XI

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J'entendais les voix de mes frères montées crescendo et je savais qu'il allait falloir que j'intervienne. Je posai rapidement mon livre, après avoir plié la page que je lisais, et me dirigeais vers le salon. Clément était étalé dans le canapé et jouait à la play alors qu'Etienne criait depuis la cuisine.

-Il se passe quoi ?

Clément ouvrit la bouche mais Etienne le devança.

-Si ton frère bouge pas son cul, je vais lui en foutre une !

Clément ricana alors qu'Etienne le fusillait du regard. Je posais ma main sur le bras de mon ainé. Il reporta son attention sur moi et lâcha un profond soupir.

-Clément ? Il se passe quoi là ?

-Ton frère est casse-couille, rit le blondinet alors qu'Etienne serrait sa mâchoire.

-Clém, grondais-je, je parle de toi et de ton comportement en ce moment. SI tu nous expliquais pourquoi tu t'es fait exclure du lycée par exemple ?

Notre benjamin cessa de sourire et reposa violemment sa manette de jeu sur la table basse alors qu'il se passait une main énervée dans les cheveux.

-Vous faites chier, il grogna. Y a rien du tout.

-Te fous pas trop de nous, gronda Etienne.

Je m'assis auprès de mon petit frère et lui fis signe de parler.

-J'ai rien à dire.

-Clément, je râlais. On veut bien t'aider mais dis-nous, sinon on ne pourra rien faire.

-Tu pourras rien faire, alors autant qu'on s'épargne ça, il grogna en se relevant du canapé.

Etienne l'empêcha de passer et alors que Clément s'apprêtait à le pousser pour passer, je m'interposais entre les deux.

-Bon vous deux vous vous calmez déjà, je criai alors que les deux commençaient à s'échauffer. Tout le monde s'assoie et on parle, comme des gens civilisés.

Les deux garçons firent ce que je leur avais ordonné, sans cesser de se fixer hargneusement.

-Clément, je soufflais doucement en attrapant sa main pour qu'il me regarde. Etienne et moi on est là pour toi mais il faut que tu nous expliques ce qu'il se passe.

-On ne comprend pas comment t'as pu passer d'un mec calme à une tête à claque en quelques semaines, grogna Etienne alors que je lui fis les gros yeux pour qu'il se taise. Arrête de me regarder comme ça Suzie, je lui dis la vérité.

-Je sais que je suis chiant, avoua finalement Clément en se passant une main dans les cheveux. Mais j'ai du mal à me faire à notre vie ici.

Je fronçai les sourcils alors qu'Etienne lui demandait d'approfondir sa pensée.

-Bah je sais pas, à Brest on était toujours ensemble. Suzie tu m'emmenais partout avec la caisse de tata Gwen et on se racontait nos journées tous les soirs. Ici, Etienne, t'es toujours au taf et Suzie le nez dans tes livres. Et puis je découvre que vous avez des secrets alors que moi vous connaissez tout de ma vie, il avoua en tentant de prendre un air détaché. Mon lycée est un truc de bourges et la plupart des mecs sont des gros cons.

Etienne lui donna une tape dans le dos alors que je fis un léger sourire à mon benjamin. C'est vrai que depuis notre installation ici, on avait partagé peu de moments en famille, étant chacun occupé par nos nouvelles vies.

-On pourrait aller manger au resto ce soir pour qu'on se raconte un peu ce qui se passe dans nos vies respectives ?

-Bonne idée Etienne, j'acquiesçais, mais je vote pour un kebab devant une bonne série.

-Narcos, hurla Clément en se jetant sur la télécommande

-T'es sûre pour le kebab ? demanda innocemment Etienne. Je trouve que t'as pris du cul depuis qu'on est arrivé à Paris.

Je frappai le grand brun alors que Clément et lui se tchequait. Se moquer de moi leur avait toujours permis de bien s'entendre.


-


La soirée avait permis de calmer les tensions et Clément nous avait promis de faire des efforts quand on s'était excusé de ne pas lui avoir accordé assez d'attention.

-Suzie, chuchota Etienne alors que Clément venait de s'enfermer dans la salle de bain. Je peux te parler ?

-Vas-y, je t'écoute.

-Vas falloir qu'on fasse attention à Clém, il reprit sérieusement. C'est à cet âge là que t'es partie en couilles toi, alors on fait gaffe, ok ?

Je lui adressais un léger sourire et hochais de la tête, lui promettant de redoubler d'attention pour notre petit frère. Etienne me déposa un léger baiser sur le front et parti se coucher alors que je m'enfermais dans ma chambre. Sans le vouloir, Etienne avait réveillé ma culpabilité. Parce que sans cette horrible période où j'avais été infernale, mes parents seraient peut-être encore là. J'essuyai la larme qui avait réussi à passer la barrière de mes cils, et attrapai mon portable qui affichait 2 messages.

De : Idriss

A : Suga

J'étais content de te revoir. On se refait ça très vite !

De : Mo

A : Suga

Les gars veulent te voir


Come BackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant