Qui vit en paix avec lui-même vit en paix avec l'univers.

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 Marc-Aurèle

Dans le rétro de la voiture, je vois le blond et son père sur le trottoir qui se donner une accolade et rire ensemble je crois même que Bryan essuie ses yeux. J'avoue, je suis jaloux. Pas vraiment de mon meilleur ami, mais plus de la relation qu'il a avec son vieux. J'aimerais bien moi aussi qu'il me dise autre chose que " tu es une erreur, une simple et fade erreur à la con".

Je souffle et sors de quoi fumer, dans ma poche, j'ai toujours une petite boîte en métal avec tout ce qu'il faut dedans. L'autre jour sur le balcon, il ne m'a rien dit, là, j'vois pas pourquoi il ferait autrement.

— Prends plutôt ça. Il me dit en me montrant la boîte à gants de la bagnole, en même temps, il s'engage sur un rond-point, y'a du monde, autant prendre mes aises.

Je pose mes outils de travail sur mes genoux et ouvre la fameuse boîte à gants, il y a deux bières. Ouais deux, rien que pour moi où il veut en partager une avec moi ? Je les sors et fais tomber la boucle de son ceinturon que je ramasse au passage, cette petite chose et un décapsuleur hors pair.

J'en ouvre une et la lui tends, plus parce que ma sainte mère m'a élevé correctement que par envie. Bien sûr, il la prend, j'ouvre donc la seconde.

Je partage une bière, tiède, avec le mari de ma mère alors que je sors d'un commissariat... Putain y'a un truc qui ne va pas dans l'équation. Même moi, ça me saute aux yeux.

Quelque chose en trop, je parle bien sûr du grand chauve pas des flics où de la bière.

— Ça me rappelle la fois où on est parti en vacances tous les trois, j'ai eu le malheur de boire un soda au volant et ta mère m'a...
— En vacance ?
Je lui demande en lui coupant la parole.
— Oui, tu sais ces fameux jours de repos en famille qu'on prend après...
— Avec moi ?
Je lui coupe une fois de plus la parole, pas possible je ne m'en souviens pas. J'n'ai aucun souvenir de vacances avec le grand con, aucun. D'ailleurs, je ne pars qu'avec le blond.
— Oui, tu avais quoi... Trois ou quatre ans. Il ose me répondre tout sourire.

Mais c'est qu'il en est fier ce con ! Trois ou quatre piges, j'en ai dix-sept aujourd'hui et jamais depuis il n'a pris le temps pour sa femme ? Moi passe encore, car j'aurais refusé, mais pour ma sainte mère ! Merde !

Mais quel blaireau !

— Ouais trois ou quatre piges. Je répète mauvais. L'âge ou les gosses sont des pantins ! Je termine en vidant ma bière par la fenêtre de la carlingue.

Je vois bien qu'il a envie de broncher, mais il se la ferme. Pour le coup tant mieux, je reprends ce qui est sur mes genoux et fume le tout dans un silence quasi religieux.

J'ai pas ouvert la bouche une seule fois, tout ce que j'ai fait, c'est d'envoyer des messages à Louis. J'ai besoin de le voir rapidement, de déconnecter, de ne plus penser. J'ai aussi répondu à Jess qui essaie de faire chauffer mon téléphone avec le nombre astronomique de messages à la seconde qu'elle m'envoie.

Le moteur tourne encore quand je sors de la voiture, ma mère est sur le pas de la porte. Elle est assise sur une petite chaise en plastique, vieillit par le temps, les yeux sur un magazine de pêche, torchon toujours prêt a passé à l'action sur son épaule et un verre de je ne sais quoi à côté d'elle.

Comme j'suis un vrai fils à ma mère et qu'on ne fera rien de plus doux que ses bras, je m'y love directement, elle les referme autour de mon cou et pose sa joue sur le côté de ma tête.
Drôle de tableau quand même, un branleur de dix-sept ans, agenouillés devant sa matriarche et qui se laisse couler dans ses bras.

M'en fou, ça, je l'ai toujours assumé.

— Alors ? Elle me demande en replaçant une mèche imaginaire sur mon front une fois que je me suis reculé.
— J'ai fait comme tu m'as dit, vérité. Je lui réponds en me posant sur mes pieds et en l'aidant à se relever.
— La vérité toute nue ?
— Je dirais plutôt qu'elle avait un habit de branleur.
j'hausse les épaules et me redresse complètement. Au fait, il. Avec mon pouce, je lui montre son mari, qui attend son tour derrière nous. Il, a picolé en rentrant, au volant. Je précise.

En finissant ma phrase, je me tourne vers lui avec un sourire de vicelard.

Il n'a fait sa tête de gros méchant, qui ne me fait plus peur depuis une vie, qu'une demie seconde avant de le voir blanchir à vue d'œil.

— Laurent Laurence ! beugle ma mère en s'avançant vers lui le doigt menaçant.

Je me barre en me marrant, juste devant la porte, je le regarde se faire assaisonner et mime " bonnes vacances". Je sais qu'il a compris vu la tronche qu'il a tirée.

J'éjecte mes pompes dans le couloir et monte préparer mon sac.


« Alors beau gosse vais t'attendre encore longtemps !!!!?Ma beauté se fane là !
J'arrive ! »


Je réponds à la va-vite au message de la belle brune en dévalant les escaliers quatre pars quatre.

— Doucement, Adam ! Je ne crois pas qu'il me reste assez de colle pour tes dents si tu loupes une marche ! me dit avec amour l'unique femme de ma vie, bien sûr, j'ai fini de sauter les marches bien avant qu'elle ne finisse sa phrase.

Elle me voit débarquer dans le salon un sac de sport noir à la main, son mari, qui est étalé sur un fauteuil, me regarde, mais ne dit rien. En même temps, il a juste le droit de se la fermer et depuis l'épisode de tout à l'heure, c'est carrément un devoir.

— J'y vais.
Elle me suit jusque dans le couloir de l'entrée au passage, je prends mes autres pompes celle que seule ma mère m'a payée.
— Tu rentres à quelle heure demain ?
— Dans l'après-midi, c'est bon ?
— Sans-souci, je suis fière de toi mon grand
. Elle me dit en prenant mon visage en coupe, je ne le lui dirais jamais, mais ses mains sont les douces de mon univers.
J'peux te demander pourquoi ?
Elle sourit et me dit d'y aller, car un certain chimpanzé brun s'excite un peu trop sur son volant. J'me marre et sors rejoindre Jess.

— T'en a mis du temps ! Bon, on les rejoint à la pizzeria, sinon ça va ?


On commence à parler de ma journée, elle se marre pas mal de fois et me dit que je suis quand même pas mal chanceux. Chacun sa façon de voir.

Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant