Le secret d'Henri

La voix de la sagesse

*Henri, Hôtel Beacon Insider:

J'entre dans le hall de l'hôtel à bout de souffle, complètement trempé et les nerfs à vif. Je ne souris même pas à la jolie réceptionniste qui me tend ma clé. Je la remercie froidement et me retourne vivement vers les ascenseurs, "faites que ma douce soit encore dans sa chambre et qu'elle n'est rien dit à ses parents et à son frère." Je serre les poings jusqu'à en avoir mal, devant l'insupportable lenteur de l'ascenseur, lorsqu'un homme s'avance et m'interpelle:

- "Monsieur Maestri? On a déposé une lettre pour vous, je devais vous la remettre en main propre. Bonne journée Monsieur," dit-il en retournant vers l'accueil.

Je regarde l'enveloppe dans ma main tremblante, "Nonnnn!" L'écriture fine et gracieuse de Lyla est troublée des larmes qui sont tombées sur le papier, les lignes sont floues comme si elle avait écrit dehors par moins quinze degrés. "P... qu'est-ce que je lui ai fait!" Je n'ai pas encore ouvert l'enveloppe mais je sais déjà que je ne trouverai personne dans notre suite, elle était bien là hier quand cette sale garce de Barbara m'a conduit dans sa chambre. Elle n'a pas menti, malheureusement...

Avec un effort surhumain, je monte dans l'ascenseur et décachette l'enveloppe, mes mains sont tellement crispées que la feuille qu'elle contient m'échappe et vient se poser au milieu des clients de l'hôtel dont les regards convergent rapidement sur ma honte "Tu m'as tuée, j'ai un trou à la place du cœur. Maintenant je me sens vide, inutile, rien ne peut plus m'atteindre. Je vais prier le ciel de me rendre mon cœur et de pouvoir te pardonner mais en attendant, je dois partir. Voir ton visage serait trop douloureux." Je suffoque en ramassant la feuille et sors précipitamment de la cabine pour regagner ma chambre et relire ses adieux sans témoin pour assister à ma défaite.

Elle ne m'a laissé aucune chance, ne m'a pas appelé sur mon portable et n'a répondu à aucun de mes messages, elle a juste quitté la place, sans bruit, sans esclandre, sans un regard. Je m'écroule sur le sol la tête dans les mains, des larmes de frustration dégoulinent sur mes joues, le long de mon cou et trempent mon col. Je pleure comme un enfant qui a perdu sa maman dans un grand magasin. Je n'ai plus aucune dignité, elle est partie, à cause de moi, de mes secrets, encore une fois, je l'ai blessée.

Un grand coup frappé sans ménagement à ma porte, me sort de ma léthargie. Je prends appui sur la table basse pour me relever, mes forces m'ont abandonné en même temps qu'elle. Un cri de rage franchi mes lèvres serrées quand je suis enfin stable sur mes jambes. J'ouvre la porte sans même regarder qui est là. Mon père pousse la porte et entre, son visage pâle et les cernes sous ses yeux m'indiquent qu'il n'a pas du beaucoup dormi lui non plus. Il pose sa main sur mon épaule le regard triste.

- " Ça fait cinq minutes que je frappe à cette porte! Tu m'as fait peur! Il me regarde et pousse un soupir. Je suis désolé Henri, je n'ai rien pu empêcher. Barbara n'a rien voulu entendre, même mes menaces n'ont pas réussi à la déstabilisée. Faute de pouvoir mieux faire, je suis passé de bonne heure ce matin pour voir Lyla, mais elle avait déjà plié bagages.

- Papa, c'est de ma faute, j'ai tout fait de travers cette fois encore. J'aurais dû tout lui dire au début, elle aurait compris, j'en suis certain, et on aurait été deux à affronter cette folle. Au lieu de ça, j'ai fait comme d'habitude, j'ai gardé mon secret et voilà que j'ai tout perdu.

- Arrête de te plaindre et bats-toi fils! Elle t'aime et tu l'aimes, c'est déjà quelque chose, non? Je suis sûr qu'elle est partie faire un point et que tu la retrouveras bientôt. Lyla n'est pas le genre de fille à abandonner au premier obstacle. Vous avez déjà eu des pierres sur votre chemin et vous les avez contournées bravement. Laisse-lui un peu de temps pour se rendre compte qu'elle ne peut pas vivre sans toi."