Chapitre 19

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A mesure que j'avançai, elle reculait. Soudain, je bondis. Elle hurla et dévala les marches en direction du rez de chaussée. Ses talons claquaient sur le sol, jouant sa propre marche funèbre.

Douce mélodie.

Je sautai et atterris souplement dans son dos. Mais au moment où je levai mon coteau, une masse sombre me projeta au sol, quelques mètre plus loin. Sonné, je tentai de me redresser mais la silhouette me plaqua au sol, écrasant au passage son poing sur ma mâchoire. Je gémis.

-Tony!! s'écria Angela.

Je me débattai pour échapper à l'emprise de l'infirmier mais il devait bien faire le double de mon poids. Il m'immobilisa les bras en les coinçant sous ses jambes. Si je ne pouvais pas utiliser mes couteaux...

Je me redressai brusquement et refermai ma mâchoire sur son cou. Il hurla et desserra son emprise.

Perdu.

J'enfonçai mes lames dans son ventre. Son visage se figea, dans une merveilleuse expression d'horreur et d'impuissance.

-C'est l'heure de dormir, « Tony » lui murmurai-je.

Je le fit rouler sur le côté afin de me relever puis l'empoigna par le cheveux. Lentement, je fis glisser la lame écarlate de mon couteau sur la peau de son cou. Il se tortillait, le souffle court avant de s'écraser la face contre terre, sans vie.

Rire hystérique.

Mes yeux plantés dans les siens, je ne la lâchais plus.

Elle était magnifique, drapé dans sa terreur et ses larmes. Elle allait craquer, ce n'était plus qu'une question de minutes. Mais brusquement, son expression changea. Elle fit volte-face et courut à en perdre haleine jusqu'à une voiture de police déserté par son propriétaire.

-Tu ne m'échapperas pas!! criai-je.

Je voulus la poursuivre mais de violents vertiges me clouèrent au sol. Ma vision devint flou. Dans un dernier effort, je lançai mon couteau qui alla se ficher dans sa jambe. Elle hurla mais ne s'arrêta point.

Mantis me rejoint, moi, je regardai avec haine ma proie qui s'éloignait à toute vitesse. Johanna descendait prudemment les quelques marches restantes, et s'approchait de nous, ses jambes supportant avec grande peine son frêle corps. Je me remis sur pied tant bien que mal et suivit ma coéquipière jusqu'à un gros SUV:

-Voyage offert par Tony dit-elle, je lui ai piqué ses clés... Je vais conduire, ajouta t'elle en voyant mon état.

Elle ouvrit la portière arrière et y installa Johanna. Je parvins à me hisser à bord, non sans mal. Je jetai un coup d'oeil à mes blessures: une des balles avait percé l'artère qui passait dans la cuisse, l'autre s'était logée un peu au-dessus de mon coeur. Je perdais beaucoup trop de sang et les injections à répétition de tout et n'importe quoi n'avait rien arrangées.

Mantis démarra en trombe, direction le manoir. D'une main, elle déchira un pans de sa blouse et le tendit à Johanna:

-Presse ça contre sa cuisse, lui demanda t'elle en me désignant du menton.

-C'est bon, j'ai pas besoin de ça, grommelai-je

-Et moi j'aimerai éviter de ramener un maccabé.

La frêle jeune fille se faufila entre les deux sièges avant, enroula le bandage de fortune autour de ma jambe et appuya dessus. Je grognai de douleur, quelle délicatesse celle-là... Je me laissai tombé dans un état léthargique, à peine conscient. Les voies me paraissaient lointaines et ma vision se faisait flou. Le véhicule roula pendant deux bonnes heures, traversant les villages endormis et la nature sauvage. La nuit avait pris ses droits, nous laissant pour seule lumière celle de la lune et des phares de notre voiture. De temps à autre, on pouvait voir un animal traverser à toute allure la route. J'avais froid. Une large tache sombre s'était formée sur l'assise de mon siège. Le regard dans le vague et l'esprit embrumé, je voyais sans voir, le paysage défilant sous mes yeux vides.

-Sylvia, pourquoi est-il aussi glacé...? s'enquit Johanna d'une petite voie.

-Il a perdu trop de sang, on ne peut rien pour lui maintenant. Il va rester ainsi jusqu'à ce qu'on arrive au manoir. Il ne guérira pas avant d'avoir éliminé tous les produits de son corps et il faut aussi retirer les balles... Nous arrivons bientôt, j'ai prévenus les autres, nous devons nous retrouver à l'orée du bois...

En effet, après 20min passées sur un chemin caillouteux, le SUV se stoppa face à une foret dès plus sinistre. Mantis m'aida à descendre, m'offrant son épaule comme soutient. Mais mes jambes ne répondaient plus, m'abandonnant lâchement. Je m'effondrai, le souffle court et le coeur battant.

Craquement.

Je sentais une présence.

Creepypasta:  "EDEN"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant