La béatitude n'est pas le prix de la vertu, mais la vertu elle-même.

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L'éthique

Se motiver soi-même de se bouger pour s'assumer, c'est pas mal, mais le mieux c'est de tenir au courant les personnes directement concernées, non ?

Donc ma mère et Louis.

Le blond ne reste pas long, il s'en va en me disant de ne pas me prendre la tête pour les déguisements de ce soir, il s'en occupe, tout ce que j'espère, c'est qu'il ne va pas me prendre un truc trop con, du genre pirate où une autre merde dans le genre.

Le pied, c'est qu'il me prenne un truc qui me cache bien, ouais pas fière le branleur.

Je souffle en entrant dans la cuisine, il faut absolument que j'en parle à l'unique femme de ma vie, faut être lucide y'aura des retombées et y'aura des choses que je ne supporterais pas. Je deviendrai fou si on s'en prend à Louis, je sais qu'il peut se défendre qu'il n'est pas en sucre, encore heureux vu toutes les fois ou je lui bave dessus.

Bref !

J'ai toujours en mémoire la fois avec son ex, j'ai beau faire, mais l'image qu'il m'a renvoyée ce jour-là va me rester un moment dans mon crâne, mes trois pauvres neurones l'ont imprimé et le nouveau-né, lui, est dans son monde plus accro aux choses peu catholiques qu'a toute autre chose.

Je flippe aussi pour les autres, c'est bien connu, on tape là ou ça fait mal, et mes amis sont importants pour moi.

Quand je passe le pas de la porte de l'antre de la maîtresse de maison, je regarde son mari, qui est bien tranquillement posé sur le rebord de la table, il lui déblatère, je ne sais quelle connerie. Quand le grand chauve se rend compte de ma présence, il se la ferme ce qui fait retourner ma sainte mère dans ma direction.
Elle me sourit, j'aime l'unique petite fossette qui creuse sa joue, je regarde son mari à son tour.

J'effleure de mon index ma cicatrice au-dessus de l'œil.

— Laurent pourrais-tu faire deux trois courses pour ce soir ? Lui demande sa femme avec un sourire enjôleur.

Y'a pas à dire, je sais de qui je tiens quand je veux obtenir quelque chose.

Il ne lui répond que par un hochement de tête et il se lève pour se barrer. Je ne m'assois et ne me détends que quand j'entends le moteur de sa voiture s'éloigner.

Du menton, elle me montre ma chaise, bien sûr comme le fils à sa mère que je suis, je vais m'y visser sans plus attendre. Elle se met devant moi avec deux bières, plus fruitées qu'autre chose, et un café.

— Merci. Je lui dis en abîmant une fois de plus le rebord de sa table. Tu sais ce soir y'à la soirée au lycée, j'y vais avec tout le monde. Elle opine du chef et porte sa tasse aux lèvres. Je vais m'afficher ce soir. Je finis en prenant une grande rasade, c'est bête, mais je me sens tout petit

En ce moment, vulnérable.

J'aime pas cette sensation.

— Bien. Elle finit par dire au bout d'une interminable minute de silence. Tu sais que le lycée forme les futurs requins et connards de ce merveilleux monde ?
— Sais.
Je lui réponds le plus simplement du monde, en même temps si on prend exemple sur les doubles notre enceinte devrait recevoir une médaille. 'Man, j'crois que ça partira en couille. Je lui confesse avec un nœud au ventre.
— Je le pense aussi. Nouvelle gorgée. Tu te sens prêt ? Elle me demande après avoir reposé sa tasse pratiquement vide, avant que je lui réponde, elle prend ma bière et s'en verse dans le fond de son jus de chaussette. Elle le fait de temps en temps, elle dit que c'est bon pour ses cheveux.

C'est peut-être pour ça que les miens sont pas mal ?

— J'en ai besoin.
— Tu grandis trop vite Adam, ou es donc passé mon grand garçon qui venait me voir les yeux mouillés par ce que j'ai eu le
malheur de laver le fouet avant que tu ne le lèches ?

Je me marre doucement, c'est vrai que pour moi, quand j'étais gosse la pire offense était de mettre son matériel à gâteau au lave-vaisselle sans que je ne fasse de prélavage méticuleux. Les gâteaux de ma mère sont les meilleurs, puis le sucre et moi, c'est une histoire d'amour.

Si le sucre était une femme, elle s'embrasserait, elle ne se baiserait pas.

— S'il y a des histoires que feras-tu ?
— Y'en aura forcément 'man.
Elle fronce les sourcils. Regarde à la base j'enchaîne les nanas tout le monde connaît le moi plus accros à ses joints et bières et qui se tape une bonne pouffe de temps en temps pas moi. Je me montre avec ma main gauche en finissant ma phrase.
— Le Adam sage et monogame. J'opine du chef. Écoute, tu veux mon approbation ? Et bien, tu la. Je relève les yeux et plante mes iris dans les siennes. Ça compte pour toi alors fais ce dont tu as besoin pour te sentir bien dans tes pompes, on sera toujours là. Elle finit en finissant ma bière au passage, j'ouvre la seconde.
— Tant que toi, tu es là, c'est bon pour moi. Je lui dis le plus sincèrement du monde.

C'est vrai tant qu'elle est là ça va.

— Je ne serais pas seul et tu le sais. Je commence à me reculer sur ma chaise, mais elle me rattrape par le bras. Que tu le veuilles ou non ton père arracherait la tête à quiconque oserait te faire du mal, c'est ce qu'il a fait avec les deux cons.

Normalement, je lui sortirais une ou deux répliques bien senties, mais franchement là, je n'ai pas envie.

Je lui réponds que je sais en haussant les épaules.

— Tu en as parlé à Louis ? Elle me demande en jouant avec une bouteille vide.
— Pas encore, je voulais t'en parler avant. Je finis en haussant les épaules une nouvelle fois. Pour les heures de colle et renvois. Je fais le moulin avec ma main. Bryan m'a dit qu'il ne me lâcherait pas.
— Ça, tu n'as pas besoin de me le préciser, là ou l'un est l'autre n'est pas loin ! Bon va lui demander quand même, il est un peu concerné
. Pour se moquer de moi, elle rapproche son pouce et son index. Pour le reste, on gérera.

Je souris comme un bien heureux, la remercie et pars dans ma piaule pour appeler Louis. Y'a pas à dire, j'ai la meilleure mère du monde, un peu névrosé quand il s'agit des chaussures, mais pour le reste, elle est hors limite.

J'ne me prends pas la tête à tourner autour du pot avec lui, je lui demande et tout ce qu'il trouve à me répondre, c'est un hurlement à sa mère lui disant qu'il risque de chopper une ou deux heures de colle régulièrement quand on sera de retour au lycée.

Moi, bien sûr, je me marre.

On a parlé au moins une bonne heure, de tout et surtout de rien.

Je souffle toutes les trois minutes et tourne comme un en cage dans ma chambre, Bryan m'a dit qu'il arrivait dans cinq minutes, c'était il y a un bon gros vingt minutes. Histoire d'en rajouter un peu, j'ai mal au bide. Je me frotte le visage avec mes deux mains et prends mon portable pour écrire un message à la belle brune.


« T'sé quoi ? Ce soir, c'est mon début en société.
Je parie que tu te rends fou là tout d'suite maintenant ? Aller souffle ! On se retrouve ce soir !
T'as un conseil pour un vieux pote ?
Pour un vieux pote 1 pour toi 2, 1 : parle a ton père 2 : pense a vous pas au reste. »


J'envoie valser mon portable sur mon lit quand mon meilleur ami se souvient enfin qu'il devait se ramener. Je sais que je devrais lui répondre, tout à l'heure. Peut-être.

— Ça caille ! Il râle en passant le pas de ma chambre les bras chargés de fringues en tout genre. Il balance le tout sur mon portable et enlève ses chaussures.

C'est devenu un instinct de survie.

— C'est quoi ça ? Je lui demande en pointant le bordel qui jonche mon lit.
— Fais pas ta prude et fouille avant que je prenne les plus beaux trucs. Il me dit en se jetant sur le tas de fringue.

Au bout d'une grosse heure, j'en ai ma claque, marre d'essayer de retirer et de recommencer encore et encore. J'me suis arrêté sur jean, large, déchiré aux genoux et son haut assorti, en gros, je ressemble à un gothique avec des tendances Grunge. Bien sûr, le blond à prix un truc du même genre avec sa blonde franchement ça donne bien.




Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant