L'amour est le plus matinal de nos sentiments.

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Bernard Fontenelle.

J'aurais aimé que me préparer me prenne plus de temps, au moins je serais encore occupé au lieu de juste penser à ma trouille qui me bousille les tripes. Le Blond m'a tenu la jambe pendant une vie, une façon pour lui de me soutenir. J'apprécie, même si dans le fond je ne sais pas vraiment ce que je veux. Un coup j'ai envie de le serrer dans es bras et la seconde après je l'étranglerais bien volontiers.

Plus le temps passe, plus mes tripes font la fête, le blond à beau me dire que tout ira bien moi, je flippe a fond. Quand il est l'heure de décoller, j'ai une envie de pisser de tous les diables. Ma mère est devant la porte, elle nous souhaite une bonne soirée, mais ne rajoute rien de plus, car son mari est là.

On rejoint la petite bande devant le lycée, j'ai pas moufté un mot du trajet. Il y a déjà un monde fou, le fait d'être noyé dans la masse me calme un peu. J'ai l'impression que ça m'aide à me sentir invisible.

Juste un peu.

Le sportif a investi dans du maquillage spécial zombi, remarque, il ne s'est pas fait arnaquer. Mais un mort vivant de deux mètres de haut avec un casse-croûte dans les mains c'est pas franchement crédible.

Jess s'est transformée en "Mystique" des X-Men, elle l'a toujours trouvée ultra-sexy, elle lui rend plutôt bien ! La blonde ressemble à une groupie d'un groupe de rock et Louis à un gangster classe. Son pantalon à pince noir assorti à sa veste sans parler de sa chemise blanche fait de lui le nouvel Al Caponne.

Les kilos en moins, le sex-appeal en plus.

Il est planté droit comme un I devant moi contre un mur, dans toute sa splendeur, on va former un drôle de duo tous les deux. Je baisse le nez et souffle tout ce que je peux, le blond place une de ses grosses paluches sur mon épaule.

— Pense à rien vieux, t'en fou de tout ça, tout ce qui compte, c'est nous six.
— Ouais... À deux ?
Je lui demande toujours en chuchotant à quelques pas des autres, j'ai beau lui parler, je ne quitte pas des yeux mon homme de Vitruve. Ses yeux noirs sont encrés dans les miens un léger rictus étire ses lèvres vers le haut. Il est scandaleusement beau.
— À deux. Il me répond à deux pas de nos amis, au passage, il me pousse dans les bras de la seule personne qui me rend dingue.

Du coin de l'œil, je vois Jess qui nous regarde avec douceur.

En un quart de seconde, il plonge son regard d'ébène dans le mien, il me demande silencieusement si je gère. J'opine du chef en me concentrant sur a respiration, il sourit. Il enlève son chapeau melon, le place sur mon crâne en me reprochant de lui, quand nos bouches se touchent, je m'envole dans un univers qui n'apparient qu'a nous.

Juste avant de rentrer dans la grande salle, la belle brune se plante devant nous, nous bloquant le passage.

— Ce soir n'est pas représentatif des jours à venir.
— Jess... Elle ne m'écoute pas, en même temps j'ai cru quoi moi.
— Faire le premier pas n'est pas forcement le plus dur, crois-moi. Alors ce soir tu te sors les doigts du cul et tu la vit comme ci c'était la dernière ! Compris ?

J'opine du chef et me fais recaler comme un bleu quand je veux la prendre dans les bras. Son maquillage voyons !

Idriss est le dernier a passé la porte, faut vraiment que je pense a lui parler. Plus ça va plus il bouffe le petit chimpanzé des yeux.

Plusieurs moments dans la soirée, des regards mauvais m'ont fait froid dans le dos, presque peur. Certaines nanas sont venues nous voir et quand elles ont vu que, oui, je ne suis plus dispos, elles sont parties soit en nous insultant soit avec un regard de haine ou dégoûté.

Ça ne me gêne pas, ni fait mal, après tout être mis à mal par une traînée je trouve ça assez comique au final.

Louis a des radars à la place des yeux, pire que moi. Quand un mec faisait des trucs crades dans mon dos, il leur rendait bien. Si, moi, je voyais quelqu'un faire un truc qui me déplaisait, j'étais prêt à lui rentrer dedans, Idriss est souvent venu se mettre entre moi et ma nouvelle proie, tout comme mon meilleur ami. J'ai souvent du apprendre sur moi aussi, pas simple du tout.

Ça ne m'a pas empêché deux trois sales coups quand même, souvent aidés du blond.

Branleur un jour, branleur toujours.

En fait, j'ai commencé à me détendre vraiment quand les trois quarts étaient bourrés ou trop occupés à se tripoter dans les coins sombres de la pièce. Il faut aussi absolument que je trouve le gars qui a forcé sur l'alcool du punch, au final il avait un suer goût.

Ce n'est qu'à partir de ce moment-là que j'ai profité.

Louis aussi.

Pour la première fois en dix-sept ans, je me suis senti heureux et calme et sans être défoncé. On a dansé, chanté, on s'est marré. Les nanas ont aussi pris pas mal de photos.

Au petit matin, j'ai dit à ma mère que je ne rentrais pas à la maison que je dormais chez Louis. Elle m'a juste demandé si la soirée s'était bien passée, quand je lui ai dit que oui, elle m'a répondu qu'elle était heureuse pour nous.

Ça m'a fait un bien de grand malade.


Les heures qui ont suivi, on n'a pas beaucoup dormi, par contre j'ai pris de pleins fouets toute l'affection que Louis me porte. C'est plus fort que les mots, plus forts que n'importe quelle déclaration.

Surpassé, j'me suis laissé faire, il m'a montré tout ce que je suis pour lui. Bien plus puissant que n'importe quel baratin. Il m'a incrusté, à force de caresses et baisé, dans le crâne que je suis aussi son homme de Vitruve. J'ai vraiment été touché au plus profond de moi, sans mauvais jeu de mots. Vraiment, il a allumé un feu que je pensais inexistant.

Mon quatrième neurone est comblé, moi aussi. Comme dans les mauvaises comédies de sitcom à l'eau de rose, j'ai sombré dans le sommeil dans ses bras le sourire aux lèvres.


Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant