Laurence à pas encore dix-huit ans, je suis le gars le plus chanceux de la terre, car je suis follement amoureux, heureux et accepté.

Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant