Chaque guerre appelle une nouvelle guerre.

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 Dominique De Villepin.

J'ai déraillé, vraiment déraillé, j'ai mis mon cerveau sur off et j'ai laissé parlé ce qui a de plus mauvais en moi.

Mes trois neurones sont aux abonnés absents et mon quatrième ne jure que par la vengeance et le sang. Je le laisse me posséder aveuglément !

À la différence du black devant moi, je n'ai pas besoin d'objet pour mettre quelqu'un à terre, juste mes poings et ma haine me suffisent.

En deux pas, je me suis approché de lui, l'ai poussé, par pure provocation et surtout pour l'éloigner de Louis et des filles qui l'entourent, il a cru que j'allais le frapper au visage.

Pauvre con terriblement banal !

Les conseils du pater' résonnent en moi comme un second souffle. « Le lâche pas du regard ! Souffle entre chaque coup ! Impose-toi ! »

J'l'ai pas lâché, j'ai bien fixé mes yeux dans les siens, j'ai bien soufflé entre chaque coup et j'me suis imposé.

Il a pris le temps de se protéger sa veille tronche, je lui ai explosé les entrailles en abattant mon poing dedans. Il s'est plié en deux et son nez a rencontré mon genou. À moitié au sol, je l'ai couché d'un bon coup de pied sur le flan. Il a roulé sur le sol comme une grosse merde en gémissant comme un bon à rien.

Gros silence.

Plus personne ne bouge, ne respire, ne cligne des yeux, puis comme un accord tacite entre le blond et moi nos regards se croisent et là, on sait. Oui, on sait que ça pourrait s'arrêter là, que Justin ne bronche pas puisqu'il est tenu en respect par mon meilleur ami. On sait surtout que si on ne règle pas ça tout de suite le retour sera pire. Il faut tuer le mal par le mal, comme dirait ma sainte mère.

Bryan envoie valser sa veste d'un mouvement d'épaule et assomme l'autre abruti de service en un coup de poing en plein dans sa mâchoire. J'ai serré les dents en le voyant faire.

Puis ce fut le bordel.

Le calme apparent a volé en éclats. Tout a explosé autour de nous.

Je suis resté devant le trio, je me suis appliqué à éloigner chaque connard qui osait s'approcher de moi et donc de Louis et des filles par la même occasion.

Il y en a pas mal qui se foutent sur la tronche, je suis sûr que les trois quarts le font pour le plaisir. Pourtant, j'suis sûr que les esprits de sainteté et les musicos, eux, savent très bien ce qu'il se passe où alors c'est par pur esprit d'équipe ? Franchement, j'm'en fous ! Ils aident pas mal !
Un gars, lui, je ne le connais pas et sa tronche ne me dit rien, se fait recevoir par le geek du jeudi, faut pas croire, mais ça muscle les jeux vidéo, je suis l'action des yeux.

Je n'aurais pas dû.

Je me prends en pleine tempe un coup qui me fait voir trouble aussi sec, je secoue la tête de gauche à droite en grognant, je perds l'équilibre et me retrouve à moitié à genou une main qui me soutient à même le sol et l'autre sur mon crâne qui part en vrille.

— Vire ! Beugle Jess, je reconnais ses baskets blanches et violettes sous mon nez, quand je relève les yeux, tout en les plissant, je vois qu'elle lui envoie l'intégralité de sa bombe aux poivres dans les yeux. Il se recule et se casse tant bien que mal. Debout ! C'est pas le moment de se la jouer fillette ! Elle me dit en me tendant une main.

Je la prends, la remercie et envois mon pied direct dans la hanche d'un blaireau.

Les coups pleuvent encore un moment avant que les sirènes ne recouvrent le bordel qu'on fait, comme un appel à la survie les gens se dissipent, enfin ceux qui n'étaient là que pour le plaisir de l'être. Les surveillants et quelques profs essaient de faire quelque chose ais ils sont vite surpassé par la situation.

Dans le fond moi aussi.

Les autres, des tas dont le prénom m'échappe restent auprès de nous. D'un coup d'œil, je remarque que Louis est dos contre les genoux d'Estelle et qu'il essaie de se relever, bien sûr la petite blonde l'en empêche bien sûr, il râle comme un putois. Du sang tache les vêtements de la musicos...

Je souffle, il respire.

— Bryan ! Je fais un demi-tour sur moi-même en beuglant comme un sauvage, bien sûr ma tête et mes yeux ne sont pas du même avis, j'ai une nausée de fou.

Je l'entends avant de le voir et je sens la grosse paluche d'Idriss sur mon épaule avant de l'entendre.

Le premier me dit que j'ai une sale tronche et que tout va bien et le second ne dit rien, il se contente de me regarder et s'en va vers mon homme de Vitruve.

Les pompiers l'ont très vite pris en charge, des flics interrogeaient déjà des gens. Ça grouillait de partout, ma tête me fait de plus en plus mal. J'ai du mal à rester debout, ma vision se trouble de plus en plus.

Jess s'approche de moi, elle me parle, mais je ne comprends pas ce qu'elle essaie de me dire. Elle me touche le visage, je ne sens pas grand-chose non plus.

Tout, c'est passé vraiment vite, en un rien de temps le lycée a basculé dans un genre de guérilla ou le plus fort cherche à imposer sa loi. Je ne veux pas imposer ma loi, j'veux juste qu'on me foute la paix, qu'on me laisse m'afficher avec mon copain, j'veux autant de liberté et de tolérance que tous les autres couples ont.
Je ne voulais pas tout ça... Juste qu'on nous foute la paix... Pas tout ce merdier.

Pendant que mon beau brun se fait monter dans le camion pour aller aux urgences la directrice vient vers moi en hurlant, je ne sais quelle connerie. Je l'entends à peine. Je ne sais plus vraiment ou j'en suis ou et ou je suis.

C'est de ma faute tout ça... je... Merde... Uniquement de ma faute... mes mains accrochent mes cheveux quand je vois tout ce qui se passe devant moi.

En deux-temps trois mouvements, je me retrouve dans le bureau de la directrice. Sans que je n'aie le temps d'échanger le moindre mot avec lui ni le toucher, je me lève de son siège pourri qui grince et ouvre la fenêtre.

— Je vais avec lui ! Me dit le sportif en montant à son tour sans demander l'avis de personne. Je dégonfle aussi sec.
— Je vous suis ! En disant ça, Jess sort ses clefs de voiture et secoue son portable en me regardant le tout sans en avoir rien à foutre de ce que lui disent les hommes en uniformes.
— On t'attend. Me dit Bryan en serrant sa copine contre lui.
Il a des marques un peu partout sur son visage et sa lèvre est sérieusement fendue, mais il est là, il m'attend. Je baisse le nez et souffle.
— J'vais faire un truc qui ne va pas te plaire, mais fais-moi confiance. Il me dit, forcément, je fronce les sourcils et l'incite à continuer en respirant à peine. J'appelle ton père. J'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il s'éloigne téléphone en main.
Une énorme masse tombe dans mon estomac, bien plus que de la peur. De la terreur.

— Fermez-moi cette fenêtre et veuillez vous asseoir ! Il me semble que vous me devez une explication, Monsieur Laurence.
Dis sèchement la directrice en claquant ses deux mains sur son bureau.

Je grogne en me retournant d'un coup sec, simple façade, car au fond de moi tout part en couille.

Elle se fige quand je la fixe, j'dois pas avoir un bon regard. Il faut que je me casse avant que le grand con de chauve ne débarque, il ne me reste que trente dollars putain ça va être tendu !


Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant