Tout comme les taupes, certains souvenirs sont hémophiles

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Annonyme.

À l'heure prévue, Louis et Estelle sont devant chez moi accoudé contre la voiture du sportif. Sans réfléchir ni regarder autour de moi, je me jette sur lui. J'en ai vraiment besoin. J'm'en cogne si j'ai une tronche complètement éclaté et des putains de valises sous les yeux, tout ce qui compte c'est nous deux. Rien à foutre du reste.

Putain ce qu'il m'a manqué ! Il n'est surpris qu'une demi-seconde, puis il s'accroche à moi et passe ses bras autour de mon cou. Je passe les miennes dans son dos et le rapproche de moi. On s'accroche l'un à l'autre comme des assoiffés, j'ai enfin l'impression de respirer même si j'ai mal partout.

Il se décolle de moi et son regard noir me téléporte dans un autre monde, un univers rien qu'a nous, sans embrouille, sans douleur et surtout sans fringues. Il se recule et du bout des doigts, il touche mes nouvelles blessures en faisant une grimace de douleur. Millimètre après millimètre, il trace chacun de mes nouveaux bleus. Quand il finit, il me prend le plus simplement du monde dans ses bras, je me niche contre son épaule. Mes bras toujours autour de ses hanches les siens autour de mes épaules et ses mains qui farfouillent avec une douceur infinie dans mes cheveux. Je suis le plus heureux des gars.

Je grogne contre son cou pour la forme, mes cheveux merde.

Il me recule une nouvelle fois, plaque ses deux mains de chaque côté de mon visage et impose son regard dans le mien avant de m'embrasser comme un damné.

- J'crois qu'on est grillé. Murmure mon meilleur ami avec un pincement dans la voix. Quand je me retourne, je vois le rideau de la cuisine bouger. Le frisson glacial fait son grand retour. Il coule le long de mon dos m'électrisant les bras et les jambes, il y a aussi cette maudite chape de béton qui m'éclate le bide. Je veux juste qu'on nous foute la paix un siècle ou deux. Voir trois. Je ne veux plus me poser de questions, je veux ... J'ai juste pas assez de couilles. Je voudrais tant en avoir assez, qu'on nous foute la paix.

Merde.

Louis met de la distance entre nous sans me regarder.
Double merde. Puis, la matinée se passe.

Depuis je suis en pilote automatique, je me fais tout un tas de films. Je ne sais plus vraiment ce qui est le vrai du faux, je suis plus sur terre.


À midi, j'envoie un message à ma mère pour lui dire que je sèche cette après-midi, elle me répond rapidement qu'elle va appeler le lycée. Pas d'autres commentaires pas de sous-entendus. Rien. Je ne sais pas ce qui est mieux en faite. Je crève d'envie, de besoin, de tout lui dire mais j'ai l'impression que ça fera trop avec ce qui s'est passé dernièrement.

Tous les quatre enfin cinq puisque Idriss à fini par nous rejoindre, Jess est a son court de dessin qu'elle ne rate jamais. On se dirige vers le centre commercial pour aller boire un coup et parler. Peut être même essayé de renouer avec la réalité pour ma part, je dis bien peut être. Après tout ce soir, c'est la veille des vacances et dans une semaine, c'est l'anniversaire de mon meilleur ami et la fête du lycée.

Louis est toujours a bonne distance de moi, ça me déchire le cœur. Je vois bien les tentatives de Bryan pour qu'il rapproche de moi, mais je ne suis pas sur que le pousser dans ma direction avec un cou de hanche soit la bonne solution. Il se montre aimable, je sais qu'il est capable de bien pire. Pas franchement délicat parfois le gars !

Je ne fais qu'acte de présence, je flippe de rentrer chez moi, flippe de ce qu'elle peut me dire, penser de moi ou pire ne rien dire !
Louis le ressent puisqu'il s'éloigne un peu plus de moi, mais plus il s'éloigne plus je me sens mal. Je veux qu'il soit collé a moi, non je veux me lover sous sa peau et ne plus jamais en bouger. Je veux qu'il me capture avec son regard et qu'il nous envoie dans notre autre dimension. Je veux être libre de toute cette merde, libre d'être bien. Toute cette histoire avec la blonde, même si rien n'est fini, m'a au moins fait comprendre que je tiens énormément a Louis. Que j'en ai marre de jalouser le couple de blond, que je veux avoir le courage de Jess. Juste un peu. Elle a au moins le cran d'assumer ses choix sans en avoir rien à foutre du reste, même avec tout ce qu'elle a perdu.

On ne dirait pas comme ça, mais la belle brune a perdu sa mère quand elle a avoué à ses parents qu'elle aimait les filles. Elle n'est pas morte la gourdasse, elle s'est cassé laissant derrière elle son mec et sa fille sans se retourner. C'est pire quelque part. Ça fait bien sept ans que Jess n'a pas revu sa mère et tout autant de temps qu'elle ne lui a pas parlé.

Son père ? Il aime sa fille, lui aussi travaille beaucoup, mais il est toujours là quand il le faut. Il prend toujours un jour de repose quand elle fait une exposition. Jess en a une sacrée paire, elle est aussi vachement solide. Quand l'autre dindasse a plié bagage, la belle brune est venue chez moi avec son éternel sac. Elle a dormi chez moi quatre jours, c'est a cette période que ma mère l'a pris sous son aile.

Elle s'est tout simplement donné pour objectif de gérer ses choix et elle l'a fait.

Moi aussi il faut que je gère et pour le faire a peu prés correctement, il faut que j'en parle à ma sainte mère.

« Prépare une place chez toi »
« Y'en a toujours une pour toi beau brun »

C'est ça aussi qui est bien avec Jess, elle me posera tout un tas de questions par la suite, rarement par message.
Je souris comme un bien heureux devant mon portable, avec elle tout est simple.

Sous l'impulsion du moment, je me penche à l'oreille de mon beau brun et lui murmure.

- C'soir je rentre, cours et dis tout à ma mère. Il me regarde les yeux ronds, son nez à un centimètre du mien. S'il te plaît, ne m'lâche pas. Je le supplie en me mordant la lèvre. Ouais je suis nerveux comme jamais. Mon cœur bat a tout rompre je crois même que je tremble un peu.

Une trouille dévastatrice éclate dans tout mon corps. Jamais, mais vraiment jamais j'ai eu peur de perdre quelqu'un. Je sais au fond de moi que ma mère ne se cassera pas, elle n'est pas comme celle de Jess. Mais j'ai la trouille quand même. Je sais que ma bulle peut éclater, ouais je le sais, mais ... Je crois que c'est le moment.

- Tu veux que je vienne avec toi ? Il me demande avec un regard troublé en fronçant un peu les sourcils, son souffle chaud et mentholé fond sur mon visage. Il rapproche ses jambes des miennes, je l'aide en tirant directement sa chaise vers moi et rien à foutre si ça fait un bordel monstre.

Je l'embrasse du bout des lèvres, que c'est bon, avant de lui répondre et surtout sans me rendre compte ou me soucier qu'il y a du monde autour de nous. Je m'en fou moi aussi je veux être bien, je veux croire que j'y ai le droit.

- Faut que j'y arrive tout seul. Je réponds en regardant autour de nous, tout le monde s'en branle de nous. On passe inaperçu aux yeux du monde.
On est invisible.

Libre.

Je souris comme un bien heureux et fonds une nouvelle fois sur lui pour l'embrasser à pleine bouche cette fois-ci. Me lève d'un coup et me casse en disant aux autres que j'ai à faire. Seul le rire de Louis résonne dans mes oreilles.

Je réussis à choper le bus, et même à avoir une place assise, c'est comme si l'univers faisait en sorte que tout roule. C'est étrange quand même, non ? Un peu flippant même.

Le trajet se passe bien plus rapidement que je ne l'aurais cru voir même voulu. Courageux, mais pas téméraire le gars ! Je me suis fait des tonnes de films, des plus sympas aux plus glauques. Je crois que j'ai perdu pas mal de courage et d'assurance au passage.

"J'bois un coup pour toi ! Fière de toi, tu portes enfin tes couilles. "

Sous le message de Bryan, que je lis une fois que je suis devant la porte de chez moi, il y a une photo de toute la bande une bière à la main avec un sourire à damner tous les dieux. Même la blonde sourit et lève son verre.

Un sourire totalement indécent s'incruste sur mon visage, j'suis euphorique et totalement flippé, mais vraiment, vraiment heureux. Je crois que je vais me pisser dessus.

- 'Man ! J'peux te parler ? Je beugle en éjectant mes pompes qui se cognent contre celles qui me servent à courir dans l'entrée, je me fais la promesse de les utiliser juste après.
- Bien sûr, mon grand.

Allé, Adam, il est temps de devenir un homme ! Elle est ou la sortie ?

Y5^

Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant