La fidélité n'est pas dans les actes, mais dans le cœur.

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La fidélité n'est pas dans les actes, mais dans le cœur.
  
Montherlant

 

Ma mère a dû avoir le pied lourd, car je n'ai pas attendu plus de vingt minutes. Aucun de nous deux ne parle le temps qu'elle fasse demi-tour. Tant mieux je n'ai rien à dire. Rien a personne !

Mon téléphone n'a pas arrêté de vibrer. Je sais que Bryan m'a inondé de messages et d'appels. Jess aussi m'a harcelée, j'ai encore moins envie de lui répondre. Je sais, c'est irrationnel.

— Tu m'expliques ? Me demande doucement le petit bout de femme à côté de moi tout en regardant la route.

Lui expliquer ? Non. Expliquer quoi de toute façon ? Tout n'est pas bon à dire. Je n'ai pas envie de m'étaler, si j'avais eu envie de lui parler de tout ça, je l'aurais déjà fait, donc je me la ferme. Je pose ma tête contre la vitre froide, les frissons m'envahissent, mais c'est bizarre ce n'est pas comme quand... non ! Stop !

Elle souffle, elle sait que je ne parlerai pas. Il paraît que je suis un poil têtu.

Juste un peu.

Je sens le regard de ma mère braqué sur moi, plus les secondes passent plus j'ai envie de me planquer. Elle ne dit rien et franchement elle n'a pas besoin de parler pour me faire sentir con. Je me cale un peu plus contre la portière avec un peu de chance je pourrais me fondre dedans. Je me racle doucement la gorge, pas trop fort quand même. Je m'entoure le corps de mes bras et essaie d'ignorer la brûlure de son regard sur moi.

— Tu es bien comme ton père... Elle commence doucement. Trop tranquillement j'aurais pu le comprendre, mais comme je suis un poil con, j'ai fait du grand moi...

— Ne m'insulte pas, je crache avec plus de hargne que je ne l'aurais voulu.
— De quelle insulte tu parles ? Elle me demande toujours sur le même ton, un ton dangereux finalement.
— D'être comme ce grand con !

Elle se gare sur le bas-côté en tirant sur le frein à main, les pneus crissent et une volée de cailloux arrose l'herbe, ses petites mains se tendent sur le volant et blanchissent à vue d'œil. Ce qui me fait le plus flipper c'est son regard. Noir, vraiment noir, comme l'autre abruti, en plus meurtri et violent. Je m'enfonce contre la portière, j'suis mort.

.
— Mais merde Adam ! Merde ! Elle frappe le cuir du volant du plat de sa main à chaque juron. Quand vas-tu te l'intégrer ? Ce n'est pas une insulte ! Mais le plus beau compliment que je puisse te faire ! Merde ! Ferme-la, je n'ai pas terminé !  Elle me dit quand je commence à ouvrir la bouche, je me ratatine une fois de plus contre la tôle froide de la carlingue en me la fermant. Tu sais ce qu'il a fait quand il t'a vu te barrer ? Non, bien évidemment ! J'imagine que tu ne t'es pas rendu compte qu'en passant par la cuisine, tu l'as bousculé et pratiquement envoyé contre le mur ? Pour le coup, je ne préfère pas répondre, j'avale difficilement ma salive. Quand tu t'es barré, il m'a demandé tout de suite s'il n'avait pas dit ou fait quelque chose qu'il ne fallait pas !

Première claque.

— Il s'est mis à tourner en rond comme un putain de lion en cage ! Il s'inquiète ! Tu le comprends ça ? Quand tu m'as appelé, tu ne t'es pas demandé pourquoi je n'ai pas répondu tout de suite ? Non, bah non ! Maintenant, elle crie vraiment en levant les bras au ciel, j'ai mal aux tripes. Au bout de vingt minutes sans nouvelles de toi, il a pris tous les téléphones et il faisait les cent pas dans le salon.

Deuxième claque.

— Quand tu as enfin daigné m'appeler, il aurait pu répondre, mais il ne l'a pas fait ! Tu sais pourquoi ?
Je baisse le nez, oui, je sais, je me sens bien con.

Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant