Chapitre 12

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Le groupe sortit de la forêt interdite et se retrouva dans une grande plaine semblable à s'y méprendre à celle qu'ils avaient traversée pour venir. La confusion était telle qu'ils crurent pendant un instant être revenu à leur point de départ, mais la position du soleil les rassura. Ils avaient bel et bien traversé la forêt et s'étaient retrouvés à l'est de cette dernière.

— Nous devrions faire une pause pour déjeuner, proposa Alex.

— Tu as raison, répondit sa mère. Les dentrogars sont territoriaux. Vu qu'il est mort, nous n'avons rien à craindre. Autant faire une pause maintenant, qui sait de quel danger regorgent ses terres.

— Dame Elisabeth dit vrai. Les plaines des terres défendues sont hostiles et regorgent de bêtes assoiffées de sang, confirma Sin.

— Peut-on espérer atteindre ton village avant la tombée de la nuit ? demanda Lise en s'asseyant.

— Avant que Scyllia n'ait soigné Brumi, j'aurai dit oui, mais là... Elle est de nouveau affaiblie.

— Désolé, s'excusa la fillette.

— Tu n'as pas à t'excuser, rétorqua Ronan. Tu as fait ce qu'il fallait.

Tous se retournèrent vers le demi-dieu et le dévisagèrent, incrédules.

— Quoi ? demanda l'intéressé.

— Tu es toujours à critiquer tous ceux qui t'entourent, expliqua Camille. Dire que Scyllia a bien fait... Ça ne te ressemble pas.

— C'est vraiment comme ça que vous me voyez ?

— Oui, répondit la classe d'une seule voix.

— Je vais faire comme-ci je n'avais rien entendu. Ce que je voulais dire, c'est que grâce à Scyllia et à Zoé, les brumares ne nous ont pas attaqués... Et puis, je l'aime bien cette boule de poil.

— Ce n'est pas toi qui voulais le tenir avec « une forte poigne » ? demanda Zoé en caressant Brumi.

— J'ai réagi en fonction de la situation. À ce moment-là, il était la seule chose qui se dressait entre nous et ses parents. Ce que je voulais, c'est qu'il ne s'échappe pas. J'avoue que j'ai eu tort, je n'oublierai pas le sacrifice et le courage dont ils ont fait preuve face au dentrogar.

— Moi non plus, ajouta la pyromancienne, le regard vissé sur la petite bête orpheline. Moi non plus.

— Mais pourquoi ne pas avoir demandé à maman de le soigner au lieu d'utiliser tes propres forces ? demanda le jumeau.

— Sur le moment, je n'y ai pas pensé, j'ai réagi à l'instinct, avoua la prétendante.

— Ce qui est fait est fait, nous ne pourrons malheureusement pas revenir là-dessus, conclu l'enseignante. Pour l'instant, mangeons.

Une fois encore, Elisabeth sortit de sa sacoche dimensionnelle des rations de voyage pour tout le monde. Même Brumi eut le droit à son bout de viande séché. Pendant tout le repas, Zoé s'amusa à faire sauter le petit fauve pour lui faire attraper la nourriture. Encore petit, le félin retombait deux fois sur trois sur le dos, provoquant l'hilarité de tout le groupe. Mais, lorsqu'il arrivait à happer le bout de viande, Brumi se pavanait devant ses nouveaux protecteurs, la nourriture entre les dents, fier de sa réussite.

Sa présence dans le groupe, bien que due à une histoire malheureuse, leur permettait de s'amuser et penser à autre chose, notamment pour Scyllia qui s'inquiétait de plus en plus de ne plus entendre Shed dans sa tête. Elle savait qu'il était là. Il devait sans doute lui répéter que le temps pressait et qu'il fallait se remettre en route au plus vite. Après tout, personne ne savait ce qui pouvait advenir de lui si son hôte ne s'en sortait pas.

Scyllia Tome 2: ConséquenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant