Ce qui parut devant mes yeux me laissa sans voix. Tout ce temps, je m'étais demandé à quoi pouvait donc ressembler cette sublime demeure faisant tant parler d'elle et dont les personnes l'ayant foulé devaient garder secrète. La curiosité de la population entière se portait sur les Domaines Ivoire tandis que nous la découvrions dans toute son élégance, sa grandeur, sa prestance infinie.
Nous allions vivre la plus belle soirée de notre vie. Celle que nous attendions depuis notre naissance. Cet événement incroyable qui resterait gravé dans nos mémoires jusqu'à la fin de nos jours.
C'était sublime, un paradis s'était ouvert à nous, un Eden nous laissant nous détecter avec stupéfaction de ses surprises. Nous nous tenions dans les hauteurs de la salle ovale, subjugués. J'essayais de porter mon attention aux moindres détails, sculptant cette vaste galerie à jamais dans mon esprit.
La pièce se composait de deux niveaux et donnait sur une scène surélevée en contrebas. Tout autour de cette dernière était disposée une myriade de lignées de chaises métalliques obscures, qui, dans une poignée d'instant, allaient être assaillies par des centaines de jeunes animées par un mélange d'inquiétude et excitation. Oui, par des jeunes aux jambes agitées et au teint blanchi par l'appréhension.
— Leah, on va où ? l'interrogeai-je, perdu dans la vaste étendue qui s'offrait à nous.
Les rangées se dessinant devant nos silhouettes s'étiraient à n'en plus finir. Je relevai délicatement les yeux et aperçus le ciel ayant pris ses teintes de nuits, scintillant au gré des étoiles.
Leah me pointa du doigt de grands hologrammes survolant chaque rangée, nous indiquant visiblement nos emplacements. Nous devions nous placer selon un ordre alphabétique. Chaque galerie comportait quatre lettres, de A à Z, et nous dirigeait vers nos sièges où des illuminations aux sols prenaient le relais.
— Viens Leah, on est dans la même rangée ! lui tapotai-je l'épaule avant de l'attraper par la main.
La salle vibrait au rythme des voix des quelques centaines de personnes qui s'implantaient petit à petit. Nous avions été séparés de nos parents qui avaient dû prendre place aux étages supérieurs, spécialement réservés pour eux tandis que nous, la Promotion, devions nous installer au rez-de-chaussée.
J'avais distingué, à travers la marée de Promus, huit enfilades tout autour de la grande scène où la lumière des projecteurs se réfléchissait. Six d'entre elles nous étaient destinées. Elles étaient croissantes, plus nous nous trouvions près de la surface octogonale, moins il y avait de sièges, créant cet effet d'allongement au fond de la pièce. Les deux dernières, plus excentrées, se tenaient derrière l'estrade et étaient attribuées aux membres du Conseil, les professeurs et les représentants du gouvernement.
Nos places dénichées à travers l'affluence d'étudiants, nous fûmes surpris de rencontrer, sur chaque chaise, une enveloppe noirâtre où étaient disposés en lettres d'or, nos prénoms.
« Ambrose James Rivers »
Je l'ouvris délicatement et sortis une surface transparente s'allumant dès lors qu'elle fut en contact avec mes mains. Un numéro commença à se former à travers l'écran aux côtés immaculés : 222. Après une rapide interrogation, je déduisis que ce mystérieux chiffre s'avérait être l'ordre de passage de chacun des étudiants.
Je soupirai longuement, l'appréhension d'être appelé le premier se volatilisant. Un poids considérable venait de m'être ôté dans le ventre, mais il restait encore ce léger stress qui était d'affronter les regards de centaines de curieux, de pouvoir Renaitre à tout moment. Tous allaient être rivés sur moi lorsque j'allais être désigné, et je n'aimais vraiment pas être le centre d'attention.
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- Les Éveillés - I. La Promotion
Science FictionEuclenia, Dans un monde où tout est dicté, où le libre arbitre est prohibé et votre futur déjà tracé, la cérémonie de « La Promotion » approche à grand pas et s'annonce être la soirée la plus incroyable de l'année 2268. Bien sûr, c'es...