Tournée d'été -Australia 3 ème partie-

359 18 3
                                    

*A l'hôtel:

-" Qu'est-ce qui se passe, Lyla? Il t'est arrivé quelque chose? Tu veux que je vienne?"

Ma voie est tellement chevrotante qu'Antoine s'inquiète sur le champ, ne me laissant pas lui expliquer la situation. J'attends un instant qu'il reprenne son souffle et en profite pour me calmer aussi. Jamais je n'aurais imaginé me retrouver dans une telle situation. Mais ça aurait pu être pire... ou pas... Antoine, écoute attentivement ce que je lui raconte, lui aussi trouve que l'on s'en sort plutôt bien vu le contexte.

-" Tu es habillée comment là?

- En "civile", j'ai pris la tenue et les accessoires qu'Henri m'a préparés mais je comptais me changer une fois sur place.

- C'est prendre trop de risques, retourne tout de suite dans ta chambre et je t'envoie quelqu'un, vous viendrez directement en taxi une fois que tu seras déguisée. Il doit déjà y avoir des paparazzi devant l'hôtel, peut-être même à l'intérieur. Pour l'instant, tu remontes calmement et tu attends. Ne dis rien à Henri, ni à personne avant le concert, on aura le temps d'établir un plan après, d'accord?"

Je raccroche et me dirige le plus tranquillement possible vers l'ascenseur, une fois les portes refermées, j'expire un grand coup, laissant l'adrénaline redescendre. Je tiens toujours dans la main, le journal qui apporte un vent de panique. Je baisse les yeux ne souhaitant pas être reconnu par un éventuel client de l'hôtel ou un paparazzo et sors en trombe de la cabine lorsque les portes s'ouvrent enfin sur mon étage. J'ouvre la porte de la chambre et me laisse glisser au sol, épuisée. Je finis par me reprendre. Je regarde par la fenêtre, quelques journalistes se trouvent effectivement sur le trottoir d'en face.

Je sursaute lorsque trois coups brefs sont frappés à la porte. Avec précaution, je demande qui est là. Je reconnais le nom que m'a donné Antoine et ouvre enfin la porte à ma visiteuse en m'excusant de ma méfiance.

-" Il n'y a pas de soucis, j'en ai vu d'autres, me dit-elle en souriant. Je me présente, je suis Maayan, la maquilleuse de Jay ce soir. Antoine m'a expliqué la situation et on va te rendre méconnaissable!"

Je guide Maayan jusqu'à la salle de bain et me déshabille pour enfiler ma tenue de rockeuse. Heureusement que nous sommes en hiver, le cuir épouse parfaitement mes courbes et j'ai vite chaud dans cet espace clos où traînent encore les vapeurs de la douche que j'ai pris un peu plus tôt. J'en profite pour discuter un peu avec ma maquilleuse. Elle est très belle, d'origine aborigène et vivait à Perth avec sa mère jusqu'au décès de celle-ci, il y a cinq ans. Son père, directeur de casting à Sydney, lui a ouvert les portes d'un univers qui la fascinait depuis petite et elle a choisi de devenir maquilleuse pour rencontrer un maximum de gens.

-"Tu parles bien français dis-moi.

-Hé! Hé! Tu m'étonnes! Mon père est un fan du cinéma français, surtout les films de Michel Audiard, et les films avec Jean Gabin, Louis De Funès, Jean-Paul Belmondo, Simone Signoret, Yves Montand et Annie Girardot. Du coup, j'ai grandi avec eux et appris le français populaire par la même occasion. Il y a trois ans, mon père m'a envoyée à l' ITM de Paris pour faire mes études de maquilleuse professionnelle et je suis rentrée il y a quelques semaines. Voilà, tu sais tout.

- Waouh! C'est chouette que tu aies fait des études en France, tu as de la chance. Je vais suivre un cursus similaire à la rentrée à l'ESDEC de La Roche Sur Yon. J'adore l'univers de la cosmétologie et j'espère pouvoir travailler avec Jay plus tard..."

Elle me sourit et s'attaque à mon maquillage. Elle redessine mes yeux en amande en forçant un peu sur l'eye-liner, agrandit mes cils au mascara, et colore mes lèvres de la même façon. Ca me fait bizarre d'avoir la bouche noire, je n'aime pas vraiment mais au moins, je ne me ressemble plus du tout. Elle pose un faux piercing sur ma narine et découpe le tatouage d'un corbeau posé sur une pomme rouge, qu'elle colle sur ma main droite. Elle sort ensuite quelques bracelets en cuir avec des chaînettes et me les passe au poignet gauche. Mon Dieu! J'ai l'air d'une fan de Death Metal, je me demande vite fait ce qui m'attend pour Tokyo et me tourne à nouveau vers Maayan. Elle me regarde des pieds à la tête et finit par retirer ma perruque blonde.

Le secret d'HenriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant