IV

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L'ambiance était à son comble alors que le concert n'avait même pas encore commencé. Nous étions dans les premiers rangs et mon stress était à son apogée. Etienne était à mes côtés, un bras au-dessus de mes épaules alors que Clément rappait déjà les paroles de ses chansons préférées avec les autres spectateurs. J'avais aperçu Théo, ou 2zer, près des rideaux. Mon cœur avait eu un loupé quand je l'avais reconnu alors que ce n'était pas de lui dont j'étais le plus proche. J'avais rencontré une grande partie des garçons de L'Entourage avant mon départ et je m'entendais avec tous, étant considéré comme la petite sœur de l'équipe.

Les lumières s'éteignirent et les premières notes se firent entendre. Le public se déchainait encore plus alors que la peur me rongeait. Etienne dut le percevoir puisqu'il resserra sa prise sur mon cou. Mauvaise graine retentit et je le vis. Il était beau. Les même yeux et le même sourire en coin. Il avait à peine changé. Ken Samaras, mon meilleur ami et premier amour se tenait devant moi.

Flashback

-Eteins la télé, nan ?

Ken ne répondit pas et continua de fixer l'écran où un manga qu'il avait déjà dû voir des centaines de fois défilait. Ca faisait quinze minutes que j'étais arrivée et ça faisait quinze minutes qu'il m'ignorait. Ses parents étaient au travail et il en avait profité pour m'inviter pour  passer l'après-midi ensemble puisque Mékra et Framal étaient en vacances chez leur tante dans le sud de la France.

-Nek ?

Toujours rien. La colère commençait à s'infiltrer dans mes veines. Il savait pourtant qu'il ne fallait pas rire avec moi, malgré mes 15ans et ma petite taille.

Je m'affalais sur lui, ce qui le fait sursauter et grogner. Il me poussa mais je m'accrochais à son tee-shirt. Il abandonna rapidement, comprenant que je ne lâcherais pas l'affaire et il s'allongea donc de tout son long sur le canapé alors que j'étais toujours installée la tête dans son cou. Me rendant compte qu'il fixait toujours la télé, malgré ma présence sur lui, je commençais à souffler dans son cou, ce qui le fit rire. Il se redressa, me forçant à en faire de même et je me retrouvais assise sur ses cuisses alors qu'il commença à me chatouiller les côtes, choses que je détestais, étant beaucoup trop sensible.

-Stop Ken !

Le brun continua sa torture tout en expliquant sérieusement que je méritais de souffrir pour le déranger alors que son manga préféré passait à la télé. Je peinais à reprendre mon souffle et Ken stoppa finalement sa torture. J'ouvris les yeux et essuya les larmes aux coins de ceux-ci alors que le grec m'observait silencieusement. Je levai un sourcil, le questionnant en silence et un sourire en coin apparu sur ses lèvres. Il échangea agilement nos positions et je me retrouvais allongée sous lui alors qu'il observait toujours mon visage avec insistance.

-Ken ?

-Chut, il souffla en embrassant délicatement mes lèvres.

Je stoppais tous mouvements et l'observais silencieusement. Il fit de même, attendant sûrement une réaction. Je remontai mon visage vers le sien, effleurant ses lèvres des miennes. Et il répondit.

C'est pendant cette après-midi de juillet que je compris que mon meilleur ami était plus que ça. Bien sûr j'avais remarqué ma jalousie quand il parlait à une autre fille et les rumeurs qui courraient sur notre relation au lycée, mais je n'avais jamais réellement réfléchi à ça. A notre relation. A un nous.

Le « nous » avait duré presque deux ans. Deux ans de hauts et de bas.

FIN

Le mouvement dans la fosse me fit sortir de mes pensées et je repris pied à la réalité. Des garçons avaient rejoint Nek sur scène. Framal et Mékra en faisaient partis. Un grand sourire prit place sur mes lèvres et je me laissai aller à bouger en rythme avec la musique et à crier les paroles. Ces paroles qui parlaient parfois de moi. Clément se tourna en ma direction et m'attrapa dans ses bras alors que débutait Félins. Je l'entendais hurler les paroles dans mes oreilles et cela me fit rire. Le petit brun éclata d'un énorme rire aussi et mon cœur éclata de bonheur. Il était heureux et c'est tout ce que je voulais dans ce bas monde.

Alors que le refrain retentissait, et que je débitais les paroles en fixant les garçons, je croisais le regard de Framal. Je me tournais subitement vers Etienne alors que mes frères continuaient de chanter le couplet de Nek. Il fallait que je relativise : il était loin et il n'avait pas pu me reconnaître. Je me remis face à la scène et fus heureuse de constater que Framal n'était plus présent pour la musique qui débutait.

Toutefois il revint à la chanson suivante et je sentais souvent son regard se porter de notre côté de la fosse. Peut-être étais-je parano ? J'essayais de me détendre et de profiter du concert dont la fin approchait bien trop vite.


-


-C'était génialissime !

-Grave !

J'hochai la tête en suivant mes frères vers le hall. Nous étions trempés de sueur et je remontais mes cheveux dans un chignon dans l'espoir de m'aérer.

-Il faut que j'aille faire la queue pour les dédicaces !

-T'es sérieux ?

Clément se retourna vers moi, surpris par ma remarque et fronça des sourcils.

-Bah maintenant qu'on est là, autant en profiter.

L'angoisse qui s'était échappée de mon corps à la fin du concert refit son apparition et je me figeais, paniquée par ses « retrouvailles » que voulait m'imposer Clément.

-Clém, je suis fatiguée et j'ai plein de taff pour la semaine pro alors on rentre !

Le grand sourire qui n'avait pas lâché mon frère de la soirée se décomposa et cela me pinça le cœur. Il me fusilla du regard et se tourna vers Etienne qui n'était pas intervenu depuis le début de notre désaccord.

-Etienne, s'te plait laisse-moi y aller !

Etienne soupira et acquiesça alors que je le regardai avec un mélange d'étonnement et de colère. Nous essayions de toujours rester d'accord en ce qui concernait Clément. Montrer un front uni pour paraître plus sérieux. Jusqu'à présent ça fonctionnait plutôt bien.

-On est là Suzie, autant en profiter !

-En plus tu craques graves sur Nekfeu alors tente ta chance, me charria mon frère alors que je sentis mes joues chauffer.

Etienne laissa échapper un rire et je lui donnai une tape sur le bras pour qu'il arrête. Nous étions arrivées dans le hall où une file d'attente longue de plusieurs mètres prenait place devant nos yeux.

-Sérieusement ?

-Bon tais-toi, me lança Clément. Je suis trop content putain.

Clément me prit dans ses bras alors qu'on se plaçait dans la file d'attente. Le temps passait et la queue rapetissait. J'apercevais les garçons assis à des tables parler avec leurs fans. J'étais morte de stress et n'avais pas ouvert la bouche depuis qu'on s'était placé dans la file. Clément parlait pour nous trois. Alors qu'il ne restait que six personnes devant nous, le stress l'emporta et je me détachai de Clément.

-Je vais vous attendre dehors.

-Quoi ? Mais nan Suzie on y est !

Je ne me retournais pas vers mon petit frère et j'entendis à peine Etienne lui dire de me laisser seule.

L'air frais me réveilla et je pris conscience du fait que j'avais été à 10 mètres à peine des garçons qui avaient été ma seconde famille pendant de longues années. Je m'asseyais le long du mur et allumais une cigarette. Ça me détendit instantanément.

-Excuse-moi je peux t'en taxer une ?

Je levais mon visage vers mon interlocuteur et me figeais : Mo.


Come BackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant