XIII

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Figée devant la porte, je resserrais les pans de mon manteau autour de moi. Je levais le doigt vers la sonnette mais laissais rapidement mon bras retombé le long de mon corps. Je n'avais pas le courage de revoir les garçons qui avaient été une deuxième famille pour moi pendant toutes ces années. La joie de vivre de Morgan, la bienveillance de Théo, les blagues d'Antoine, le sourire de Deen étaient des choses qui m'avaient manqué et parfois même fait pleurer quand je me souvenais de cette époque. Et je me retrouvais aujourd'hui à quelques mètres seulement de ceux qui avaient été là pour moi quand ma famille ne me suffisait plus. Alors je rapprochais à nouveau mon doigt de la sonnette mais la porte s'ouvrit avant que je n'appuie sur le bouton et je me figeais. Hakim et ses yeux noirs me fixaient.

J'entendais les rires et les voix des garçons en arrière-plan mais n'y prêtais aucune attention. Tout ce qui comptait était Hakim, figé devant moi, à seulement quelques mètres. Il avait changé. Il était passé d'un jeune adolescent à un homme. Le regard qu'il me lançait me paralysait alors que dans mes souvenirs, ses yeux étaient rieurs et le reflet de son bonheur. Ses lèvres étaient serrées l'une contre l'autre et sa mâchoire contractée rajoutait de la prestance au personnage.

Alors que je m'apprêtais à ouvrir la bouche pour le saluer, il me passa à côté, me bousculant avec son épaule. Je me repris rapidement et me précipitais à sa suite dans les escaliers. J'attrapais sa main et il se figea alors que je me plaçais devant lui. Nous nous fixions, aucun de nous ne souhaitant rompre cet instant. Ses yeux reflétaient de la haine mais je pris sur moi pour ne pas détourner le regard et affronter l'homme qui se trouvait en face de moi. Ma main gauche se posa sur sa joue alors que je ne lâchais toujours pas sa main. Je ne voulais pas que ce moment s'arrête. Il m'avait manqué. J'avais pleuré tant de fois en pensant à lui. J'avais espéré être dans ses bras de si nombreuses nuits. J'avais rêvé de ses mots réconfortants pendant tant de crises de panique. Le voir devant moi était comme un rêve éveillé mais je pris conscience d'être dans la réalité quand sa main se posa à son tour sur ma joue. Lentement. Délicatement. Et je repris pied sur terre et me rendit compte que les larmes dévalaient mes joues quand Hakim les essuya de ses pouces. Tendrement.

-Pleure pas Suga, il murmura de sa voix grave.

Je hochai de la tête et un léger rire nerveux s'échappa de mes lèvres. Rapidement Hakim laissa également échapper un rire et je me précipitais dans ses bras alors qu'il les refermait autour de moi, me serrant contre lui.

-Tu m'as tellement manqué.

Je reniflais mais n'ouvris toujours pas la bouche. Parce que j'avais peur qu'il s'énerve si j'osais parler. Je redoutais qu'il me laisse tomber et ne veuille plus jamais m'adresser la parole.

-Promets moi de ne plus jamais t'enfuir comme ça, il souffla dans mes cheveux.

-Promis, je murmurais doucement.

-On monte ?

J'acquiesçai alors que nous nous écartions, ma main ne lâchant pas la sienne. Avec lui à mes côtés je me sentais plus forte. Devant la porte de chez Mo, je n'hésitai même pas un instant et pénétrai dans la pièce, un sourire toujours scotché à mes lèvres. Alors que nous entrions dans le salon, un silence emplit la pièce et je me souvins alors d'où j'étais. Hakim lâcha ma main et partit s'installer aux côtés de Deen alors que je mordais ma lèvre inférieure, soudainement mal à l'aise.

-Hum... Salut, je soufflais en tentant un léger sourire.

Un rire résonna dans la pièce et je me retournais rapidement vers son origine : Doums se tenait devant moi et me serra contre lui alors que la pression redescendit d'un coup.

-Salut Suga, il lança. Content de te revoir !

-Moi aussi Doums, je lui souris doucement en attrapant la bouteille de bière qu'il me tendait.

Idriss m'attrapa par la main et m'attira à ses côtés, sur le canapé, entre lui et Théo. Ce dernier m'adressa un léger sourire et je me permis enfin de lancer un coup d'œil à toutes les personnes présentes dans la pièce. Hugo, Antoine, Doums, Deen, Idriss, Phaal, Mo et Hakim. Tous me fixaient, souriant plus ou moins.

-Pourquoi t'as pas donné de nouvelles ?

-Hugz putain, grogna Idriss.

-Bah quoi ?! On a le droit de savoir pourquoi elle nous a snobé au moins, non ?

Je grimaçais devant le ton amer qu'il employait mais posais ma main sur le bras d'Idriss pour lui signifier de ne pas répondre à son ami.

-Vous avez le droit de savoir Hugo, j'affirmai doucement. Quand je suis partie, j'étais au plus bas et -..

-On le sait ça, m'interrompit Phaal. On était là à l'enterrement de tes parents, on t'a soutenu et on l'aurait fait jusqu'à ce que tu fasses ton deuil.

J'hochai de la tête, la vue brouillée par les larmes. Refusant de céder à la tristesse que les souvenirs évoqués provoquaient, je me raclais la gorge et tentais de reprendre.

-Sauf que je devais aller à Brest, vivre chez ma tante, et je ne vois pas comment j'aurais pu continuer à maintenir une amitié à distance avec vous vu l'état dans lequel j'étais.

-Sympa.

-C'est pas contre vous Deen, je soufflai. J'étais mal et égoïstement j'ai pensé qu'à moi. Je voulais juste tout oublier et ne plus me préoccuper de rien ni de personne.

-Et Ken ?

Je regardais Hakim, qui venait de poser la question, mais baissais rapidement le regard sur ma bière.

-On se faisait trop de mal de toute façon, je soufflai. On aurait fini par se quitter alors j'ai fait qu'accélérer les choses.

Phaal éclata d'un rire méprisant et me fixa de ses yeux noirs.

-Ken il te kiffait, ok ? Alors dis pas de la merde, il gronda méchamment.

-C'est sûrement parce qu'il m'aimait qu'il me trompait avec une meuf différente à chaque soirée, je m'énervai.

Phaal allait répliquer mais Deen le coupa en cognant sa bouteille contre la mienne et en déclarant qu'il était content de me revoir. Je lui adressais un léger sourire mais j'étais toujours mal à l'aise et sentais les yeux de Phaal et de Hugo me fixer méchamment. Je comprenais leur besoin de défendre leur ami mais ne souhaitais pas porter l'entière responsabilité de l'échec de notre couple alors que Ken avait passé de longs mois à me tromper sans s'en cacher. J'avais énormément souffert de ne plus le voir. Avant d'être mon copain, c'était un de mes meilleurs amis et mon pilier. Le quitter avait sûrement été une des décisions les plus difficiles à prendre de ma vie. Mais ne plus lui donner de nouvelles était devenu vitale pour moi. Parce qu'il fallait que je tire un trait sur lui et ses tromperies si je voulais récupérer le peu de famille qu'il me restait et sauver mon cœur déjà bien trop piétiné. 


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Je ne publierai pas de nouveau chapitre avant dimanche puisque je pars en voyage, voir une amie à Prague. J'essaierai donc de publier un chapitre dimanche soir mais je ne promets rien :)

N'hésitez pas à commenter: est-ce que vous aimez l'histoire ? Les flashbacks vous plaisent ? Est ce que vous pensez que les retrouvailles Suga-Ken sont pour bientôt ? D'ailleurs un avis sur Suga ?

Bonne lecture et à bientôt !


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