Le secret d'Henri

Scoo...oups! -partie 2-

*Lyla, premier balcon du The Massey Hall:

Je suis assise près de Cédric. J'écoute surprise, Antoine, adresser un petit message de bienvenue au public dans un anglais parfait. Au fur et à mesure de son discours, je me demande ce qu'il se passe et le stress rend les battements de mon cœur complètement désordonnés, mes paumes sont moites et ma gorge sèche. Pour quelle raison Antoine a-t-il convoqué des journalistes? Que se passe-t-il au juste? Lorsqu'il parle de New York, je me raidis et tous mes muscles se contractent, au point que c'en est douloureux.

Les explications du manager de Jay ont plongé la salle dans un silence lourd, je tremble de partout et Cédric, toujours attentif, passe son bras autour de mes épaules pour ne pas que je m'effondre. Les mots me percutent en pleine face, je dois être livide. Non! Non, ce n'est pas possible! Mon Dieu, pourquoi Henri a-t-il du vivre une si terrible épreuve? Pourquoi ne m'en a-t-il jamais parlé? Il sait qu'il peut me faire confiance, non? Je l'aurais soutenu, conseillé, on aurait été plus fort que cette saloperie de perverse, tous les deux, non?! (Ah! Ah! Tu parles! Tu t'es enfuie de New York en le laissant tout seul, sans attendre ses explications Lyla, tu l'as abandonné à son triste sort sans lui laisser le bénéfice du doute! Alors arrête ton cirque tout de suite!) Outch! Ça fait mal lorsque ma conscience s'en mêle! Oui, j'ai fui, je n'ai pensé qu'à ma douleur sans imaginer qu'il souffrait déjà bien assez comme ça et depuis longtemps en plus...Lui si gentil, si droit, si fort... Je sais qu'il m'aime, qu'il est fou de moi. Pourquoi n'ai-je pas cru en lui et l'ai-je jugé coupable sans entendre ce qu'il avait à me dire?

Je suis nulle comme petite amie, je ne mérite pas son amour. Comment vais-je bien pouvoir me faire pardonner mon égoïsme? Je sais qu'il était jeune et naïf, mais pourquoi n'a -t-il pas refusé ses avances et son ignoble chantage? Pourquoi n'avoir pas demandé de l'aide à Antoine, à Marcus ou n'importe qui d'autre? Parce que sa liberté n'a pas de prix, idiote! Parce que tu ne l'aurais jamais rencontré si Henri était un personnage public! Parce que c'est un homme qui sait ce qu'il veut et que ce qu'il veut, c'est vivre comme tout le monde! Aller au lycée, à l'université, trouver un travail et continuer malgré tout à être Jay! Voilà pourquoi!

Lorsqu' Antoine quitte la scène après son dernier repentir. C'est un silence de mort qui s'est abattu sur la salle. Chacun assimilant comme il le peut les mots du manager de leur idole. Puis quelqu'un frappe dans ses mains, Cédric à mes côtés s'est levé et frappe comme un dingue ses paumes l'une dans l'autre. En moins de deux secondes c'est un tonnerre d'applaudissements, de sifflets, de bravos, comme si le show était terminé et que les deux mille sept cent soixante-cinq personnes présentent ce soir au Massey Hall, saluaient la performance de Jay! Toute la salle vibre à l'unisson et Jay ramène son manager de père sous les projecteurs pour qu'il reçoive le soutien plein et entier du public de son fils.

Jay prend la parole à son tour et je ne vois plus rien tant mes yeux sont noyés de larmes. Je veux voir son visage, je veux l'admirer dans sa gloire, parce qu'il est courageux, parce qu'il sort tout de même de cette épreuve en vainqueur et plus que tout, parce que je l'aime!

Tout à coup, je vois le regard d'Antoine se lever dans ma direction et son coude venir discrètement frapper celui de Jay. Ce dernier dirige les yeux vers notre balcon et capture mon regard du sien qui se brouille sous le coup de l'émotion. Mes larmes redoublent de plus belle et des sanglots s'échappent de ma gorge sans que je puisse les retenir. Je suis bouleversée.

Les bras de mon cousin me soutiennent, sa main chaude dans mon dos me réconforte et une petite lumière au fond de ses yeux me dit que le temps des explications franches n'est plus très loin. Et des fois où j'en douterais encore:

- "Mademoiselle Lyla May," (oula, ça va faire mal...) tu es sûre que tu n'as rien à me dire cousine? Parce que là, j'ai l'impression que "LA" personne qui attendait plus que tout autre des réponses à ses questions," c'est toi! Je me trompe? me demande-t-il de confirmer pour la forme.