Toronto, le cœur lourd, New York sous les cendres.

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*Aéroport International Pearson, Toronto:

Il est 12h45 lorsque l'avion amorce sa décente sur Toronto. Le commandant de bord annonce une température de 29°C et un grand soleil sans aucun nuage à l'horizon. Je souris malgré moi, tous les nuages se profilent dans mon horizon personnel, ils ne peuvent être partout. Je suffoque presque en descendant de l'avion. Le stress, les dernières heures passées avec Alex, tout ce que l'on s'est dit, tous ses conseils et le poids écrasant de mes doutes, la vision de cette femme avec mon homme, ma douleur, tout se cumule à la chaleur ambiante, au point d'en avoir le vertige. La navette, qui nous mène jusqu'à l'aérogare n'est pas climatisée et nous sommes obligés de nous entasser comme nous le pouvons, dans le véhicule. Heureusement, le transfert s'effectue rapidement et je retrouve mes esprits en pénétrant dans le hall bien frais.

Après une petite demie heure pour récupérer mon sac et ma valise, je me dirige enfin vers la sortie. Je sursaute lorsqu'une voix grave m'interpelle.

- "Lyla! Ouh ouh! Lyla, je suis là!" hurle un beau jeune homme blond, grand et musclé.

- Cédric?! je crie presque en écarquillant les yeux. Qu'est-ce qui t'es arrivé depuis notre anniversaire? Je ne t'aurais jamais reconnu si on s'était croisé dans la rue! Tu es beau mon cousin! Dis-je en attrapant ses mains et en le contemplant.

Cédric a perdu du poids depuis notre dernière rencontre au début du mois de juin. Il me semble même plus grand. C'est peut-être le fait que son corps soit aujourd'hui plus musclé que potelé, que son visage bronzé fasse ressortir ses yeux bleus et que les mèches blondes qu'il s'est fait faire lui donne un air de surfeur australien, mais je le trouve vraiment beau. Ses cheveux que je ne vois toujours qu'attachés, lui arrivent aux épaules, et le t-shirt bleu-marine et son short beige le rendent, plus que jamais, attirant. Le jeune homme réservé s'est évanoui pour laisser place à ce gaillard souriant et sûr de lui. Je suis heureuse de le voir si bien dans sa peau et ne peux m'empêcher de sourire en le contemplant.

Cédric attrape mes bagages et nous dirige vers le parking pour récupérer sa voiture. Il n'est ici que depuis cinq semaines mais il conduit avec aisance et se dirige sans problème sur la voie rapide en direction de Nassau Street. Il s'arrête devant une maison de briques rouges et dont les parties ajoutées plus récemment sont en pierres grises, typiques de la région.

- "Eh bien, c'est une belle maison dis-moi! Tu vis seul ici?

- Non, j'ai des colocs, deux Québécois de Montréal, une française de Nice et une Russe de Saint-Pétersbourg, m'énonce-t-il en souriant jusqu'aux oreilles.

- Je suppose que l'une de ces demoiselles te plaît pour que tu souris autant?

- Tu me connais bien, me répond-il avec un clin d'œil, Tatiana est très gentille, on s'entend bien depuis mon arrivée. En plus, elle travaille avec moi à la CN et comme elle est là depuis janvier, c'est elle qui m'a appris le job."

Je luis retourne son sourire, heureuse pour lui. Cédric est très gentil, trop peut-être et j'espère qu'il ne sera pas déçu de son séjour ici. Il est là pour six mois mais il aimerait s'installer définitivement dans la région. Je lui ai conseillé d'attendre d'avoir passé quelques semaines d'hiver avant de prendre une décision, mais c'était déjà son intention et comme son contrat se termine mi-décembre, il aura tout le loisir de goûter au frimas de l'hiver Canadien.

Lorsque nous entrons dans la maison, deux grands garçons nous accueillent avec un accent que je connais bien maintenant. Cela me ramène à Keith puis de fils en aiguille, à Henri que la joie des retrouvailles avec mon cousin avait tenu éloigné de mes pensées sombres et douloureuses. L'absence, SON absence envahi tout l'espace et je peine à retenir le flot d'émotions qui me submerge. Cédric s'aperçoit de mon trouble et s'excuse auprès de ses colocs, prétextant la fatigue du voyage. Il me prend la main pour me guider jusqu'à ma chambre et m'embrasse sur le front avant de me laisser seule devant la porte de ce qui sera mon espace pour les quelques jours à venir, le temps pour moi de faire le point sur notre histoire et sur celle d' Henri qu'il n'a pas jugé bon de partager avec moi.

Le secret d'HenriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant