Ma mère de nature craintive et protectrice avait aussitôt imaginé le pire lorsque la détonation avait retenti dans les montagnes Eucléniandes. La résonance agita les alentours pris dans la colère du temps. Une myriade d'oiseaux s'était envolée tel un nuage de mauvais augure qui n'annonçait, pour elle, rien de bon.
Le ciel s'était obscurci et le tonnerre grondait sévèrement non loin. Mes parents décidèrent, après un long moment dans la tempête, de regagner le chalet. Les sentiers de la montagne étaient devenus un labyrinthe où une fine brume tapissait la terre. Le panier pesait sur les épaules de mon père et la macabre scène se rapprochait dangereusement d'eux...
Au même moment, alors que leurs pieds s'abattaient sur le sol humide et boueux, non loin de là, j'étais en train de tomber dans le vide. Ils ne se doutaient pas une seule seconde des événements qui venaient de se produire. Ethan esquissa une grimace sur sa tête en tendant l'oreille, l'écho de mon cri retentissant dans la montagne, agitant une nouvelle fois la tranquillité sauvage sous l'attaque des éléments.
— Papa ? tira-t-il la manche de mon père. Tu as entendu ça ? On aurait dit la voix d'Ambrose, continua mon petit frère, une expression légèrement inquiète sur le visage.
— Je n'ai rien entendu mon grand, ça doit sans doute un animal qui lui ressemble ! plaisanta-t-il.
Il se mit à rire, mais... Au désarroi de tous, ce fut le seul. Ma mère avait, elle aussi, perçu la nuisance et commença à presser le pas ayant un affreux pressentiment.
Ils ne se tenaient plus, à présent, qu'à quelques mètres du lieu du crime. Les lumières rouges des caméras clignotaient dans les branches des pins. Victor, mon père, traînait en arrière avec Ethan qui, fatigué de la marche avait élu domicile sur ses épaules. Lorsque les trois silhouettes parvinrent à l'habitation, la première chose qu'Isabella aperçut fut mes pas imprimés dans le chemin et, quelques mètres plus loin, la surface de verre ensanglantée.
La porte du sas de décontamination était entrouverte. S'y aventurant, les hurlements du chien qui pleurait à la mort furent la première secousse agitant le coeur de ma famille. Maman découvrit affreusement ce qui l'attendait à l'intérieur du grand laboratoire. Du sang, une déferlante flamboyante partout, partout où j'avais touché, partout où mes gestes tourmentés s'étaient permis de se rendre... Ses paupières s'écarquillèrent et son teint perdu son éclat dès lors que sa vision se posa sur Becky. C'était une scène issue des pires cauchemars, une chose oubliée de toute la population qui se reflétait dans ses yeux brillants.
Le corps de la défunte se trouvait au milieu de cette horreur, son fidèle compagnon auprès de sa dépouille. Le panier de baies dont elle avait hérité se rependit sur le sol à la vue de ce paysage de désolation. Les fruits coururent alors sur le parquet ensanglanté, se mélangeant copieusement dans le liquide pourpre.
Maman rabattit ses mains sur son visage, comme pour se cacher de l'atrocité se dessinant devant sa rétine. Un cri assourdissant gonflé de douleur s'échappa de sa gorge. Ce hurlement si puissant paraissait sortir du plus profond de son âme. Quelque chose à l'intérieur d'elle venait de se déchirer en mille morceaux à la vue de cet épouvantable spectacle.
Mon père accouru avec Ethan dès lors que la sonorité stridente s'était fait entendre. Elle se retourna et lui fit mine de s'arrêter.
— N'avance pas plus loin, ordonna-t-elle. Un enfant ne devrait pas voir ça Victor, tu peux me croire.
En apercevant ses yeux rouges emplis de détresse, il comprit de suite ce qu'il devait y avoir à l'intérieur du chalet. Ce qu'il ne devait pas savoir, c'était à quel point la scène était monstrueuse et désolante. Il n'était pas question d'une mort de vieillesse, non ni d'un accident domestique, il s'agissait d'un meurtre intentionnel et inhumain.
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- Les Éveillés - I. La Promotion
Science FictionEuclenia, Dans un monde où tout est dicté, où le libre arbitre est prohibé et votre futur déjà tracé, la cérémonie de « La Promotion » approche à grand pas et s'annonce être la soirée la plus incroyable de l'année 2268. Bien sûr, c'es...