La nuit fut mouvementée, Ethan avait du mal à dormir à cause de terreurs nocturnes qui le faisait se réveiller en hurlant. L'enfant comptait ses tristes mésaventures d'une façon si réaliste et violente, pour un jeune de son âge, que l'intervention des médecins de la Capitale allait s'avérer une obligation, à notre plus grand désarroi. Chaque nuit, il distinguait de nouveaux détails, ceci d'une précision déconcertante.Des visages, des formes humanoïdes emprisonnées dans des habits d'hôpitaux ou encore un flot de cris incessants, tels étaient les évènements rythmant son sommeil agité. Mais, ce qui était le plus déstabilisant était sa description d'une jeune femme qui selon lui le guidait dans ses cauchemars perpétuels. Retranscrits sur papier numérique, ses dires devenaient plus alarmants encore. Tout était d'une finesse trop précise comme tirée d'un fait réel.
Dès lors que sa voix était venue briser le silence de la nuit, j'avais pris l'initiative d'aller le calmer dans ma chambre. Il avait de grosses gouttes de sueur coulant sur son dos et son visage. Son discours était décousu, brouillon, il ne devait lui-même pas comprendre ce qu'il se passait. Il m'avait affirmé avoir aperçu quelqu'un de nouveau, une sorte de prisonnier dans un cocon de verre et avait déclaré mot pour mot : « Il te ressemblait beaucoup Ambrose ».
Des frissons m'avaient parcouru de haut en bas, électrisant les poils de mes bras jusqu'à faire frémir la totalité de mon être. Ethan n'avait, jusqu'à présent, jamais vu de personne qu'il connaissait dans ce qui s'appréhendait être de plus en plus à des hallucinations. Malgré que je sache que cela n'était que le fruit de son imagination, ces quelques mots avaient eu d'une façon dont je ne saurais l'expliquer un impact au plus profond de mon être.
Essayer de le divertir, de le faire s'endormir ne fut pas une tâche simple si bien qu'une heure plus tard, je tombais à mon tour assommé par la fatigue. Selon Maman, les raisons de sa condition étaient dues à son incompréhension face à la disparition de ma soeur, et peut-être à la peur qu'il nous arrive la même chose. Voir des photos de famille avec une personne inconnue, puis entendre la dure vérité sur sa condition et son tragique départ, cela laissait place à quelques frayeurs dans un jeune esprit. Il fallait la comprendre, j'aurais également été terrifié.
•••
Mon réveil fut dur, très dur, et mon ventre me fit payer le fait de ne pas avoir mangé le soir d'avant. J'effectuais un réel combat contre la montre depuis que mes paupières s'étaient ouvertes à la lueur du jour. Alors que je finissais à peine d'enfiler mon uniforme, attrapant ma collation matinale et avalant mes médicaments, Leah était déjà devant ma porte, le pied tapotant sur la pallier. Je sautai alors pour entamer ma Purification, ce qui me fit remémorer que je l'avais oublié le soir d'avant, ce que Mia n'omit pas de me rappeler :
— Bonjour Ambrose, vous avez, une Purification de retard, permettez-moi augmenter la dose pour celle de ce matin
— Je sais Mia... Je suis désolée, fais vite s'il te plaît je suis en retard.
— Tout de suite, je ne voudrais pas laisser la demoiselle à l'entrée attendre plus longtemps ! plaisanta l'IA.
Alors que le Processus se lança, j'inspectai soigneusement les plis de mon uniforme. Celui de l'Institut Saphir reposait sur des couleurs blanches et ébène. Élaboré par des stylistes renommés, il donnait une allure prestigieuse à ses élèves. Je l'aimais beaucoup et sentais qu'il allait me manquer une fois mon départ, il faisait en quelque sorte partie de moi, de mon quotidien.
— Voilà le dormeur ! T'as l'air réveillé dis-moi ! annonça la folle dingue un grain d'impatience emplie d'ironie en bouche.
— Ne m'en parle pas, Ethan s'est éveillé cette nuit, encore... On fait un petit détour pour le déposer, ça ne dérange pas ? Il devrait arriver d'une minute à l'autre.
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- Les Éveillés - I. La Promotion
Science FictionEuclenia, Dans un monde où tout est dicté, où le libre arbitre est prohibé et votre futur déjà tracé, la cérémonie de « La Promotion » approche à grand pas et s'annonce être la soirée la plus incroyable de l'année 2268. Bien sûr, c'es...