Chapitre 25

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PDV Johanna:

Droite, gauche, droite, gauche...

Balancements.

Je me déplaçais... mais ce n'était pas moi qui bougeait. Ma tête était lourde, tout mon corps me lançait.

Odeur de sang.

Au prix d'un effort sans pareil, je réussis à soulever une paupière. Quelqu'un me transportait sur son dos, zigzagant à travers les arbres et les pièges tendus par la forêt.

Chaleur.

Je resserrai mon emprise sur ce corps, le noir reprenant le dessus sur ma conscience.

...

Murmure. Une pression sur mon ventre et une douleur dans mes jambes achevèrent de me tirer de mon sommeil. Lentement j'ouvris les yeux sur une pièce sombre. J'étais allongé sur un brancard, dans l'infirmerie... le propriétaire de lieu assis au bout de lit, en train de manger une masse sombre et dégoulinante d'un liquide sombre:


-"Tu es enfin réveillé?" me lança t'il la bouche pleine.

Je n'entendis pas sa question, trop intrigué par ce qu'il dégustait avec autant d'appétit. Il remarqua l'objet de mon intention et sourit, dévoilant des dents pointues:

-"Ah oui, tu m'excuseras mais j'avais un peu faim alors je t'ai piqué un rein... Désolé", m'assena t'il tout naturellement.

Je me redressai d'un bond et me tâtai le bas du ventre dans une panique la plus totale. Ma réaction le laissa pantois quelques instants avant de le faire éclater de rire. L'air toujours aussi peu rassuré, je le regardai se tordre au sol, son morceau de repas à l'abandon sur le drap tant il était hilare. Moi pendant ce temps, je m'inspectai sous toutes les coutures, à la recherche de la plus infime des cicatrices, marques ou petites coupures qui n'avaient pas lieu d'être. Après une minutieuse inspection, je soupirai de soulagement en constant qu'a priori, aucuns organes ne m'avaient été subtilisé. Eyeless Jack se redressa avec difficulté, en s'aidant du lit pour ne pas tomber:

-"Tu... tu aurais du voir ta tête! C'était... c'était ... " et il repartit dans un fou rire quand soudain la porte s'ouvrit à la volée sur un visage blafard fendu d'un sourire.

-"On peut savoir pourquoi tu couines comme ça, le Sans-yeux? " jura Jeff.

Son interlocuteur ne semblant pas en état de lui répondre, il se tourna vers moi, un sourcil interrogateur. J'haussai les épaules en signe d'innocence. Pour la deuxième fois, Jack se redressa et repris son calme:

-« Quel bon vent t'amène Jeffrey Woods? ».

Le tueur tiqua et fronça les sourcils:

-« Ne m'appelle pas comme ça, bouseux! »

-« Mais qu'il est susceptible...  ricana le cannibale,  bref, qui y'a t'il? »

Le dit « susceptible » s'avança dans la pièce et se laissa tomber sur le tabouret à roulettes en soupirant:

-« Slender m'a envoyé voir comment elle allait et confirmer un truc... » dit-il en me désignant du menton. Il planta son regard dans le mien et ajouta:

-« Tu nous a fait un beau pétage de plomb hier... Quatre d'un coup, pas mal pour une nouvelle. »

Je fronçai les sourcils en essayant de me rappeler les événements de la veille. Parmi le flot d'images qui m'assaillaient l'esprit, je parvins à reconstituer la scène. Moi, dans la foret, une branche à la main en train de massacrer des individus à peine plus âgés que moi.

-« Maman »

Ce mot qui avait surgit sur l'écran d'une petite boite m'avait mis hors de moi. La douleur que j'avais ressentis me revint peu à peu en mémoire, ainsi que l'apaisement que m'avait influé la vision de ces corps meurtris teintés de rouge.

-« Hier... » répétai-je. « C'était Maman... c'est à cause d'elle » murmurai-je. 

Mes lèvres s'étirèrent en un sourire macabre. Une larme roula sur ma joue. Jack et Jeff échangèrent un regard, avant que le tueur au sourire de l'ange ne reprenne la parole:

-« Dis moi, qui est la blondasse, le « Docteur » van Decken? »

-« Le docteur van Decken? C'est la dame qui s'est occupée de moi depuis le début... » affirmai-je.

Le sourire de Jeff s'étira:

-« C'est marrant, mais quand je te regarde, j'ai l'impression de la voir ELLE, mais en plus jeune... Le même visage, le même nez, les même yeux... »

Je me figeai.

Une femme blonde hurlait de désespoir, tentant ramener son enfant à la vie, ses yeux émeraudes remplis d'eau.

Je me souvenais, l'origine de ma colère, la raison de mon mal être.

Jeff ne me lâchait plus du regard, scrutant la moindre de mes réactions à la recherche de sa réponse:

-« On pourrait vous prendre pour mère et fille tant vous vous ressemblez... »

Sur le bitume, une petite fille, brisée.

Dans sa poitrine, plus aucuns bruits.

Les passants hurlaient.

Déjà bien loin, ELLE; s'enfuyant à toute vitesse au volant de sa voiture, ses cheveux blonds tombant devant ses yeux d'un vert perçant.

ELLE était "Maman"


Voila! Pas de chapitre avant l'année prochaine! (oh mais que je suis drôle). Blague (pourris" à part, je vous souhaite à tous de bonnes fêtes! À 2018 les Kinder!

Creepypasta:  "EDEN"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant