XVIII

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J'ai publié un chapitre hier soir mais Wattpad a bugué donc assurez-vous d'avoir lu le chapitre 17 avant celui-ci :)

Bonne lecture !


PDV Ken

Je marchais sur l'espace restreint qui s'offrait à moi. Je pestais et me retenais d'hurler ma haine au visage de Hakim, appuyé sur la rambarde du balcon.

-Tu vas dire quelque chose ou te contenter de tourner en rond ?

Je me figeais et repostais mon regard sur mon ami. Il me fixait, attendant que je prenne la parole.

-Qu'est-ce qu'elle foutait là ?!

-T'étais pas censé être là ce soir, expliqua calmement Hakim. Alors on a voulu l'inviter.

-D'accord, ris-je méchamment. Donc ça sera comme ça maintenant ? Vous ferez des soirées avec elle et d'autres avec moi ? criais-je. Je serais plus invité à toutes vos soirées ?!

-Mais n'importe quoi, grogna Hakim. Arrête de dire de la merde déjà. Jamais on ne te laissera de côté et tu le sais Nek.

-C'est pas l'impression que j'ai, je bougonnai.

-Putain Ken, gronda Hakim, je comprends que tu sois déboussolé de la revoir mais t'étais pas censé être là alors tu peux pas nous en vouloir pour ça gros.

Je repris ma marche. Parce que ce con avait raison. J'avais dit à Mo que je passerai ma soirée à écrire au studio quand il m'avait proposé sa soirée. L'inspiration était là mais j'avais laissé tomber en constatant que toutes mes idées se rapportaient à Suga.

-Je voulais pas la revoir putain, grognais-je en sortant une cigarette de mon paquet.

-T'avais arrêté cette merde Nek, gronda Hakim.

-Ouais bah j'ai repris, je râlai en allumant le bout de ma clope.

Hakim grogna mais ne protesta pas plus. Suga avait bouleversé mon quotidien et visiblement ça n'était pas près de s'arrêter. La revoir m'avait fait autant de bien que de mal. Du bien sur le coup, parce qu'elle m'avait incroyablement manqué. Malgré ce que je disais aux gars depuis des années, je n'arrivais pas à l'oublier et je pensais de temps en temps à elle. Quand une jolie blonde se trémoussait sur la piste de danse d'une boîte et que l'alcool coulait à flot dans mes veines. A chaque fois que je chantais Galatée. Dès que je croisais des yeux verts, pas aussi éblouissant que ceux de mon ex. Lorsque je voyais un couple se disputer.

Savoir qu'elle allait bien m'avait soulagé. Voir qu'elle avait à peine changé physiquement m'avait chamboulé. Toujours ses foutus cheveux blonds qui me chatouillaient le nez quand je dormais mais qui me rendaient fou. Toujours ses yeux en amande d'un vert vif, bordés de cils naturellement interminables. Toujours sa peau de porcelaine. Je n'avais vu son visage que quelques secondes mais le temps avait été dilaté et j'avais eu le temps de m'imprégner d'elle et d'imprimer son image en moi à nouveau.

Elle était toujours ancrée en moi et reconnaître ce fait m'énerva. Je donnai un coup de pied dans une chaise d'extérieur, la renversant, alors qu'Hakim grogna.

Flashback

-Nek, calme toi putain !

Je n'écoutai rien de ce que mes amis me demandaient et bu de longues gorgées de la bouteille au goulot.

-Il va encore être totalement déchiré.

Et ils avaient raison. J'avais bossé toute la semaine et ce soir, j'avais juste envie de profiter et de lâcher prise alors j'avais organisé cette soirée avec mes potes dans mon salon.

Il y avait de l'alcool, de l'herbe, des filles. Bref c'était une soirée réussie et je profitais. Enfin je voulais en profiter mais la blonde qui était venue me parler quelques heures auparavant m'avait refroidie. Ses longs cheveux blonds et légèrement ondulés m'avaient rappelé ceux d'une autre femme. La femme qui m'avait abandonné trois ans plus tôt. Pourtant je pensais de moins en moins à elle. Je l'avais presque oublié.

-Putain mais doucement on t'a dit !

Idriss m'arracha la bouteille des mains et je décidai de me relever. J'entendais les grognements et les questions de mes amis derrière moi alors que je me dirigeais vers ma chambre. Voir cette fille m'avait fait prendre conscience que petit à petit, j'oubliais le visage de Suga. Et cette constatation me faisait mal. La blonde m'avait laissé tomber mais je ne voulais pas pour autant l'oublier. Parce qu'elle avait été ma meilleure amie avant d'être ma première et seule véritable relation amoureuse. Parce qu'elle avait fait de moi l'homme que j'étais aujourd'hui. Parce qu'elle était ma source d'inspiration. Alors je m'assis devant mon placard et en sorti une boite à chaussure, cachée derrière une pile de vieux sweats. La boite était ordinaire mais ce qu'elle contenait représentait les meilleures années de ma vie : des photos de Suga et de moi, d'elle et des gars, des mots qu'on s'envoyait quand on était en cours et que j'avais retrouvé après son départ, un tee-shirt qui ne portait plus son odeur et un bracelet qu'elle m'avait offert pour mes dix-huit ans. Quelques mois avant son départ. Je refermais la boite alors que des coups se firent entendre sur ma porte.

-Ca va Nek ?

Je me redressai, la boite sous le bras alors que Hakim me fixait les sourcils froncés.

-Ouais, je soufflais en reposant la boite dans mon armoire, à sa place. On y retourne ?

J'avançai vers lui mais Hakim me retint par le bras alors que j'allais passer la porte.

-Pourquoi tu pleures ?

Et je me rendis compte que mon pote avait raison : des larmes mouillaient mes joues alors que je ne m'étais pas rendu compte de leur présence.

-Pour rien.

Hakim allait ouvrir la bouche mais je l'en empêchai en reprenant la parole tout en m'essuyant les joues :

-Je pensais à quelque chose que je ferais mieux de totalement oublier.

Et je repris mon chemin vers le salon, Hakim ayant compris que je n'avouerai pas explicitement la raison de ma peine.

Fin

-Ca va Ken ?

-Ouais, t'inquiète, ça ira, je soufflai en reprenant pied avec la réalité. Tu peux aller voir si elle est encore là ?

Hakim acquiesça et rentra à l'intérieur de l'appartement. Quelques secondes après, mon ami refit son apparition et me signala le départ de Suga. J'en profitai pour rentrer à l'intérieur de l'appartement, et alors que mes potes me demandaient comment j'allais, je me dirigeai vers la porte d'entrée tout en les ignorant.

-

Assis en tailleur sur mon lit, j'avais retrouvé la boite à chaussure. Je ne l'avais pas réouverte depuis cette fameuse soirée où la peine avait pris le dessus et à présent, j'hésitai. Je fixai la boite et me décidai à l'ouvrir. Je voulais juste jeter un œil à notre ancien couple.

Le bracelet en cuir reposait sur le dessus du tas de photos. « Nek & Suga » était gravé à l'encre noir. Je reposai le bijou et continuai mon inspection.

« On se retrouve après les cours ? » « Je m'ennuie Ken, je t'en supplie fais-moi rire » « Je déteste les maths » « Rappelle-moi de ne pas devenir prof ». J'avais oublié son écriture. Elle était quasiment illisible pour des yeux inexpérimentés.

Et des photos. Des dizaines de photos. De nous tous. De nous deux.

Pendant ces cinq ans, j'avais longtemps voulu l'oublier et pourtant, dès que j'oubliais la façon dont ses cheveux bouclaient ou les légères tâches de rousseurs sur son nez, je paniquais et pleurais. Elle faisait partie de ma vie et je ne pouvais pas me résoudre à l'en faire sortir.


Come BackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant