Mon voisin de balcon

Chapitre 2

Je suis revenu des urgences quelques heures après avec écrit sur l'ordonnance des médicaments anti-douleurs, une mixture étrange pour que je dorme rapidement et beaucoup de repos.
La meilleure chose à faire d'après mon médecin serait de le reposer longtemps et de ne rien faire seulement c'est ce que je haïs le plus.

Je suis assis sur mon lit, inventant de nouvelle mélodie et tourne la tête vers la fenêtre. Il fait déjà nuit.

Ma mère entre dans ma chambre et demande :
-Nicolas, tu as pris la boisson que t'a donné le médecin ?

Je jette un regard à la bouteille renfermant un liquide blanchâtre étrange et répond :
-Non, mais je vais le faire.
-Bien. Dit-elle en me souriant avant de refermer la porte derrière elle.

De mon semi-vivant, je ne boirais jamais ça. La dernière fois que j'ai bu cette chose, j'ai fais un coma de cent ans, je ne me ferais pas avoir deux fois!

Je prend la bouteille, ma guitare et sors à mon balcon.

La nuit me semble moins noire aujourd'hui, plus bleu.
Il y a toujours cette étoile, si brillante qu'elle illumine ma journée.

J'ouvre la bouteille et la laisse se déverser par-dessus mon balcon.
J'espère que les plantes en dessous ne feront pas un long sommeil.

Je m'assois sur la chaise que j'ai laissé ici la dernière fois et commence à jouer la mélodie que j'ai composé.
Elle me semble réellement bien mais, il y a toujours cette notion de tristesse qui fait qu'elle ne plait qu'à moi.

Je me demande même si Rosalie accepterait de l'écouter.

Cette musique parle d'elle et de notre passé, que je regrette plus que tout. Ma soeur me manque, ma vie d'adolescent normal me manque et je me rend compte que cet accident m'a enlevé bien plus que ma voiture, mon père et ma sœur.
C'est comme si toute ma vie avait pris feu et que ce même feu commençait à me consumer sans que je puisse l'éteindre.
C'est une fatalité. Je suis pris au piège par la mort elle-même et rien ni personne ne pourrait m'aider.

Et puis, l'air se termine, j'arrête de jouer. Je soupire longuement, même si  je suis satisfait de ma performance mais, c'est comme si ça m'avait volé toute ma force.
J'essuie d'un revers de manche la sueur froide sur mon front, on dirait que je viens de courir un marathon alors que j'ai juste couru après tous mes souvenirs.

Je lève les yeux et remarque que je ne suis pas seule. Une personne est présente sur le balcon voisin et écoutait.

C'est une fille, pas très vielle, je dirais qu'elle à mon âge ou elle est légèrement plus jeune.

Je ne discerne pas grand chose dans le noir, mais je remarque ces longs cheveux clairs et son grand sourire.
Elle me fait un peu pensé à Rosie, mais c'est mon imagination qui me joue des tours.

Je ne connais pas cette fille, mais elle semble apprécier ma musique.

Je lui demande :
-Tu as aimé ?

Elle se met à sursauter et je discerne ces merveilleux yeux bleus, comme brillants dans le noir, de véritables pierres précieuses ressemblant à ceux de ma défunte sœur.
Rosalie ?

Elle me répond avec un large sourire :
-Oui, énormément! Ça fait longtemps que je n'avais pas entendue une mélodie si belle et triste.

Et moi ça fait bien longtemps que je n'ai pas vu un si jolie visage.

Mais qu'est-ce que je raconte ?! Ça doit être mon imagination, ou bien le fait que je ne vois que la moitié d'elle car il fait complètement noir.

Mais, j'ai réellement l'impression d'avoir Rosalie à mes côtés. C'est peut-être pour ça que je lui ai demander son avis.

Je soupire et lance :
-Je te demande ça, mais, elle n'est pas faite pour toi.

Elle me regarde longuement et s'exclame :
-Je m'en doutais !
-Bon, au moins tu es bon publique.

Je la regarde une dernière fois avant de retourner dans ma chambre.
Chère voisine, je pense que cette vie va être bien plus intéressante que je ne le pensais !