Le train arrêta sa course effrénée. Nous étions les seules à descendre dans les alentours vallonnés. J'attrapai mon sac et le lançai sur mes épaules.
Le temps s'était fait frais, beaucoup plus frais ici, l'air nous effleurait délicatement les cheveux et nous caressait d'une douce brise. Le ciel, quant à lui, était nuageux, presque orageux. Une légère brume flottait sur le flanc des montagnes et les grands chênes, sapins et autres espèces majestueuses sifflaient au rythme du vent.
Les branches craquaient sous nos pas tandis que nous nous enfoncions de plus en plus profond dans la forêt. Le chalet était à une trentaine de minutes d'où nous nous trouvions. Le chant des oiseaux, le bourdonnement de la brise, le bruit de l'eau qui ruisselle tout cela faisait de cet endroit quelque chose de magique, de pure. Malgré que les alentours avaient pris une teinte sombre, sanglante dans mon esprit, le paysage m'aidait à m'en échapper.
— Dis-moi Ambrose, tu as déjà pensé de ce qu'allaient devenir nos vies après la cérémonie ? Si nous allions rester aussi proches ? Je sais que la distance tue ce genre de chose, commença-t-elle distraite, l'air de rien.
— Il n'en fera rien Speedy. On sera là, l'un pour l'autre, toujours. Tu te rappelles ce pacte que l'on a fait enfant ? Eh bien, rien ni personne ne pourra le changer. La distance, le temps ou encore la mort ne peut rien y faire. On est connecté, un lien que personne ne pourra détacher, rétorquai-je fier de ma dernière phrase.
— Quel poète tu fais-toi alors ! Non, je m'en doute bien, tu vois, mais je me posais tout de même la question. Le temps de lorsqu'on était enfant me manque. Notre vie tranquille, notre insouciance, notre fougue, j'ai l'impression que tout s'évanouit. C'était tellement mieux que ce futur de contraintes, de règles et de responsabilités. Et puis je sais que tu vas trouver ça bête, que je n'ai pas à m'en inquiéter et puis...
Ses paroles étaient étranges, prises dans une tourmente similaire à la mienne.
— Viens-en au fait Leah, la coupai-je sachant à quoi cela allez aboutir.
— Et bien, j'ai peur de Renaitre. C'est absurde, mais s'attacher à des gens, à sa famille et s'évanouir un beau jour vers un autre corps m'effraye. Tout ce que nous construisons que ce soit affectif ou sentimental, tout disparaît d'un coup, nous brise en morceaux et nous laisse un vide immense impossible à combler.
— Et après, c'est moi le poète ! plaisantai-je à ses paroles. Je comprends ce que tu dis, mais je pense qu'il ne vaut mieux pas y songer. Que ce processus soit effrayant, terrifiant, il le sera plus si on se torture dessus, et puis tu n'as aucune inquiétude à te faire, toi...
Une nuisance nous sortit de notre concertation. Nous sursautions tout à coup. J'avais le sentiment qu'une présence nous suivait depuis que nous étions descendus du convoi et mes suspicions se renforcèrent plus encore.
— Il y a quelqu'un ? clamai-je sur mes gardes.
— Mais arrête, ça doit être un animal qui vient de passer ! rouspéta Leah. Personne ne sait qu'on est là et, dans tous les cas, nous n'avons aucun tort.
— C'est vrai, mais bon les animaux ont beau dos.
— C'est ça moque to... se stoppa Leah subitement, voyant mon regard perdu vers l'horizon.
La falaise se dessinant devant mes yeux vint enclencher une vague brutale de douleur, de maux de tête, de flashes m'éblouissant : la pluie, un coup, une chute et ce sentiment de noyade dans le lac glacé. Des frissons parcoururent mon être de la tête aux pieds à la vue de ces évènements. Je n'eus aucun répit qu'une seconde attaque survint. J'étais cette fois emporté dans ce magnifique lagon, bercé par une voix enchanteresse : l'ombre de Cassie. Je n'avais rien de cela en mémoire, cette nouvelle pièce du puzzle venait de resurgir des méandres de mon subconscient, m'amenant des détails clés à ma convalescence.
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- Les Éveillés - I. La Promotion
Science FictionEuclenia, Dans un monde où tout est dicté, où le libre arbitre est prohibé et votre futur déjà tracé, la cérémonie de « La Promotion » approche à grand pas et s'annonce être la soirée la plus incroyable de l'année 2268. Bien sûr, c'es...