Une soirée douce

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Médias: Ed Sheeran "How would you feel"

                  Bradley Cooper dans le rôle d'Antoine


*Sur la terrasse, chez Henri:

  -"Oh! Quelle jolie vue Antoine, c'est vraiment un beau parc que vous avez là!"

  Antoine sourit, fier de l'aménagement de cet immense jardin qui descend en pente douce jusqu' à un petit plan d'eau entouré de saules qui oscillent au vent du soir. Regarder un tel paysage me détend, malgré le flot de questions qui se bousculent dans ma tête. Des canards viennent se poser à la surface de l'eau, prenant leurs quartiers pour la nuit.

  -" C'est tellement calme, je ne pensais pas qu'un tel lieu existait dans notre ville.

  - C'est vrai que c'est un endroit paisible, sourit Antoine, tu te sens comment Lyla?

  - Je vais bien, enfin... je me sens rassurée... Je crois... J'ai eu tellement de peine quand Henri s'est éloigné de moi sans que je comprenne quelle erreur j'avais bien pu faire! C'était vraiment incompréhensible. Nos amis nous observaient eux aussi, complètement perdus par les changements dans nos relations. Nous semblions très proches et la minute suivante, Henri se fermait. Cela a rendu nos amis tristes pour nous. Mais, là tout de suite, je crois que me sens libérée de mes doutes, plus sereine et ...rassurée tout simplement, vous voyez?..."

  Antoine secoue la tête, il comprend ce que je veux dire.

  Je souffle un grand coup pour libérer les tensions qui demeurent dans mes épaules, un bon massage me ferait du bien. Comme s'il lisait dans mes pensées, Henri pose le plateau de rafraîchissements sur la table et me rejoint. Prenant mes épaules dans ses grandes paumes, il en masse doucement l'arrondi puis remonte vers ma nuque où ses doigts, légèrement tremblants, dansent contre ma peau. Il me sourit timidement puis son souffle effleure mon oreille quand il murmure:

  - "Lyla, te me pardonnes? Je sais que je n'ai pas été à la hauteur et à plusieurs reprises en plus... Je suis tellement désolé de t'avoir fait pleurer alors que tout ce que j'attendais chaque jour c'était de voir ton sourire. Je ne voulais pas te blesser, j'ai cherché comment être proche de toi sans risquer d'être à nouveau détruit par Jay et ce qu'il représente pour beaucoup de filles. J'ai eu peur de l'autre moi."

  Antoine s'est éloigné discrètement pour nous offrir un moment d'intimité. Il a l'air serein et ne se départit plus de son sourire jusqu'à ce qu'il revienne avec un grand plateau de fruits de mer qu'il nous présente en s'inclinant légèrement.

  -" Mademoiselle est servie! J'espère que tu aimes les coquillages et les crustacés Lyla?

  - Oh la la la! C'est trop beau! Le parc, l'étang, ce soleil couchant et un somptueux plateau de fruits de mer, je me sens comme une princesse!"

  Henri s'avance et tire une chaise pour que je puisse m'asseoir à ses côtés.

  -" Princesse, si vous voulez bien vous donner la peine..."

  Ses yeux pétillent de malice, il est heureux et détendu. Pour la première fois de la soirée, je nous sens complètement en paix, libres d'exprimer nos sentiments et toute la tendresse que nous avons retenue jusque-là.

  Nous parlons peu, sourions beaucoup et chaque effleurement de nos bras nous fait frémir. Nous nous rapprochons tout au long de la soirée sous le regard amusé et bienveillant d'Antoine. Quand ce dernier apporte les cafés, Henri m'a fait asseoir sur ses genoux et me tiens tout contre lui, ses longs doigts lissant mes cheveux ou jouant avec une de mes boucles, qu'il enroule autour de son index.

  S'il se mettait à fredonner, je suis certaine que je m'endormirais en un instant, blottie contre son cœur qui bat la chamade dans sa poitrine large et réconfortante. Antoine se racle la gorge, semblant désolé de rompre le charme.

  -" Lyla, c'est une soirée riche en émotions pour Henri, mais aussi pour toi..."

  Je le sens hésitant et mon corps se tend sensiblement. Je ne sais plus comment respirer. La main d'Antoine se pose sur la mienne et il la serre affectueusement.

  -" Tu dois avoir des questions ou tu en auras, peut-être demain? J'avoue que la façon dont tu sembles prendre les choses me laisse perplexe. Tu aurais pu perdre tes moyens, en vouloir à Henri, vouloir rencontrer Jay..."

  La mâchoire d'Henri se contracte, son poing se ferme contre sa cuisse, il inspire profondément et ferme un instant les yeux.

  - "Papa..."

  Sa voix n'est qu'un murmure mais toutes ses angoisses sont contenues dans ce mot.

  - "Je suis désolé Henri, mais c'est une sacrée révélation et tu ne peux faire comme si les choses étaient simples. Je sais combien tu aimes Lyla. Je sais que tu as peur de la perdre et que c'est cette peur qui t'a toi aussi rongé de l'intérieur ces derniers mois. Mais vous allez devoir trouver une façon de gérer tout ça, le lycée, vos amis, tes absences pour les enregistrements et les répétitions, Lyla va devoir s'habituer à te partager avec ton public et il y aura beaucoup de stress à surmonter pour toi ma Belle."

  Antoine fait une pause, son regard scrute mes traits pour desceller une éventuelle fêlure. Je vais bien. Je ne réalise pas encore tout ce que cela implique mais j'ai le temps d'y réfléchir ce weekend. Je rassemble mes esprits et profite du silence d'Antoine pour expliquer ce que je ressens. Il plonge son regard dans le mien, impatient de découvrir ce qui se cache sous la surface. Henri pose son menton sur mon épaule et me souffle en déposant un baiser à la base de mon cou:

  -" Moi aussi, je veux découvrir ce qui se passe dans ta jolie tête, je suis vraiment curieux, je veux savoir si tu as ressenti les mêmes émotions que moi."

  Je choisis soigneusement mes mots puis je me lance.

  - "Eh bien, pour être honnête, tu as capté mon attention dès ton arrivée dans la classe. Tu étais toujours en avance, toujours plongé dans tes livres, toujours seul. Cela aurait pu être un choix de ta part, après tout on peut aimer la solitude, mais, j'avais l'impression que c'était plutôt une contrainte. J'ai voulu faire ta connaissance mais tu m'as rejetée sans explication. J'ai pensé que tu t'imaginais être mon oeuvre de charité, la fille populaire qui vient à la rescousse du grand méchant geek, tu vois? "

  Il hoche la tête, un sourit contrit sur les lèvres, il voit très bien je crois...

  - "Bref! Comme tu l'as découvert, je ne baisse jamais les bras face à l'adversité, enfin, parfois, devant un mur de plus d'un mètre quatre-vingts, coiffé de cheveux blonds et portant de grandes lunettes qui cachent son magnifique visage, il m'est arrivé de perdre courage et d'être tentée de renoncer à m'approcher."

  Je l'entends gémir dans mon cou, il cache son visage dans mes cheveux mais m'invite à poursuivre.






Le secret d'HenriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant