La réponse est "oui" mais qu'elle était la question ?

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 Woody Allen.

Je suis rentré chez moi, mardi, un jour avant la rentrée.

Bordel. Ca me fou une pression monstre !

Je souffle et me frotte le visage avec mes deux mains, au passage, j'effleure ma cicatrice au-dessus de mon œil. Louis a dû partir avec ses parents pour je ne sais quelle connerie religieuse ou quelque chose du genre et vu la tronche qu'il tirait ça lui plaisait énormément...

Tout seul comme un con dans ma piaule, je tourne en rond, enfin, je déménage mon lit à force de faire le moulin dedans. Je ne suis pas rentré par la grande porte, mais par la fenêtre de ma piaule, pas envie que ma sainte mère me pose de questions. Pourtant, j'suis sûr qu'elle sait que je suis là, elle doit avec des oreilles bioniques pas possibles autrement.

— Adam, il y a des madeleines en bas. Elle me dit en passant devant ma porte. Je les ai sentis en entrant, elle a dû les cuisiner tôt ça matin, en tout cas ça sent super bon et puis c'est du sucre.

Si le sucre était une femme, elle s'embrasserait, elle ne se baiserait pas.

— Pas faim. Je grogne sans trop réfléchir. Dans le couloir, j'entends les pas de ma sainte mère se stopper et faire demi-tour, avant que sa tête ne passe par l'embrasure de la porte, je prends conscience que je viens de refuser du sucre.

Ça ne m'est jamais arrivé, vraiment jamais.

— Il se passe quoi ? Elle me demande en se posant à côté de moi, je décale mes jambes pour lui laisser de la place et me redresse un minimum.
— Ça va.

Je dois vraiment manquer de conviction, car elle plante ses prunelles sur mon visage, je ne la regarde pas, je suis plongé dans l'observation de mes mains, sublime, soit dit au passage. Mais, je sens la brûlure de son regard sur moi.
Ouais, elle sait que je mens en même temps je ne me convaincs pas moi-même. Elle souffle, éjecte ses chaussons et se met en tailleur sur mon lit.

— C'est demain qui t'angoisse ?
Je ne réprime pas mon rictus qui étire mes lèvres tout en serrant les dents. Une boule d'angoisse me remonte dans la gorge et me laisse un goût amer.

J'opine du chef incapable d'en dire plus. Les mots sont bloqués dans ma gorge qui, elle-même, est bloquée par cette fichue boule.
Bravo le branleur !

— Vous en avez parlé tous les deux ?
— Ouais... Jusqu'à cette nuit.
Je rajoute en me frottant une nouvelle fois mon visage avec mes deux mains.
— Ça donne quoi au final ?

Je souffle encore une fois, je ne suis pas sûr de vouloir en parler avec elle, en parler avec qui que ce soit d'ailleurs...
Mais bon, c'est ma mère et elle ne m'a pas abandonné, non, elle continue comme si de rien était et surtout elle me couvre auprès de son mari.

Ouais, j'ai la meilleure mère au monde.

— Au final.
Je commence en relevant les yeux. Je veux le faire, j'veux dire, j'trouve ça trop con de devoir se cacher, on fait rien de mal dans le fond. Pendant que j'hausse les épaules, elle me sourit comme elle seule sait si bien le faire. Mais j'crois que ça va partir en couille.
Elle opine du chef avant de me répondre.
— En effet, vous ne faites rien de mal, on a tout le droit à notre bouée de sauvetage. Elle se tait une petite seconde. Le seul hic, ce sont les gens mon grand. C'est à mon tour d'opiner du chef. Le lycée est un regroupement des pires requins de la nouvelle génération. Ils sont surtout peureux et jaloux ne l'oublient pas mon grand.

On ne dit plus rien quelques minutes, moi, je me noie dans le bordel ambulant de mon crâne, mes trois neurones sont en plaine séance de flip et le quatrième, lui, se nourrit d'amour et d'eau fraîche, en gros, c'est un abruti inconscient.

Ma mère essaie de cacher son inquiétude, mais je la connais trop bien. Je connais cette petite ride qui lui barre le front, elle ne l'a que quand elle a peur.

— Maman ?
— Humm ?
— Je dois réagir comment demain, 'fin si ça déraille. Si JE déraille
. Je lui précise, j'ai peur de la réaction des autres, mais surtout de la mienne.
Adam. Elle commence doucement en me faisant face maintenant et en me touchant les mains. Il y a des moments où les mots ne suffisent plus, quand on est mature, on trouve une parade, ça c'est la théorie. Mais, qu'importe l'âge, la situation, les convictions quand les mots ne suffisent plus c'est là que l'on déraille, c'est pour ça que l'on se trouve une parade pour éviter de péter un plomb et de tuméfier quelques visages au passage.
— J'crois pas que j'ai une parade.
Je lui dis en un souffle la mort dans l'âme.
— La parade vient avec le bénéfice de l'âge. Écoute. Elle me dit alors que je prenais une inspiration pour lui répondre. Tu es jeune et impulsif à souhait et tu as peur. Tu vas forcément te battre, car à un moment ou à un autre, tu vas te sentir acculé. Si ce n'est pas demain, ce sera après-demain. Elle finit en mimant un sourire.
— Si tu sais que je vais m'illustrer pourquoi tu me laisses faire ? Je lui demande un peu septique.
— Tu veux vivre au grand jour ? J'opine du chef. Alors c'est une étape obligatoire. Je fronce les sourcils. Tu sais, je te dirais bien que si tu le faisais avec dix ans de plus les choses seraient différentes, mais non. Elle souffle comme résigné par la réalité, c'est dur à voir. Être heureux et s'afficher avec la personne que l'on aime n'est pas toujours simple, alors quand notre moitié a le même sexe que nous, c'est carrément la merde.
— En théorie, tu devrais me conseiller de rester discret alors ?
— Les gens faibles te le diraient oui, moi non. Je sais que tu vas te battre, je sais que ça va être compliqué certains temps, je le sais tout ça, mais je m'en fous, car derrière tout ça, tu grandis et surtout, tu fais preuve d'un vrai courage que peu de ces merdeux ont !
Elle termine avec fougue. Ton père et moi serons toujours là. Elle ponctue avec plus de douceur.

Le pater', il est le seul à ne rien savoir, le seul qui reste dans l'ignorance.

— Une guerre après l'autre 'man.
— Quand tu seras prêt à le lui dire, je serai là et ça ne sera pas une guerre ni même un affrontement, on est une famille mon grand, ici
. Elle englobe ma piaule avec sa main. On peut être nous-mêmes.
— La classe entre les chaussettes sales et les magazines pornos !
Je réplique avec ma parfaite tête de bon branleur de base.

Elle se marre franchement et me dit de venir manger avec que le grand chauve ne fasse main basse sur ses pâtisseries.

Je finis par lui emboîter le pas et fais une rasia sur ses douceurs sucrées. Le pater' était là lui, aussi. En me voyant, il a eu un petit mouvement de recul, je dois vraiment avoir une tête de mort. Je m'installe en silence à ma place et commence mon petit dej', bien sûr ma mère s'occupe de faire la conversation.

Ma mère est une sainte.




Adam 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant