Retour à New York -Tombés de haut-

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* Henri/Jay, Hôtel W de New York:

Qu'est-ce que je fais ici, à suivre Barbara comme si elle était mon officielle. Elle a eu l'audace de réserver cette chambre à mon nom de scène et de se présenter comme ma fiancée. Je ne veux surtout pas attirer l'attention sur moi alors que je suis Jay, mais je bouillonne intérieurement. L'ascenseur s'arrête au trente neuvième étage, certaine de son pouvoir sur moi, elle me précède dans le couloir et ne se retourne vers moi qu'une fois parvenue devant la suite "Fantastique". Elle me lance un regard brûlant et entre dans la chambre en se déhanchant comme une panthère affamée qui chasse une proie. Le pas lent, les cheveux lourds et brillants qui ondulent jusqu'au creux de ses reins en suivant les mouvements de son corps voluptueux.

Je dois avouer que cette femme est d'une beauté presque irréelle, toutes les parties de son corps sont en parfaite harmonie. Elle a un charme fou auquel aucun homme sensé ne serait capable de résister, mais moi, ce soir, je n'ai qu'une envie, la fuir. Elle s'approche de la baie vitrée et sort une cigarette électronique qu'elle porte à sa bouche dans un geste étudier pour capter les regards. Elle est belle et elle ne le sait que trop. Elle joue les ingénues mais ses regards et ses mouvements révèlent la femme fatale et déterminée qu'elle est en réalité. C'est une tueuse.

J'ai fait sa connaissance lors d'un concert classique au Carnegie Hall où les conservatoires Français et écoles de musique Américaines, donnaient une représentation. C'était il y a trois ans. J'étais tout jeune et impressionné de fouler le plancher d'une telle scène, de jouer devant un parterre de professionnels et de personnalités triées sur le volet. Ma grand-mère et mes parents étaient tous trois présents et fiers de me voir là. Nous avions répété par groupe et notre école se retrouvait avec l'orchestre symphonique de l'Université de Syracuse.

C'est là que je l'ai rencontrée la première fois, dans la salle de répétitions où on tentait d'harmoniser nos instruments afin de remporter la compétition et le titre du meilleur ensemble Franco- Américain. Lorsque j'ai commencé mon solo de violoncelle et que le son du sien s'est joint à la mélodie joyeuse et entraînante de "Wake me up" d'AVICII c'était comme un lien secret nous unissait. Nos professeurs nous avaient donné cet exercice pour voir comment on pouvait s'approprier une musique moderne et la jouer ensemble. On n'avait pris tellement de plaisir à l'interpréter que l'on nous a proposé de jouer cette pièce si nous gagnions la finale. Le morceau que nous avions joué sur scène pour notre premier passage était une sonate de Beethoven beaucoup plus classique mais toute aussi plaisante à exécuter.

J'étais dans mon univers, possédé par la musique et par mon instrument et je n'avais pas remarquer la jeune femme qui me regarder avec intensité, complètement fascinée par mon jeu. Lorsque je croisais enfin son regard, je me sentis rougir tant ses yeux étaient brillants d'envie. Je pensais naïvement qu'elle trouvait mon interprétation tellement sensible qu'elle en était émue, mais je découvris rapidement qu'il ne s'agissait pas de cela.

*Lyla, hôtel Beacon Insider, New York:

Ça fait deux heures que je tourne et me retourne dans ce lit bien trop grand pour moi. Les larmes ont enfin cessé de couler, mes pensées bouillonnent sous mon crâne. J'ai beau essayer de trouver tout sorte d'excuses à ce que j'ai vu ce soir, aucune ne me semble plausible. Henri ment, Henri triche avec ses jolis mots, Henri/Jay m'ensorcelle avec ses chansons et ses musiques soit-disant écrites pour moi. J'y ai cru tellement fort, j'ai été si heureuse qu'il m'avoue enfin son amour, qu'il me le chante. Je suis sur un petit nuage depuis le 2 juin, jour de notre anniversaire, où j'ai découvert son secret et où nous avons échangé notre premier baiser. Comment ai-je pu être naïve à ce point-là?

J'aurais dû trouver cela bizarre qu'un garçon aussi parfait qu'Henri tombe amoureux d'une fille comme moi. Je suis certes jolie, mais je suis loin d'être une première de la classe comme lui. Je n'ai aucun talent particulier sauf peut-être résoudre des énigmes et aider les gens qui ont des ennuis mais bien des gens en font autant chaque jour. Je dis souvent des bêtises ou même des gros mots alors qu'Henri est réfléchi et poli même quand il est en colère, enfin, la plupart du temps... Je suis une tueuse aux jeux vidéo mais ce n'est pas forcément une qualité. Je chante comme une casserole alors que lui est merveilleux sur scène. C'est un sportif accompli alors que je cours comme une fille même si je suis plutôt douée au combat grâce à mes cours de Krav-Maga. Bon, tout cela ne sert à rien! Arrête de te dénigrer et de le mettre sur un piédestal Lyla!

Le secret d'HenriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant