◊ Chapitre 9 ◊

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Mon séjour au Complexe Médical paraissait durer une éternité. J'ingurgitais antibiotique sur antibiotique, passaient de nombreux tests sanguins et radios pour voir si tout allait bien. On m'injectait nombre de différentes « Brumes » pour me revitaliser, ménager l'esprit ou encore renforcer mon système immunitaire. Tout cela rythmait mon quotidien d'une cadence frénétique, ne me laissant pas le temps de me perdre dans mes pensées... Les médecins du centre ne cessaient de me répéter que j'étais un miraculé, que l'on sortait rarement vivant d'une telle chute, je ne le ressentais pas comme ça.

Pour ma part, ma vie allait en déclin. Je commençais à regretter celle qu'on m'avait révélée, ce que j'avais fait et vécu une poignée de jours auparavant. L'ignorance me permettait de survivre comme tout le monde, sans me sentir totalement différent. Entre les interventions de Syrus et le décès, que disais-je, l'assassinat de Becky, j'étais perdu. Je me noyais dans mes songes, me demandant quelle porte prendre pour m'évader de ce labyrinthe infernal. J'avais tellement de soupçons, d'incompréhensions, de colère, de tristesse, un flot d'émotions que je n'arrivais plus à sortir de ma tête.

Toujours, les mêmes questions demeuraient sans réponses, et mes incertitudes par rapport au gouvernement, douteuses. Je ne savais plus quoi faire. Après ce que je venais d'apprendre, était-il possible de continuer de vivre comme avant ? Tout était encore flou, mais je ressentais l'importance des propos qui avaient été portés à mon égard. Il m'était impensable de rester la même personne à présent. Mon monde s'était écroulé d'une façon que personne ne voudrait avoir à endurer. J'étais seul, seul contre un gouvernement, seul à affronter la vérité, seul, et pour devoir de révéler ce qu'ils étaient vraiment. Dans mon état d'esprit actuel, c'était une mission impossible, insensée et périlleuse. Je n'avais aucune ressource, aucune preuve ou aucun allié. J'allais passer pour une personne déviante, atteinte de folie et n'osais imaginer ce qu'il pouvait m'arriver. Se jeter dans le bain de l'inconnu et de l'incertitude m'effrayait... Je voulais garder ma vie, mon quotidien tranquille pour quelque temps encore, je ne demandais que ça.


•••


Le soleil disparut derrière la cime des arbres et donna au ciel sa teinte mauve féerique. Les dernières nurses m'administrèrent mes soins et me conduisirent pour ma Purification que je ne pouvais, bien évidemment, pas refuser.

De nouveaux seuls dans mes appartements, je m'empressai de me lever et d'observer le magnifique spectacle aux mille et une couleurs se dessinant dans l'horizon. Ma chambre offrait une vue sur le Parc Impérial, les grandes surfaces vitrées donnant l'impression de se retrouver à l'extérieur. Lorsque l'on rentrait par le sas transparent, un petit couloir nous invitait à déboucher dans la pièce principale où l'on pouvait voir, droit devant soi,les larges fenêtres octroyant un paysage appréciable. Sur la gauche se trouvait mon lit, là où je passais la majeure partie de mon temps et un peu plus loin se dressait mon salon équipé d'un halo-écran de télévision. De grands rangements étaient incrustés dans les murs, faisant gagner nombre de places à la pièce. C'est à cet endroit que j'avais trié habits et effets personnels.

Soupirant légèrement, je bâillai goulûment et partis me précipiter dans ma salle de bain, les premières étoiles se dessinant dans l'éther. Des jets massants se déposaient sur mon corps, relaxant mes articulations quelque peu engourdies. Une fois à l'aise, je pianotai sur le tableau interactif, stimulant les bons nombres d'options que m'offrait cette hydrothérapie. C'était le moment le plus excitant de ma journée, celui que j'attendais depuis que je fusse levé. J'étais comme un enfant à toucher à tous les boutons, curieux de ce qu'il allait se produire, patientant d'être surpris par un jaillissement mesquin.

- Les Éveillés - I. La PromotionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant