Chapitre 4

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La lueur amusé dans son regard me glace le sang, mon cœur se met à battre frénétiquement contre ma cage thoracique et je suis sure à mille pour cent que je suis aussi rouge qu'une tomate bien gorgée de soleil sinon plus.

-« monsieur Shaw ! Que puis-je faire pour vous ? » je ne reconnais même pas ma voix tant elle est toute pâteuse comme si j'étais sous l'effet de l'alcool, j'essaie de ne pas lui faire voir ma panique mais c'est un cuisant échec ! Lamentable comme d'habitude, murmure ma conscience d'un ton rude par-dessus ses lunettes parfaitement carré.

-« calmez-vous mademoiselle je ne suis venu que pour quelques  livres» je déteste ses yeux dorés d'ailleurs comment peuvent-ils avoir cette couleur ? Car ils m'hypnosent et je me sens happée par ce regard intense ou brille à cet instant une lueur amusée et infantile qui quelque part au fond me fait sourire à l'intérieur.

-« désolée d'habitude les gens qui y entrent me saluent immédiatement parce qu'ils me connaissent » il fronce les sourcils ce qui m'oblige à m'expliquer instinctivement « il n'y a généralement que des habitués dans cette petite librairie et ce sont tous des quinquagénaires » je souris à cette idée, tous mes amis font le double ou triple de mon âge. Mais ce n'est sans doute pas une raison pour ne pas relever la tête, mon excuse est pitoyable comme je le suis en cet instant à rougir bêtement devant un homme comme le ferait une gamine de quinze ans devant le beau garçon de terminal qui vient lui parler pour la première fois. Je le sais parce que l'ai vécu et ce beau garçon s'appelait James, l'homme dont j'étais folle amoureuse et qui m'a enlevé toute envie de me lier à quelqu'un enfin, me voila...devant ce David...Peut-être mon futur patron.....

-« dites aussi que vous étiez très absorbée par votre lecture » je m'empourpre immédiatement. Tu croyais le duper ? Idiote !

-«c'est vrai » avouai-je en esquissant un semblant de sourire tout en ramassant le livre que j'ai jeté par terre sur le coup de la surprise, il semble d'autant plus amusé de voir le marque page à un niveau avancé presque à la fin du roman.

-« j'ai cru comprendre qu'il y avait un véritable engouement autour de ce livre...Spécial ! » Il se retient de sourire je le vois bien, et j'adore ça autant que déteste. « Cinquante nuances de Grey... »

-« plus sombres » fis-je rapidement, il fronce les sourcils ne semblant visiblement pas comprendre.Mon dieu ce regard va finir par m'achever !

-« pardon ? »

-« ce n'est pas cinquante nuances de Grey, c'est cinquante nuances plus sombres, le deuxième de la trilogie » ses lèvres s'étirent encore plus et ses yeux brillent d'avantage, je referme le livre et le pose sur une étagère.

-« c'est vrai que ça fait toute la différence ! » je perçois du sarcasme dans sa voix et je ne peux m'empêcher de me planter devant lui pour le défier, je ne me connaissais pas un tel courage, et je regrette aussitôt cette montée d'adrénaline.

-« vraiment toute la différence monsieur » articulai-je lentement avant de m'éloigner, et une fois de dos je reprends mon souffle comme si j'étais en apnée et je l'étais parce que je n'ai pas pu respirer, quelque chose en lui m'a coupé le souffle. Non pas quelque chose en lui mais lui en entier. Il est d'une telle présence que je le sens emplir toute la librairie, je dois me ressaisir immédiatement ou sinon je cours à ma perte. Ne jamais laisser un homme contrôler tes réactions. La voix d'Alysson me revient en tête, elle a raison, quand il s'agit des hommes, elle est toujours méfiante et si elle me voyait dans cet état elle me tuerait sans doute.

-« en quoi puis-je vous aider ? » je m'engouffre parmi les rangés de livres anciens en l'incitant à me suivre d'un simple mouvement de la tête , mon corps tout entier  tremble, je sais qu'il me regarde et cette simple pensée provoque en moi un ras-de-marré d'émotions inexplicables.

-« j'aimerai quelque livres parlant de banques et d'investissement et un autre d'aviation ! » Waouh ! Il est aussi pilote ? La question me démange et je ne peux en aucun cas me réprimer de la lui poser, j'ai des montées d'audace comme ça en sa présence ? Alors pourquoi ne pas en profiter ?

-« vous pilotez ? » mine de rien, je lui lance quelques regards curieux, il se passe les mains dans les cheveux et je suis soudain prise de l'envie d'y plonger les miennes. Mon sang coule plus rapidement dans mes veines et ma respiration s'accélère brusquement.

-« non, ce n'est pas pour moi c'est pour mon ami qui est commandant et qui possède sa propre entreprise d'aviation » la fierté dans sa voix n'est même pas dissimulée.

-« donc votre cercle d'ami ne renferme que des pilotes et des chefs d'entreprises ? » un sourire danse sur ses lèvres sensuelles, je me perds alors à les imaginer collées sur les miennes, du calme, du calme ! Je regrette aussitôt ma phrase puisqu'il n'est plus qu'à quelques centimètres de mon visage et ses sourcils arqués trahissent son amusement.

-« en seriez-vous jalouse ? » cette phrase manque de m'achever, je lève les yeux et arrime mon regard au siens, ses pupilles dorées son à présent dilatées et son souffle haché me brule la chaire.

-« pas le moins du monde » et voila comment je m'écarte de lui subtilement tout en sachant que je dois avoir cinquante de fièvre et que mes jambes flageolantes manquent de m'envoyer à terre la tête la première, j'entends son rire guttural envahir toute la libraire, voila que mon cœur fait encore des siennes, pourtant je ne suis pas le moins du monde dérangée par son rire au contraire il m'arrache un sourire ! Je m'engouffre dans la librairie suivi de très près par David et entreprends de chercher des livres qui pourraient l'intéresser, j'aperçois sur le haut d'une étagère ce qui pourrait faire son bonheur, une édition originale d'un bouquin d'avion. Je monte sur une petite échelle.

-« vous allez voir ! Le livre que je vais vous donner fera da votre journée une journée meilleure ! »

-« faites donc ! » Il sourit et tient fermement l'échelle pour ne pas que je tombe, cette proximité m'effraie et l'inévitable arrive, mes jambes flageolantes me lâchent après de longues minutes de rude confrontation et de combat acharné, je ferme les yeux, je me vois déjà étalée devant lui sur le sol à gémir de douleur. Les secondes s'écoulent et je ne sens rien encore, comme un robot j'ouvre les yeux.... Mon dieu !

 Je suis paralysée par ces deux fentes dorées si près de mon visage, David m'a rattrapé dans ma chute et je suis à présent dans ses bras portée comme une princesse, une violente bouffée de chaleur me monte aux joues pourtant ni lui ni moi ne rompons le contact visuel. Nous restons à nous dévisager de longues minutes tandis que son souffle brûle, irrite, agace ma peau qui est deux fois plus claire que la sienne plus bronzée. Il me lâche enfin et un peu déçue et très gênée, je bafouille des excuses inaudibles devant son sourire mystérieux et je le remercie infiniment, je suis tellement empotée ! Et par-dessus le marché je trébuche plusieurs fois sur le chemin de la caisse.

-« je vous dois combien pour ces livres qui vont refaire ma journée ? » le ton malicieux de sa voix me décroche un léger sourire. Je lui énonce le montant qu'il paie immédiatement, puis sur le point de franchir la porte il se retourne vers moi, mince ! Il a du se rendre compte que je lui suivais des yeux.

-« à très bientôt Savannah et tachez de ne pas tomber à moins que je ne sois à quelques centimètres pour vous rattraper dans votre chute » je cligne plusieurs fois des yeux, incapable d'assimiler ces paroles, me voila en train de fixer la porte dans l'espoir de le revoir entrer de nouveau. S-a-v-a-n-n-a-h, j'articule en boucle mon prénom en portant ma main devant ma bouche, sa manière exquise de prononcer mon prénom provoque de délicieuses contractions dans les profondeurs de mon corps restés jusque la en retrait. Merde ! Ce que pourrait bien être mon futur patron vient de me rattraper en chute et il me fait de l'effet et ma conscience par-dessus le marché est aux abonnées absents.......que vais-je donc devenir si je dérochais ce boulot ?

Une dangereuse attiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant