◊ Chapitre 2 ◊

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La Nouvelle Génération, celle d'après le cataclysme, venait au monde avec une tache de naissance dont l'aspect se précisait au fil des années. Cette marque devenait de plus en plus perceptible jusqu'à former, chez certains, des formes distinctes.

J'aimais particulièrement les interpréter, chacune d'entre elles. Leur donner un signe, une origine, ou bien un message. Je les étudiais toutes, sans exception, me demandais pourquoi elles n'étaient pas toutes similaires, d'où elles provenaient et quelle était leur raison d'être. Je n'avais jamais réussi à répondre à ces interrogations qui en quelque sorte me hantaient, non pas comme un cauchemar, mais plutôt comme une curiosité florissante au fil du temps. J'aimais me poser des questions sur les choses qui m'entouraient, pourquoi ceci ou pourquoi cela. Je pensais qu'au moins quatre-vingt-dix-neuf pour cent des choses existantes, des événements qui se passaient, avaient une explication rationnelle.
Les marques apparaissaient de manière aléatoire sur le corps, mais la plupart du temps, elles se tenaient sur le côté intérieur de l'avant-bras, sur le dos de la main ou encore sur le haut de l'épaule. Cela différait en fonction des individus, mais revenait au même endroit de façon héréditaire au sein d'une famille, prenant en compte le père et la mère. Plus rarement, l'emplacement de ce symbole pouvait également venir sauter des générations.

Ma tache se trouvait sur mon avant-bras droit et était un enchevêtrement de formes plus ou moins géométriques d'une finesse qui laissait douter de son origine naturelle. Elles prenaient un coloris de plus en plus foncé lorsque nous grandissions. Toutes ces marques étaient répertoriées dans un ouvrage dont je possédais un exemplaire. Quelques experts en avaient fait leur domaine de prédilection. À vrai dire, ces traces pouvaient en dire beaucoup sur nous, par leur teinte, courbures ou encore leur taille. Elles pouvaient décrire notre personnalité et notre état de santé. Du moins, les écrits du livre nous livraient de telles informations.

La mienne était similaire à mon père qui, lui aussi, la tenait de ses ancêtres. Peu de familles la possédaient, ce qui avait su m'intriguer à un plus jeune âge. Ma sœur, quant à elle, avait été un cas particulier. À ce jour, nous n'avions enregistré qu'une cinquantaine de sortes de marques, mais celle de Cassie était unique en son genre. Son corps en avait forgé une pour son propre être, quelque chose de neuf qui n'était apparu sur aucun autre individu. Une anomalie génétique selon les scientifiques Eucléniens qui l'avait interprété comme un symptôme préventif de sa maladie.
Quant à celle d'Ethan, elle avait l'air de se former similairement à celle de ma mère, un assemblage de ce qui s'apparentait à des triangles et des losanges. Ce qui me troublait le plus, c'était la forme précise qu'elle prenait, comme tracée à la règle. Elles étaient toutes magnifiques, un cadeau fait par la nature il fallait croire.

— Ambrose ! On y va ! appela ma mère pour partir en direction de L'Étendue.

J'enfilai ma veste sombre, nouai mes lacets et dévalai les escaliers en hâte, essayant de ne pas louper malencontreusement une marche. La Purification se faisait en deux temps. Le matin, lorsque nous sortions pour une nouvelle journée, puis le soir, avant le coucher.

Le Parc Impérial se trouvait non loin de notre Division. À vrai dire, sa forme traversait la cité par tous ses bords et s'étendait sur plusieurs dizaines d'hectares. C'était le plus grand et le plus majestueux de la ville, il détenait une diversité faramineuse d'arbres, de fleurs ou encore d'oiseaux. La Faune et la Flore étaient soigneusement étudiées par le secteur génétique et plus généralement scientifique de la capitale. Pour cause, presque la totalité des espèces animales et végétales vivantes avait été recréée artificiellement. Le peu qu'il restait avait été traité, soumis à une batterie de tests pour s'assurer qu'ils n'étaient plus nocifs.

Nous y allions à pied, une entrée se tenant non loin de notre résidence. C'était la même par laquelle les Protecteurs m'avaient ramené sains et saufs chez moi la veille.

- Les Éveillés - I. La PromotionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant