Qui châtie bien aime bien.

561 53 10
                                    


 (inconnue)

— Quand vas -tu te décider de vider mon compte en banque comme tout ado normal ? Me demande ma sainte mère quand je sors de mon magasin de fringues fétiche avec un sac dans chaque main.
— Pas besoin m'man ! Je lui dis en rangeant mon sac, plein, dans notre cadi, qui soit dit au passage devait nous servir pour faire les courses...
— Ces ados... Elle prend un de mes nouveaux jeans et le déplie devant elle. Il n'est pas un peu plus large que les autres ? Elle me demande en me regardant.

Pour le coup, j'me vois mal lui répondre " ouais, c'est un peu le résultat de la cause à effet que je ne présente plus". Ouais non ça l'fait pas. Puis y'a des choses qui se disent pas.

— Louis. Je lui réponds tout bas plus pur la forme qu'autre chose.
Elle fronce les sourcils et je jure de voir sa loupiote à compréhension s'illuminer dans son cerveau.
— Ha... En même temps pourquoi je demande moi ? Elle marmonne toute seule. Bon ! À mon tour, j'ai vu des petites chaussures bien mignonnes et il serait totalement impoli de ne pas aller les acheter ! Elle se frotte les mains en disant ça, on dirait picsou devant son trésor. Toi, tu as vu d'autres choses ?
— Ouais vite fait.
Je hausse les épaules et sors ma CB. Ma carte de paiement, c'est un peu comme le torchon pour ma mère : indispensable.
– Range-moi ça ! Tu vas finir par me vexer !
— M'man...
— C'est aussi le compte de ton père
. Elle finit en haussent un sourcil, son sourcil de garce comme je l'appelle.
— Ramène ! Je lui dis en replaçant ma carte d'une main et en lui tendant l'autre. Elle se marre et on se dirige vers son fameux magasin de pompes " trop mignonnes ".

Je n'ai jamais considéré ma sainte mère comme un lard-feuille ambulant, bien sûr, elle me paye des trucs sans arrêt, mais dès que je peux, je me le paye. Ma mère c'est ma mère.

— Dis-moi pourquoi les magasins de fringues sont au-dessus de celui d'alimentation ? Elle me demande en jetant un regard désespéré à notre caddie plein de tissus en tout genre mais pas comestible pour deux sous.
— Peut-être par ce que c'est un centre commercial et que leur but et de nous faire claquer un paquet de tunes. Je lui réponds en haussant les épaules, bon peut-être qu'on y est allé un peu fort. À nous deux, on a quoi, à vue de nez, huit où neuf sacs, offerts gracieusement par son mari. Normal.

— Vil manipulateur ! Elle s'exclame en entrant dans un magasin de cosmétique une main sur le front, elle me fait marré quand elle se la joue Diva.
— Pauvres êtres faibles que nous sommes. Je lui réponds en prenant un parfum que je ne connais pas tout en secouant ma tête de gauche à droite. Sent bon c'te merde...

Elle me regarde de haut en bas et s'arrête sur mes mains prisent, je fais de même et vois que ses petites mains sont-elles aussi occupées par un produit de beauté quelconque. On se marre tous les deux devant l'évidente absurdité de la chose.

C'est ça que j'aime chez elle, c'est pas une simple maman, c'est aussi une amie et surtout elle ne m'a pas lâché. Non au contraire, elle nous organise un super repas avec mes potes et Louis.

J'suis un putain de fils gay à sa maman. Ouais, j'crois que je suis le branleur le plus heureux du monde.

Ouais, j'suis gay, enfin qu'avec Louis.

— Hé Bryan ! Estelle aime la viande ? Je demande à mon meilleur ami quand il décroche enfin son portable.
— Ouais, ouais pas de soucis, elle bouffe de tout !
— Qui mange de tout ?
J'entends la petite blonde demander à son copain.
— Toi, Adam voulait savoir pour demain. Il lui explique.
— Bon si elle bouffe de tout 'vais pas me prendre la tête.
— C'est un poil tendancieux ça les garçons.
Je l'entends de nouveau. Au fait ! Jaune ou vert ? Elle me demande en beuglant comme une folle.

Je lui réponds le vert et sors une autre connerie un poil sexiste, ce qui bien sûr la fait hurler. Bien sûr comme deux branleurs qu'on est, on se marre et on lui jure que non. On a aussi eu le droit à deux trois injures bien senties de sa part.

Ma mère m'a regardé totalement dépiter, elle m'a aussi promis de me faire goûter à son torchon en rentrant.

On fait un premier aller-retour à la voiture pour décharger notre cadi et on va enfin faire les vraies courses.

On les a faites en un temps record, enfin en moins de trente minutes pour la bouffe, juste deux fois moins de temps que pour nos fringues.

Chacun nos priorités.

L'avantage de passer notre matinée dehors, c'est que quand on rentre le pater' est déjà barré en nous laissant, enfin surtout à ma sainte mère, un petit mot sur la table de la cuisine. De ce que j'ai compris, il s'est barré avec des anciens collègues au grand air, ma foi ça lui rafraîchira ses neurones à ce grand con.

Je finis de jouer les bons fils et monte dans ma chambre, je baille et m'étire comme un bien heureux dans l'escalier en passant le pas de ma porte. Je grogne quand je remarque que ma piaule est un mélange entre Bagdad et Tchernobyl, j'envoie valser mon haut et commence à y mettre un peu de propre.

Ma mère à un poil hallucinée quand je suis venue lui demander ou étais l'aspirateur.


Louis a débarqué pile au moment où je m'étalais comme une larve sur mon lit, il a ouvert ma baie vitrée sans rien demander et s'est jeté sur moi, j'ai soufflé un « Outch » quand il m'a atterri dessus.

J'ai ri et l'ai embrassé comme si ma putain de vie en dépendait.

— Alors tu as joué à la parfaite ménagère ce matin ? Il me demande en fouillant dans mes cheveux.
— J'ai fait deux trois courses, et même rangé ma piaule. Je lui réponds tout en encadrant son visage entre mes deux mains. Il abandonne mes cheveux pour caresser du bout du pouce ma cicatrice en haut de mon arcade.
— Tu es bon à marier. Il me chuchote en se marrant, ses yeux noirs vagabondent sur mon visage avec une lenteur exagérée, comme s'il voulait connaître chaque centimètre de ma peau.
L'imprimer dans sa mémoire.

Je me marre avant de lui répondre.

— T'es con !
— Louis
! Beugle ma sainte mère du bas de l'escalier au passage, elle nous fait sursauter. Si tu descends avec tes chaussures aux pieds, mon fils va se retrouver célibataire !

Je ne cherche pas à savoir comment elle a su qu'il était là, de toute façon, je crois qu'elle a des pouvoirs bioniques ou un truc dans l'genre.

Pas possible autrement.
Avant de la rejoindre, il laisse ses pompes à l'extérieur sur le balcon, on ne sait jamais après tout, on parle de ma mère là.

On a passé la soirée tous les trois, au début, j'ai un peu flippé. Je ne savais pas si je pouvais être naturel où pas, ma mère sait qu'on est ensemble et tout, mais elle ne nous a jamais vraiment vues ensemble. Les autres fois on se comportait plus comme des potes qu'autre chose.

Louis, lui, ne s'est pas pris la tête plus que ça, il m'a embrassé, prit la main et des tonnes d'autres trucs de couple.

J'le dirais jamais à voix haute, mais j'adore ces trucs gnangnan. Bien sûr, nos genoux étaient toujours en contact, y'à pas long le blond m'a parlé des rituels entre sa copine et lui. Nous aussi, on a notre petit rituel, nos jambes se touchent sans cesse, comme des vrais couples.
En même temps, on est un vrai couple ! C'que j'peux être con.

Avant d'aller nous coucher, on va faire un tour dans le parc des gosses en face de chez moi. On se retrouve sur cette fameuse balançoire, dire qu'il y a des gosses qui jouent juste ici...


— Les garçons !
Beugle ma mère en tambourinant sur ma porte de chambre. Il est pratiquement midi, si vous ne vous levez pas maintenant, je rentre ouvre les volets et vous fais prendre une douche froide au lit !
— N'arrive ! Je lui grogne en retour.

Pour réveiller Louis, qui ronfle comme un bien heureux, je l'embrasse doucement derrière l'oreille, je sais qu'il adore ça, et fais des vas et vient paresseux sur la peau nue de son dos avec ma main. Il souffle d'aise alors je continue, j'aime sa peau. Elle beaucoup plus pâle que la mienne, mais plus douce, quand je l'effleure, je sens ses muscles, ils sont toniques et noueux. Il a un corps neveux et sec, il est plus fin que moi, mais il ne paraît pas faible ni malade.

— Si tu continues comme ça 'vais pas me lever tout de suite. Il murmure la tête toujours dans mon coussin. Je souris dans son cou et continu.

Quand on descend enfin, j'entends ma mère râler à propos de la libido insatiable des ados. On fait mine de rien et on l'aide à préparer ce qu'on va manger tout à l'heure avec tout le monde.

On modifie deux trois trucs dans le salon histoire d'avoir plus de place, on ne peut pas manger dehors sinon je suis bon pour me chercher un autre meilleur ami, car Bryan serait mort de froid.

La petite bande débarque d'un seul bloc chez moi, tout le monde se dit bonjour, je présente Idriss à ma mère. Mon meilleur ami me prend un peu à part et me dit qu'il me trouve courageux. J'me sens bien con alors je coupe court a cette conversation et lui claquant une main dans son dos.

Estelle a débarqué avec des mèches vert pomme... C'te fille est juste unique.
Jess a fait du grand Jess toute la journée, c'est pour ça que je l'aime d'ailleurs. Le sportif n'a pas arrêté de la dévorer du regard... faut que je me penche sur son cas à lui. Ça devient urgent.

Le repas s'est éternisé jusqu'à ce que le soleil décline, ça a été un joyeux bordel à la maison. Franchement, j'ai adoré ! Je crois que c'est la deuxième plus belle journée de ma vie, la première, c'est quand je l'ai embrassé dans les gradins pour la première fois puis en ex aequo le jour ou je l'ai dit à ma mère.

Le lendemain Idriss vient me chercher devant chez moi, vu que c'est lui qui s'y connaît le plus en autoradio, il s'y colle avec moi. Pour le coup, je me suis attendu à ce qu'il me demande ou dise des trucs vis-à-vis de son meilleur ami.

En tout cas, c'est ce que j'aurais fait.

Une fois qu'on a délesté tous les deux nôtres compte en banque, déjà un poil maigrichon pour ma part, on se rentre. Dans sa voiture, on parle du prochain match, il est content, car il peut y participer. Il m'avoue quand même que son père est plus heureux que lui, mais bon. J'esquive le dossier Jess, il faut que je la taupe avant.

Quand je rentre chez moi, je passe bien sûr par la case couloir pour enlever mes pompes, j'entends mes parents parler dans la cuisine.

— Et vous alors vous avez fait quoi ? Demande le pater'
— On a soulagé le compte et ton fils a passé l'aspirateur dans sa chambre.


J'ai comme l'impression que je vais en entendre parler un bon moment moi.... Je monte rapidement en évitant le regard du grand chauve fait mon sac et dis à qui veux bien l'entendre que je ne dors pas ici ce soir. Quand je quitte l'antre du diable, j'entends dire :
— Mia, soit ton fils est amoureux soit il a été touché par la grâce.
— Ou alors il deal et là, il s'en va faire une grosse livraison et il ne voulait pas passer pour un idiot avec des vêtements mal repassés et une chambre innommable.

Au moment où je claquais la porte, j'ai entendu une tasse claquer contre le bois de la table. Ma mère est un monstre.

J'suis sûr que quand je vais me rentrer, il va me cuisiner... J 'suis sûr que ma mère fait ça pour que je lui avoue tout, il faut l'admettre, elle est mal barrée ! J'préfère lui faire croire que je suis le nouveau Baron de la drogue que lui dire la vérité ! Fait bien moins dangereux !


Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant