Scyllia Tome 2: Conséquence

chapitre 6

Cela faisait une semaine que le procès avait eu lieu et toute l'académie était à présent au courant de l'état de santé de Scyllia. La fillette avait réussi à persuader ses camarades de ne pas en parler et de continuer d'agir comme si de rien était, exception faite de Zoé dont elle savait pertinemment qu'elle n'arriverait pas à la convaincre. Depuis lors, la pyromancienne ne l'avait pas lâché d'une semelle et avait même installé un matelas dans la chambre de la prétendante pour dormir avec elle. La présence permanente de son amie ne la gênait pas et lui avait même permis, une fois le flot de questions de la furie épuisée, de penser à autre chose et d'oublier un temps soit peu l'épée de Damoclès qui se balançait au-dessus de sa tête.

Les enseignants, quant à eux, avaient reçu l'ordre de continuer les cours normalement, mais Scyllia voyait bien leurs regards discrets dans sa direction et les petites attentions à son encontre. Les gestes les plus flagrants venaient sans aucun doute des professeurs de maniement des dagues. Will et Marie gardaient toujours un œil sur elle dès qu'elle montait sur un atelier et Thomas ne la malmenait pas autant que d'habitude lorsqu'il l'entraînait.

Quant aux autres membres de l'académie, Enzo avait usé de sa position de directeur pour obliger chaque mage ne donnant pas de cours à se pencher sur le problème de Scyllia en promettant une immense récompense à quiconque trouverait le remède.

Toute l'académie était donc en effervescence. Les mages courraient dans tous les sens, réquisitionnaient des salles de classe pour remplir les tableaux d'équations indéchiffrables et parlaient de théorie et de lois incompréhensibles par les élèves ne sachant pas que penser de cette énergie soudaine qui gagnait leurs aînés. Mise à part l'activité anormale des mages et les questions qu'ils lui posaient, la vie de Scyllia continuait normalement et le manque de symptôme lui permettait d'assister à chacun des cours.

— Et c'est ainsi que l'on double la puissance d'une rune de foudre sans pour autant utiliser une grande quantité d'énergie, termina d'expliquer Elisabeth en rajoutant quelques éléments discrets au tracé du tableau.

La duchesse avait les yeux cernés, la voix enrouée et ne mettait pas autant d'énergie dans son cours que d'habitude. Scyllia savait que sa professeure principale tenait à elle et qu'elle cherchait, elle aussi, le remède qui la soignerait, sacrifiant de précieuses heures de sommeil pour avancer dans ses recherches.

— Ce sera tout pour aujourd'hui, terminez de recopier cette rune et vous pourrez y aller.

En quelques secondes, les élèves rangèrent leurs affaires et commencèrent à sortir de la classe.

— Scyllia, le professeur Torn participe aux recherches sur le remède et ne pourra pas te donner cours. Il m'a dit que tu pouvais soit continuer à t'entraîner seule, soit te reposer.

— Dans ce cas, je crois que je vais aller voir le directeur.

— Enzo ? Pourquoi ?

— Je voudrais récupérer mon pendentif et il m'a dit que je devrai passer le voir s'il était trop occupé.

— Je ne suis pas sûre qu'y aller aujourd'hui soit une bonne idée.

— Comment ça ?

— C'est un jour assez spécial pour lui. Un jour où il préfère être seul.

— Je ne serai pas longue.

— Dans ce cas, va-y. Mais... Soit gentille avec lui s'il te plaît.

— Et vous, reposez-vous, implora l'enfant.

— Ne t'en fais pas pour moi, je vais bien.

— Ce n'est pas ce que vos yeux me disent. Depuis combien de temps n'avez-vous pas dormi ?