Qui ne défend pas ses droits mérite de les perdre.

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 Gérard Haas

On se lève comme un seul homme et on prend le même chemin que le groupe de blaireau, le bâtiment qui suit est celui des musicos.

On accélère le pas.

Bryan me devance d'un bon pas, je le vois se tendre de seconde en seconde, je ne suis pas mieux. Je peux pas m'empêcher de me demander si Louis est bien rentré. C'est plus fort que moi, mon esprit divague aussi sec vers lui.



Devant le bâtiment, on dégonfle rapidement, on la voit à travers la fenêtre elle s'exerce sur sa guitare, quelques petites mèches folles s'échappent de son chignon désordonné. Le blond baisse le nez et souffle, j'enfonce mes mains dans mes poches.



— J'crois que j'vais pas lâcher Estelle dans les jours à venir. Il me dit en se tournant vers moi sans vraiment me regarder.

Pourtant je vois que son regard a totalement changé, il est comme toutes ces fois ou il se contient, comme toutes les fois où il sait qu'il risque de dérailler. Je connais bien ce regard, quand l'un de nous perd pied l'autre n'est jamais loin, c'est une règle.

Point barre fin de l'histoire. À deux, toujours à deux.



On se retrouve tous les deux devant la salle de classe de la petite blonde, je m'appuie contre le mur et sort mon portable. Il faut que je m'assure qu'il va bien c'est plus fort que moi.



« T'es chez toi ?


Oui »



Louis me répond aussi sec et sèchement que ma question l'est. Bon, je n'ai pas fait preuve non plus de beaucoup de douceur. Pour le coup, je me fous d'être doux, je veux juste être rassuré. Il est chez lui, certainement en colère contre moi, mais chez lui. Je n'ai pas le temps de ranger mon portable qu'il vibre de nouveau. De toute façon moi aussi j'ai les nerfs contre lui. Donc il peut penser même croire ce qu'il veut. 



« Je serais devant chez toi ce soir, te demande pas ton avis. »



Je grogne en lisant son message, il se prend pour qui lui ?! Pour le coup je ne lui réponds pas, vaut mieux pas pour lui.

Putain qu'ça m'bouffe ! Il m'a vendu du rêve ce con et j'ai été assez stupide pour y croire et pas qu'un peu ! J'ai les tripes en vrac, je dois serrer les dents pour me retenir de beugler tout un tas de trucs que je ne suis pas forcement sur de regretter, alors je me la ferme et écoute le blond.

Mais une chose est sûre, je l'ai mauvaise et pas qu'un peu. Vraiment pas, je me sens trahi. 


Avec le blond, on est d'accord sur le fait que les deux abrutis vont s'en prendre à la blonde, c'est une proie facile. Malgré sa grande gueule, elle reste une nana. Le truc, c'est qu'il ne faut pas que Bryan se fasse virer sinon sa bourse universitaire va sauter. Je lui dis donc que si ça va trop loin, je prendrais tout sur le dos. Le pater » ne va pas aimer, ma mère non plus... Faut aussi que je pense à Jess, on n'sait jamais.

— Ou alors on se les chope à l'extérieur. Il me dit en plantant son regard dans le mien.


— Aussi, tant qu'on leur tombe dessus moi ça m'va. Je lui réponds en haussant les épaules.



Mes trois neurones partent en vrille, Louis, Louis encore et toujours Louis. J'espère avoir été assez discret ? Je suis sûr que je ne supporterais pas de le voir acculé une nouvelle fois, ouais je n'aimerais pas ça des masses.

Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant