Prologue

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Je pose ma tête sur la vitre froide et vibrante de la voiture, fatigué de ce long trajet.
Je soupire, ce qui créé une petite buée sur la vitre. Avec ma sœur, quand nous étions plus jeune, nous adorions écrire tout et n'importe quoi sur la buée mais là, sans elle, ça ne me fait ni chaud ni froid.

Je jette un bref regard au foulard que portais si souvent Rosalie, entièrement rose, sa couleur préférée mais aussi la teinte de ses joues d'enfant.

Ma mère, ayant remarquée dans le rétroviseur le foulard souffle :
-Nicolas, tu ne devrais pas garder ça.

Quelques détails change sur ce foulard comparé aux autres et ce sont ces mêmes détails que ma mère ne veut plus voir.
Ce tissu rose appartient à une morte et une seule chose rompt cette jolie et unie couleur rose. Le rouge. Rouge sang, son sang.
C'est le foulard qu'elle portait le jour de l'accident.
C'était la seule chose, hormis moi, qui y a survécu.
Si autre chose qu'un foulard pouvait me porter compagnie, cela m'arrangerait. J'aurais peut-être moins l'air d'un fou.

Rosalie, ma nouvelle étoile, la trouverais-je ?
Je jette un regard au ciel noir car il est dix heure du soir. Le ciel devrait être parsemé d'étoile pour mieux embellir la lune et pourtant, je n'en vois aucune.
Je deviens malade.

Je demande :
-Maman, tu vois les étoiles?
-Oui. J'en vois pleins. Bien plus belles qu'à Paris, normal, nous sommes en campagne. D'ailleurs nous sommes bientôt arrivés.

Bientôt arrivés dans notre toute nouvelle maison, dans une toute nouvelle ville. J'aurais une magnifique chambre, une belle maison, un somptueux paysage et pourtant, je passerai mon temps dans la chambre d'un hôpital près d'ici.

J'ai beau chercher, je ne trouve pas meilleure notion d'une vie de merde.

Le côté positif, c'est qu'avant de mourir, j'aurais vu la campagne.
Une petite distraction avant que je sente un besoin urgent de me faire mourir. Car oui, plus rien ne me retiens ici.
Mes rêves de baskets ? Brûlés.
Mes grandes études ? Annulées.
Ma nouvelle voiture ? Bousillée.
Ma musique ? Plus jamais écoutée.
Mes envies? Envolées.
Ma famille ? Feu ma famille.

Ils sont tous morts. Sauf ma mère, d'où il ne reste que son corps fade. Son âme est partie laissant son corps sans vie.
La dépression est vraiment une horrible merde.

Je sais très bien que, si je ne m'éteins pas, c'est elle qui le fera.
Mais elle reste forte, encore.
Elle doit travailler pour me guérir, vivre malgré la mort ayant déjà embrassée mon père et ma sœur et rôdant près de moi, attendant l'heure.
Mon heure.

Je ne suis qu'une étoile parmi les autres, qui s'éteint et se détruit quand elle faibli.
J'en avais une à mes côtés, mais c'est terminée.
Je suis seul, dans ce ciel noir, un ciel vide, sombre, comme un avant goût de la mort.

Je regarde de nouveau le ciel, noir.
Ou presque.
Ma mère avait raison, ici, les étoiles rayonnent. Enfin, je n'en vois qu'une, mais elle est si belle, si brillante, que je pourrais la comparer à la lune.

Faites que cette étoile existe, faites que je puisse la rencontrer et qu'elle m'offre ne serait-ce qu'un peu de sa clarté.

Mon voisin de balconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant